Titulaire d’une licence en information-communication (1984), d’une maîtrise en droit public (1985), diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (1986) et d’études approfondies en science politique (1987), reçu à l’agrégation d’histoire en 1990, proclamé docteur en histoire contemporaine en (1994, thèse sous la direction de Serge Berstein) à l’Institut d’études politiques de Paris (IEP Paris), habilité à diriger des recherches (2001) et professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne Université depuis 2013, Olivier Dard (°1963) est un spécialiste de l’histoire des droites dont certains écrits ont fait l’objet de polémiques journalistiques. Il a codirigé, aux Editions du Cerf, Le dictionnaire du conservatisme (2017), Le dictionnaire des populismes (2019) et Le dictionnaire du progressisme (2022).
Docteur en histoire contemporaine, Bruno Dumons (°1958) est directeur de recherches au CNRS et membre du Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA-Lyon). C’est une figure majeure de l’historiographie du catholicisme contemporain en France, dont les recherches croisent histoire religieuse, politique et sociale. Il s’intéresse aussi aux rapports entre catholicisme et féminisme, éclairant la place des femmes dans l’Église actuelle. Il a notamment publié aux Editions du Cerf Un catholicisme en rupture. Sacrements et ministères en France depuis 1950 (2024).
Dans la même maison, ils ont dirigé un volumineux ouvrage collectif intitulé L’Ordre Moral 1873-1877 – Royalisme, catholicisme et conservatisme abordant une période de l’histoire de France, essentielle, mais complexe et bien souvent méconnue.
De quoi s’agit-il et qu’en dit l’encyclopédie Larousse ?
« Ordre Moral : nom donné à la politique conservatrice et cléricale définie par le duc de Broglie le 26 mai 1873 après la chute de Thiers et l’élection de Mac Mahon.
Cette politique s’appuyait sur l’Église et avait pour but de préparer les esprits à la restauration monarchique. Mac-Mahon en fut comme l’incarnation. Les fonctionnaires républicains furent destitués, le buste de la République retiré des mairies, les honneurs militaires refusés aux obsèques non religieuses. Après l’échec de la Restauration, afin de prolonger le provisoire, la loi du septennat prorogea les pouvoirs de Mac Mahon (novembre 1873) ; la loi de juillet 1875 sur l’enseignement supérieur permit la création de facultés catholiques. Malgré la victoire républicaine aux élections de février 1876, le ministère de centre gauche Dufaure reprit la politique d’ordre moral, que Mac Mahon accentua après le 16 mai 1877, mais elle ne survécut pas au succès des républicains aux élections d’octobre 1877[1]. »
Apportons quelques éclaircissements :
Adolphe Thiers, né le 15 avril 1797 à Marseille (Bouches-du-Rhône) et mort le 3 septembre 1877 à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise), était un avocat, journaliste, historien et homme d’État français. Élu à l’Académie française en 1833, il fut député, plusieurs fois ministre et deux fois président du Conseil. Partisan d’une monarchie constitutionnelle dans laquelle « le roi règne, mais ne gouverne pas », il se rallia à la République après la révolution de 1848 et devint l’une des figures du parti de l’Ordre. Opposé au coup d’État du 2 décembre 1851 du futur Napoléon III, dont il avait appuyé la candidature à la présidence de la République en 1848, il ne se rallia pas au Second Empire (1852-1870) et connut une longue traversée du désert.
En février 1871, après la chute du Second Empire, il fut « chef du pouvoir exécutif de la République française », c’est-à-dire à la fois chef de l’État et du gouvernement. Il négocia le traité de paix avec la Prusse et réprima dans le sang l’insurrection de la Commune de Paris[2].
En août 1871, il accéda à la présidence de la République française et, en mars 1873, il fut salué par l’Assemblée nationale comme « le libérateur du territoire ». Deux mois plus tard, son ralliement à une « République conservatrice » provoqua sa mise en minorité par les monarchistes, majoritaires à l’Assemblée nationale, et entraîna sa démission de la présidence de la République.
Patrice de Mac Mahon, comte de Mac Mahon, 1er duc de Magenta, né le 13 juin 1808 au château de Sully (Saône-et-Loire) et mort le 1 octobre 1893 à Montcresson (Loiret), était un officier, administrateur colonial et homme d’État français, président de la République du 24 mai 1873 au 30 janvier 1879. Fait maréchal de France par Napoléon III, il fut aussi sénateur et gouverneur de l’Algérie pendant le Second Empire.
