Vande Lanotte, défibrillateur sur batterie

Pas mal dans le rôle de « défibrillateur », Vande Lanotte. « Le Gitan » comme on le surnommait à l’époque où il n’était encore que le chef de cab de Louis Tobback (1) a de la poigne, de l’entregent, une certaine éthique et connaît comme sa poche le personnel politique et les rouages budgétaires de (bientôt feu ?) l’État.

Las, un défibrillateur sans jus, c’est comme un parachute saboté, un héritier benêt sans trône ou une manécanterie sans abbé pervers : ça ne sert à rien. Or la NVA, une fois de plus, a retiré dans l’heure la prise du royal conciliateur au prétexte que le vieux jouisseur qui règne à Laeken en rêvant d’ultimes séances de bronzage sur le pont du « Quatuor » (2), serait manipulé par le « front gauchiste » PS-SPA.

C’est à la fois assez comique et très, très intéressant.

Comique parce que, à vue de nez, cela doit faire 36 ans, 7 mois et 14 jours que quelqu’un n’avait osé traiter Di Rupo, le plus réalo des socio-démocrates, de gauchiste. Et encore : à l’époque, cette réputation était déjà largement usurpée.

Très, très intéressant parce que cette nouvelle exécration a créé une toute petite lézarde dans le front flamand accroché jusque-là aux basques du nouveau César nordiste comme le sparadrap au doigt du capitaine Haddock et à cette note empreinte d’écoute, de charité et d’intelligence constructive qu’il avait pondue et diffusée à tous vents la semaine sous sa casquette d’émissaire du Palais. Au CD&V, au VLD, chez Groen, au SPA (évidemment) et dans les syndicats, des voix s’élèvent enfin soit pour contester les chiffres de Babart, soit pour soutenir Vande Lanotte, soit pour suggérer que César, à la fin, commence à pousser le bouchon un peu loin dès qu’il n’est pas à la manœuvre. Le refus du CD&V de passer en force, ce jeudi à la Chambre, comme il y a tout juste trois ans, sur la scission de BHV étant au fond exemplaire de cette esquisse de décramponnage.

Assisterait-on à un « momentum », pour plagier les penseurs de haute venue comme BHL, Yvette Horner, Yves Leterme ou Christian Laporte ? Peut-être. Car enfin, au Nord, il commence à se dire tout haut qu’il y en marre de l’infernal binôme tyran-martyr de Babart. Et on se prend à rêver, aïe, aïe, aïe, que s’est enfin enclenchée cette antédiluvienne mécanique qui veut que, en politique, toute baudruche finit par se crever elle-même la panse pour autant que les élites l’isolent, démontent sans se lasser ses errements ou la laissent mariner dans ses fantasmes. L’électeur, volatil et cruel, achevant le bestiau à la première occasion.

Du calme, du sang froid : l’affaire n’est pas encore pliée, comme aimait à la répéter Els Clottemans à ses amis du club de Zwartberg. Et ce n’est pas demain que la Flandre rebaptisera Néron son César. Mais enfin, on sent comme un début de commencement de frémissement, juste un vent coulis, une minuscule promesse d’espoir. Et cette certitude absolue : Vande Lanotte est décidément un pro madré qui avait pensé à se munir de piles et de batteries anticipant l’imbécile excommunication, la faute de trop, qui sait ?, du leader populiste.

THOR

(1) Le bouledogue qui suggérait en… 1997 de créer un « Brussels DC » étrangement prémonitoire, qui fait aujourd’hui saliver la capitale après l’avoir fait hurler d’indignation.

(2)Le yacht royal coulé… au Parlement l’an dernier par le Prix Nobel de la crétinerie, Jan Jambon, parce qu’il bat pavillon militaire, embarque cinq marins de la Défense et navigue au frais de la Marine. Preuve qu’une andouille ne dit pas toujours des âneries.

Date de publication
mercredi 27 octobre 2010
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