Un ouvrage « révélateur »

Le printemps des sayanim.

Intitulé Le printemps des sayanim, le récit que le professeur (de droit) Jacob Cohen publie ces-jours-ci à Paris aux Éditions de L’Harmattan stupéfie autant par son objectif que par son étayement : quoique mêlant réalité et fiction, il se propose de mettre à nu un système qu’il affirme bien réel, celui des sayanim –informateurs en hébreu– constitué de Juifs de la diaspora qui, par « patriotisme » assure l’auteur qui les désapprouve, acceptent de collaborer ponctuellement avec le Mossad (les services secrets israéliens) ou avec d’autres institutions sionistes, leur apportant l’aide nécessaire dans le domaine de leurs compétences afin de mener une guerre psychologique pour défendre la « sacralité » d’Israël. En France, leur nombre se situerait autour des trois mille, principalement au sein du Bnaï Brit (une association internationale) ainsi que de quelques autres organisations nationales.

Juif lui-même, l’auteur ne cache pas son jeu, puisqu’il dédie son ouvrage « à tous ceux qui se battent pour la Justice en Palestine », et il est donc hors de doute que son texte a fait grincer bien des dents au sein de la communauté.

Car une chose est certaine, le soutien à l’État d’Israël n’est plus ce qu’il était, même dans la diaspora. Certes, le discours –et les actes– des terroristes du Hamas qui veulent rayer l’État Juif de la carte continuent à souder tout le monde ou presque contre eux, comme du temps de l’OLP avant son aggiornamento, mais on est cependant loin de l’enthousiasme qui, en 1968 par exemple, souleva même les goyim à l’occasion des vingt ans de la fondation d’Israël… C’est que bien des événements se sont produits –et continuent, hélas, de se produire– qui ont entraîné la désaffection, quand ce n’est pas la condamnation ou le mépris, d’un grand nombre de ceux-là mêmes qui étaient convaincus de la justesse de la cause sioniste initiale.

Faut-il pour autant voir le mal partout ? Et soutenir un peuple, son peuple en danger, est-il constitutif d’un crime ? S’agit-il d’un comportement illégitime ? Certes non !

Rappelons toutefois que c’est bien entendu valable aussi pour les tenants, en Europe ou ailleurs, d’une Palestine libre, démocratique et indépendante…

PÉTRONE

Le printemps des sayanim par Jacob Cohen, Paris, L’Harmattan, juillet 2010, 172 pp. en noir et banc au format 13,5 x 21,5 cm sous couverture brochée en quadrichromie, 16,50 €.

Date de publication
mercredi 29 septembre 2010
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