Un exemple à suivre ?

Édité chez Luc Pire à Liège par votre humble serviteur, l’essai historique d’Eddy De Bruyne intitulé Léon Degrelle et la Légion Wallonie, la fin d’une légende, qui détaille par le menu l’histoire des « Wallons » engagés au front de l’Est sous l’uniforme boche entre 1941 et 1945, devrait faire quelque bruit dans le landerneau historico-politique belge.

C’est que, preuves et témoignages [1] largement inédits à l’appui, l’auteur y tord le cou, une bonne fois pour toutes, des bobards entretenus par le « Beau Léon » à propos de son héroïsme « pur et désintéressé » durant la Seconde Guerre mondiale et quant à son patriotisme belge sourcilleux et visionnaire…

On y voit en effet un Léon Degrelle (1906-1994) tel qu’en lui-même : hâbleur, menteur, arriviste, intrigant, opportuniste, traître à ses amis, batteur d’estrade et girouette, servi davantage par la chance que par le courage, jouant la carte de la SS par simple ambition personnelle et n’hésitant pas, le moment venu, à lâcher ses hommes pour sauver sa peau…

De quoi faire râler, et c’est tant mieux, les ignares, les sots et les salauds qui chantent sur Internet, en France et en Espagne notamment, les louanges de ce pseudo-héros pour mieux racoler au profit de partis extrémistes où l’on n’a que les modèles qu’on peut…

Mais aussi de quoi faire bouillir les flamingants qui y découvriront notamment que les hommes d’une compagnie entière de la Sturmbrigade SS flamande Langemarck ont déserté pour rallier la Légion Wallonie où il se sont sentis bien mieux que chez les Flamands… Un comble ! [2]

Et de quoi éclairer les citoyens belges des deux côtés de la frontière linguistique, qui y découvriront que la Légion Wallonie fut commandée par… un extrémiste flamand, John Hagemans, qui fut membre du même parti politique fasciste et collaborationniste [3] que le grand-père du mielleux Bart De Wever [4] et que l’oncle de l’inénarrable Jan Peumans (vous savez bien : l’actuel président du parlement flamand, qui, dès qu’il en a l’occasion, insulte publiquement la mémoire des résistants au nazisme [5]), ces revanchards intéressés [6] qui reprennent aujourd’hui et mot pour mot, au sein de leur puante N-VA, les idées de leurs ascendants méprisables.

Le pompon étant – la Belgique est décidément une terre de surréalisme – que ledit John Hagemans rêvait même de devenir… le leader de la jeunesse wallonne !

Avant qu’un combattant russe modèle et bien inspiré ait eu l’excellente idée de le descendre…

PÉTRONE

Léon Degrelle et la légion Wallonie, la fin d’une légende par Eddy De Bruyne, Liège, Éditions Luc Pire, avril 2011, 268 pp. en noir et blanc (dont 16 pp. de photographies) au format 14 x 21,7 cm sous couverture brochée en quadrichromie, 25 €


[1] Émanant notamment de nombreux légionnaires.

[2] « Les Flamands n’avaient cessé, depuis 1941, de se plaindre de l’ingérence des Allemands, du manque d’autonomie et d’identité culturelle, sans parler des outrages et des affronts qu’ils avaient dû subir tout au long des quatre années de cohabitation. Maint légionnaire flamand en était venu à envier son frère d’armes wallon. Tout ce qui faisait défaut à la Langemarck, un aumônier, un commandement interne dans la langue nationale, des officiers belges, une résistance efficace à l’immixtion des Allemands dans les affaires internes, autant d’éléments qui étaient acquis à la Légion Wallonie depuis août 1941 et laissaient les Flamands rêveurs. Le mécontentement parmi les légionnaires flamands était tel qu’en mars-avril 1945, une compagnie entière, – officiers en tête –, se présenta chez Degrelle afin d’être incorporée dans la Division. »  (p. 220)

[3] C’est-à-dire traître, y compris à la Flandre, appelons un chat un chat.

[4] « Historien » putatif (comme Karl-Theodor zu Guttenberg est docteur ?) mais révisionniste convaincu, Bart De Wever, après avoir qualifié de « gratuites » les excuses du bourgmestre d’Anvers auprès de la communauté juive pour la participation des autorités de la ville à la mise en œuvre du génocide, a déclaré dans « Le Soir » du 2 novembre 2007, être « conscient de la controverse qui divise les historiens sur l’histoire de l’Holocauste, ces dernières décennies », des propos pour lesquels, face au tollé légitime qu’ils ont soulevé, il a promis à la communauté juive de Belgique des excuses publiques qui ne sont jamais venues…

[5] Dans « Le Soir » du 12/02/2010, Jan Peumans, parlant de son oncle Juul Peumans, a déclaré « Jules, un autre frère de mon père, était, lui, instituteur. Un flamingant pur et dur, lui aussi, membre du VNV. Il a été tué sous les yeux de ses élèves, au milieu de la cour de récréation, par des lâches. ». Pour l’édification du lecteur, signalons que Juul Peumans, ce jour-là et les autres, donnait cours… armé ! Avec la bénédiction de l’occupant nazi… Un brave homme, c’est certain… Quelques semaines plus tôt, dans le magazine « Humo », Jan Peumans avait traité les résistants limbourgeois de « crapules de rue » et, un an auparavant, dans le quotidien « Het Laatste Nieuws », il avait utilisé les termes « assassins » et « lâches » pour désigner les authentiques patriotes flamands…

[6] Amnistie = bling-bling pour les ayants-droit, pas vrai ?

Date de publication
samedi 30 avril 2011
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