Elu président de la République par la majorité parlementaire royaliste de l’époque, après la chute d’Adolphe Thiers le 24 mai 1873, il limogea le président du Conseil Jules Dufaure (1798-1881) et le remplaça par le duc Albert de Broglie (1821-1901), un monarchiste, projetant ainsi une restauration de la monarchie, qui finalement tourna court après le refus du comte de Chambord d’adopter le drapeau tricolore. L’échec de ce projet de restauration conduisit Mac Mahon à faire voter, avec le duc de Broglie, le septennat présidentiel.
Quatrième de couverture de l’ouvrage :
« Séquence charnière des débuts de la IIIe République, l’Ordre Moral a durablement marqué la culture politique de la France.
1873. Au lendemain de son élection à la présidence de la République, le maréchal de Mac Mahon définit sa politique : le « rétablissement de l’Ordre Moral dans notre pays ». Cette formule reste associée à un temps de coalition des droites qui oscille entre restauration monarchique, société chrétienne et conservatisme social. Ce moment politique et religieux, souvent décrié, fut une rupture autant qu’une matrice. Un temps où l’on érige le Sacré-Cœur après l’éruption de la Commune. Un temps où la République en gestation s’impose sur les ruines du Second Empire. Un temps d’indétermination, surtout, où deux mondes s’affrontent et où l’avenir s’écrit. »
Avec des contributions de Bruno Dumons, Olivier Dard, Éric Anceau, Myriam Biscay, Xavier Boniface, Jacques-Olivier Boudon, Philippe Boutry, Matthieu Brejon de Lavergnée, Guillaume Cuchet, Éric Derennes, Alexandre Dupont, Grégoire Franconie, Jérôme Grévy, Arthur Hérisson, François-Xavier Martischang, Sylvain Milbach, Daniel Moulinet, Jean-Paul Pellegrinetti, Christian Sorrel.
PÉTRONE
L’Ordre Moral 1873-1877 – Royalisme, catholicisme et conservatisme par ouvrage collectif sous la direction d’Olivier Dard et Bruno Dumons, Paris, Éditions du Cerf, octobre 2025, 424 pp. en noir et blanc au format 15,5 x 24 cm sous couverture brochée en couleurs, 29 € (prix France)
TABLE DES MATIERES
Introduction par Olivier Dard et Bruno Dumons
Première partie
ENTRE MONARCHIE ET REPUBLIQUE
Figures institutionnelles et familles politiques
1. Cabinets et ministres de l’Ordre Moral par Éric Anceau
2. Un corps en tension – Les préfets de l’Ordre Moral par François-Xavier Martischang
3. Les bonapartistes et l’Ordre Moral par Jean-Paul Pellegrinetti
4. Vive(nt) le(s) roi(s) quand même ! par Alexandre Dupont
Réseaux royalistes et batailles perdues
5. Première dame, second rôle ? par Matthieu Brejon de Lavergnée
6. Un genre de mobilisation politique, le salon orléaniste de la duchesse de Galliera par Grégoire Franconie
7. L’affaire du drapeau blanc par Jérôme Grévy
8. Des illusions à la défaite : la marginalisation de la France royaliste par Éric Derennes
Seconde partie
SAUVEZ ROME ET LA FRANCE AU NOM DU SACRE-CŒUR
Vu de Rome et de l’Eglise de France
9. Le nonce en France, spectateur et acteur de l’Ordre Moral par Arthur Hérisson
10. Evêques et vicaires généraux au temps de l’Ordre Moral par Jacques-Olivier Boudon
11. Ordres religieux et congrégations au temps de l’Ordre Moral par Christian Sorrel
Refaire une France catholique
12. L’ordre moral et la lutte contre les enterrements civils par Guillaume Cuchet
13. Déchiffrer les signes des temps ? par Philippe Boutry
14. Les pèlerinages et l’Ordre Moral par Sylvain Milbach
Un arsenal législatif
15. « Il faut relever la France par l’armée, et l’armée par la religion » par Xavier Boniface
16. Les facultés de droit catholiques par Myriam Biscay
17. Des lois pour refaire une France chrétienne par Daniel Moulinet
Conclusion par Olivier Dard et Bruno Dumons
Notes et références
Index
Liste des auteurs
[1] https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Ordre_moral/136254
[2] La Commune de Paris est la plus importante des communes insurrectionnelles de France en 1870-1871, qui dura 72 jours, du 18 mars 1871 à la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. Cette insurrection, faisant suite aux communes de Lyon et de Marseille, refusa de reconnaître le gouvernement issu de l’Assemblée nationale constituante, qui venait d’être élue au suffrage universel masculin dans les portions non occupées du territoire, et choisit d’ébaucher pour la ville une organisation fondée sur la démocratie directe, qui donnera naissance au communalisme. Ce projet d’organisation politique de la République française visant à unir les différentes communes insurrectionnelles ne sera jamais mis en œuvre du fait de leur écrasement en 1871 par l’armée régulière (les « Versaillais »).