« La guerre civile est le règne du crime. » (Pierre Corneille)

Encyclopédie de l'Occupation, de la collaboration et de l'ordre nouveau en Belgique francophone 1940 - 1945) par Eddy De Bruyne

Préfacée par le professeur Francis Balace de l’Université de Liège et publiée à La-Roche-en-Ardenne par le Cercle d’histoire et d’archéologie  Segnia [1], l’Encyclopédie de l’Occupation, de la collaboration et de l’ordre nouveau en Belgique francophone (1940-1945) de l’historien belge Eddy De Bruyne est tout à la fois un monument d’érudition et une gigantesque mine d’informations relatives à l’une des périodes les plus putrides de l’histoire moderne de nos régions, ainsi qu’un who’s who très complet de ceux et celles qui lui conférèrent son odeur pestilentielle.

Il est vrai que cet ouvrage formidable est le fruit de recherches menées durant des décennies par l’un des meilleurs spécialistes non seulement de l’histoire du rexisme – ses nombreuses et volumineuses publications en font foi –, mais aussi de l’organisation et du fonctionnement de l’appareil d’État instauré dans toute la Belgique durant la Seconde Guerre mondiale par l’occupant nazi, de ses sbires, de ses stipendiés et de ses compagnons de route.

D’Abbeville à Wilhelm Zweibäumer en passant par l’administration allemande des Affaires juives, par celle de Bruxelles (avec le nom des dirigeants de tous les services et l’adresse de ceux-ci), Paul Colin, le Comité Belgo-Russe de l’Exposition Antibolcheviste de Bruxelles, Fernand Daumerie, Pierre Daye, Léon Degrelle, bien entendu, le comte Édouard du Val de Beaulieu, la Deutsch-Vlämische Arbeitsgemeinschaft (mieux connue sous le nom de De Vlag si cher aux flamingants), Alexander von Falkenhausen, la Feldkommandantur, la liste des Fusillés pour faits de collaboration 1940-45 (partie francophone du pays), le socialiste et demaniste Paul Garain, la Garde Rurale, Henri Gillemon, Frans Hellebaut, Paul Herten, la Hilfsgendarmerie, les Gouverneurs en fonction pendant la guerre, Max Hodeige, Pierre Hubermont, Léon Jacobs, le Journal de Charleroi, Suzanne Lagneaux, Victor Matthys, le Pays Réel, Joseph Pévenasse, Radio Bruxelles, Rex, Philipp Schmitt de la Sipo-SD de Charleroi, Christian Simenon (frère de Georges), la SS-Brigade d’Assaut Wallonie, Dante Vannuchi, Fritz Wohlher, on en saute beaucoup, et même des pires, les innombrables entrées de cette encyclopédie du crime, du racisme, de la dictature, de l’intimidation et de la spoliation constituent un extraordinaire kaléidoscope sociologique et politique de la trahison en temps de guerre.

Et elles viennent opportunément mettre en lumière un mécanisme que Joseph Staline, l’alter ego d’Adolf Hitler, avait décrit avec le cynisme qui ne faisait pas son charme : « Cette guerre ne ressemble pas à celles du passé : quiconque occupe un territoire lui impose aussi son système social. Tout le monde impose son propre système aussi loin que son armée peut avancer. Il ne saurait en être autrement ».

Ajoutons que cette bible reprend aussi, notamment, l’organisation administrative de nombreuses communes wallonnes (et bruxelloises) ainsi que de quantité d’organisations, celles de la jeunesse, par exemple.

Vivement la publication du pendant de cet ouvrage consacré à la Flandre, dont nous savons qu’Eddy De Bruyne a rassemblé la matière !

PÉTRONE

Encyclopédie de l’Occupation, de la collaboration et de l’ordre nouveau en Belgique francophone (1940-1945) par Eddy De Bruyne, préface de Francis Balace, La-Roche-en-Ardenne, Édition du Cercle Segnia, juin 2016, 574 pp. en noir et blanc au format 21,7 x 30,4 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 70 €

[1] Siège social : 25, route de La Roche à 6660 Houffalize (asblsegnia@gmail.com)

Date de publication
mercredi 20 juillet 2016
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