La trinité cubaine

Les trois frères Castro.

Ils ne sont pas deux : ils sont trois !

Tout le monde connaît Fidel, beaucoup de monde connaît Raùl, mais presque personne ne connaît Ramon. Les frères Castro n’ont jamais cessé d’être solidaires, ce qui fait dire à Eduardo Manet que son pays est dirigé par des mafieux, mais Ramon, l’aîné, a préféré s’occuper discrètement de la ferme paternelle. Leur père était un riche propriétaire terrien venu de la lointaine Galice et Fidel un enfant terrible qui se prenait pour Alexandre le Grand. Par le biais d’une fiction habile –deux anciens compagnons se retrouvent au moment de la mort du Lider Maximo–, le romancier cubain retrace l’histoire de la révolution depuis le début des années cinquante. Et qu’en ressort-il ? Que Fidel a toujours eu la « baraka » et qu’il n’est somme toute qu’un homme de pouvoir. Pas plus communiste que vous et moi. Ce qui compte à ses yeux, c’est d’imposer sa volonté. Imposer une ceinture verte de caféiers autour de La Havane contre l’avis des spécialistes (échec avéré), imposer une production de dix millions de tonnes de sucre (nouvel échec), bref se comporter comme un vil dictateur qui met les poètes en prison et fait exécuter ses anciens frères d’armes (dont Arnaldo Ochoa, le héros de la guerre d’Angola). Pauvres Cubains affamés ! Depuis plus de cinquante ans, ils supportent cette diva égocentrique qui s’amuse à les bercer de faux espoirs et, comble du raffinement cruel, à leur faire croire qu’il est à l’article de la mort depuis 2003… Pinochet, Chavez, Fujimori, Videla, Castro, Alcazar : même combat ! Au fond, pour réduire les abus, on ne devrait donner le pouvoir qu’à ceux qui n’en veulent pas.

TACITE

Les trois frères Castro par Eduardo Manet, Paris, Éditions Écriture, septembre 2010, 253 pp. en noir et blanc au format 14 x 22,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 18,95€ (prix France).

Date de publication
mercredi 29 septembre 2010
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