« Ce qui est caché dans la neige apparaît au dégel. » (Proverbe suédois)

Ancien diplomate belge titulaire d’un doctorat en science politique (UCL, 1993), d’une licence en relations internationales et administration publique (UCL, 1983), d’une maîtrise en philosophie (Université de Paris-IV Sorbonne, 1979) et d’une licence en histoire (UCL et Université de Paris-IV Sorbonne, 1979), Raoul Delcorde (°1955) a notamment été en poste à Islamabad, à New York, à Vienne, à Washington et ambassadeur en Suède (2003-2007), en Pologne (2010) et au Canada (2014) avant d’occuper des fonctions de direction au ministère des Affaires étrangères à Bruxelles (2018).

Il est membre associé de l’Académie des Sciences d’Outremer, à Paris (2018) et membre titulaire de l’Académie royale de Belgique, classe des Lettres et des Sciences morales et politiques (2019).

Il est en outre professeur émérite à l’Université catholique de Louvain, professeur invité à l’Université de Montréal, à l’Université Carleton (Ottawa), à l’Université Georgetown (Washington DC) et à l’Université Senghor d’Alexandrie.

Et il a tiré de sa carrière dans la diplomatie une expérience qu’il transmet tant par ses cours universitaires que par ses écrits[1].

Parmi ceux-ci, relevons Suède – La lumière des silences paru à Bruxelles aux Éditions Nevicata spécialisées dans les ouvrages de voyage.

Raoul Delcorde y décrit les mutations actuelles d’un pays jadis considéré comme un modèle de social-démocratie soutenue par une économie dynamique, dans une ambiance de neutralité paisible et d’ouverture à la modernité.

« Les meubles IKEA, le groupe de musique pop ABBA, les voitures Volvo, le soleil de minuit, les prix Nobel, les aurores boréales ou encore le cinéma de Bergman et le visage anguleux de Greta Garbo, voilà ce qui, pour beaucoup d’entre nous, représente la Suède. On peut y ajouter la réputation des Suédois dans le design, l’habillement (H&M) et leur propension à l’égalitarisme », écrit-il.

Sauf que la Suède est aussi secouée par des faits divers sanglants (l’assassinat d’Olof Palme en 1986, des émeutes de populations issues de l’immigration en 2010 et 2013, un attentat au nom de l’État islamique en 2017), par l’échec du multiculturalisme dans un contexte de profonde modification démographique[2], par l’émergence consécutive de zones de non-droit aux mains de gangs violents, si bien que « la Suède est passée du statut de modèle d’inspiration à celui de contre-exemple (…), ses voisins scandinaves craign[a]nt de plus en plus de se retrouver dans ce que l’on appelle au Danemark la “condition suédoise” ».

« Ces problèmes, écrit encore Raoul Delcorde, sont amplifiés par une détérioration de la qualité de l’éducation résultant de l’augmentation des troubles ethniques et de la violence pure et simple dans les écoles. Il en a résulté l’émergence de quartiers où presque tous les habitants sont des immigrés, où les taux de chômage sont très élevés et où les enfants d’immigrés vont dans des écoles où aucun autre enfant, souvent même aucun enseignant, ne maîtrise le suédois. »

S’ajoute à tout cela la menace russe aux frontières, qui a mené la Suède à intégrer l’OTAN le 7 mars 2024 et à renforcer considérablement son armée.

Et pourtant…

L’auteur insiste sur les capacités de résilience, d’adaptation et d’ouverture des Suédois, un peuple heureux de vivre, amateur de chasse et de pêche, aux traditions ancestrales mâtinées d’us et coutumes conviviales, qui vit en communion avec la nature dans un environnement magnifique, lumineux et silencieux, de forêts, de montagnes et de fjords.

Et dont environ 800 000 personnes sont d’origine wallonne !

PÉTRONE

Suède – La lumière des silences par Raoul Delcord, Bruxelles, Éditions Nevicata, collection « L’âme des peuples », novembre 2025, 96 pp. en noir et blanc au format 11,5 x 16 cm sous couverture brochée en couleurs, 11 €

TABLE DES MATIÈRES

Carte

Avant-propos

Pourquoi la Suède ?

La lumière des silences

• De Stockholm à Göteborg

• La neige, si lumineuse

• La nature qui inspire

• Allumettes suédoises

• Bernadotte et la social-démocratie

• Un modèle, vraiment ?

• Stockholm, entre terre et eau

• Les prix Nobel, cette élite

• Deuxième génération

• Le multiculturalisme en échec

• Tout ne va pas bien

• Une autre Suède

• La Baltique, un horizon

• Fêter le printemps, célébrer l’été

• Garbo, Bergman, ABBA

• L’alcool, attention danger

• La chasse à l’élan

• Le Grand Nord, une nature plus rude

• Une puissance militaire ?

• Une armée à nouveau bien équipée

Stämning, la joie de vivre

• Le moment wallon, une immigration heureuse

• Dieu est-il nordique ?

Entretiens :

Christian Konickx

« Sur le plan international, il y a une voix spécifique de la Suède »

Kai Hammerich

« Par son histoire et son tempérament, notre pays est un réservoir de bonnes pratiques économiques »

Lena Andersson

« Il existe en Suède une angoisse de la division »

Chronologie en dix dates

Bibliographie


[1] La sécurité et la stratégie dans le Golfe arabo-persique (1983), Le jeu des grandes puissances dans l’océan Indien (1993), Les diplomates belges (2010), Les mots de la diplomatie (2015), Le métier de diplomate (2018), La carrière diplomatique en Belgique (ouvrage collectif, 2019), Manuel de la négociation diplomatique internationale (2023)

[2] À la suite des guerres Iran-Irak et dans les Balkans dans la décennie 1990 et de la guerre actuelle en Syrie.

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Date de publication
samedi 8 novembre 2025
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