Déesse du stade…

Riefenstahl Qui suis-je

Sculpteur et photographe, écrivain et formateur dans les arts du dessin, fervent pratiquant de danse, d’arts martiaux et de sports de montagne, Gérard Leroy a, de son propre aveu, subi l’influence artistique de Leni Riefenstahl (1902-2003) et d’Arno Breker (1900-1991) [1], deux artistes aujourd’hui traités en pestiférés pour avoir été associés aux menées et à la propagande du nazisme.

Il a fait paraître chez Pardès à Grez-sur-Loing un essai fort intéressant et très documenté intitulé Riefenstahl – Qui suis-je ? dont nous ne saurions trop conseiller la lecture en cette période de Jeux olympiques.

Écoutons-le :

« Leni Riefenstahl demeure la cinéaste la plus controversée de l’histoire du cinéma parce qu’elle côtoya en amie Adolf Hitler et que ses monuments filmiques furent bâtis au temps du IIIe Reich.

Née au sein d’une famille bourgeoise, jeune fille sportive, elle devient une danseuse expressionniste célèbre avant de devoir renoncer à une brillante carrière à la suite d’un accident au genou. En 1926, Arnold Fanck lui confie son premier rôle d’actrice (dans La Montagne sacrée), faisant rapidement d’elle une égérie du cinéma muet [2].

En 1932, elle réalise son premier film : La Lumière bleue, appel à la tolérance et au respect d’autrui (Lion d’argent à la Mostra de Venise). Sous le régime national-socialiste, elle connaît une immense renommée en tournant l’un des plus grands films de propagande, Le Triomphe de la volonté (1935) [3], sur le congrès du Parti à Nuremberg en 1934 – il sera récompensé par la médaille d’or du cinéma, à Paris, en 1937 –, ainsi que Les Dieux du stade (Olympia, 1938) [4], sur les Olympiades de Berlin, certainement le plus grand film sportif jamais réalisé [5].

Après la guerre, poursuivant toujours sa quête du Beau, elle devient la photographe émerveillée du peuple africain des Nouba et la cinéaste des fonds sous-marins (elle passe son brevet de plongée sous-marine en 1973, à 71 ans). Femme pionnière, elle a suscité admiration, haine et jalousie. Son dernier film, Impressions sous-marines, date de 2002, quelques mois avant son décès à 101 ans. »

Ajoutons que l’ouvrage de Gérard Leroy contient de nombreuses illustrations inédites (dont quelques dessins de l’auteur) tout en fournissant une bibliographie et une filmographie très complètes

PÉTRONE

Riefenstahl Qui suis-je ? par Gérard Leroy, Grez-sur-Loing, Éditions Pardès, collection « Qui suis-je ? », novembre 2015, 127 pp. en noir et blanc au format 14 x 21 cm sous couverture brochée en couleurs, 12 € (prix France)

[1] Auquel il a consacré un essai biographique chez le même éditeur, dans la même collection.

[2] C’est le début d’une carrière relativement prolifique d’actrice de films de montagne. Elle acquiert une grande popularité auprès du public en jouant les personnages principaux de films comme Le Grand Saut, L’Enfer blanc du Piz Palü, Tempête sur le mont Blanc et L’Ivresse blanche, pour lesquels elle doit apprendre l’alpinisme et le ski. (Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Leni_Riefenstahl)

[3] Après La Victoire de la Foi (Sieg des Glaubens, 1933). Pour Le Triomphe de la volonté, elle mobilise 16 équipes de tournage (plus de 100 personnes) et récolte plus de 60 heures de documents.

[4] Pour le réaliser, elle met en œuvre une pratique jusqu’alors inédite, puisqu’elle filme les différentes épreuves. L’équipe du film comprend plus de 300 personnes, dont 40 cameramen. Ces derniers travaillent plusieurs mois avant les débuts des compétitions afin de mettre au point des techniques inédites, comme l’utilisation de la caméra catapulte pour les épreuves de saut et de caméras sous-marines pour celles de natation, ou la mise en place de rails de travelling le long des pistes d’athlétisme. Le budget du film est de 1,8 million de Reichsmarks, entièrement couvert par le régime nazi. Le travail de montage, qui durera 18 mois, donnera naissance à deux parties distinctes du film Olympia : Fête des peuples (Fest der Völker) et Fête de la beauté (Fest der Schönheit). Les images sportives y exaltent la virilité et la force martiale, notamment à travers l’esthétique du corps masculin athlétique et par le recours à différentes techniques de cadrage innovantes. La première projection du film (les deux parties durant en tout près de quatre heures) aura lieu le 20 avril 1938, en hommage à l’anniversaire du Führer.

[5] Le film a reçu le Deutschen Filmpreis 1937-38, le prix suédois Polar-Preis 1938, une médaille d’Or olympique du Comité international olympique en 1938 et un diplôme olympique en 1948 au Festival de Lausanne. Après la Seconde Guerre mondiale, Olympia est avant tout considéré comme une œuvre de propagande du IIIe Reich. Plus tard, dans les trois dernières décennies du XXe siècle, les qualités techniques et esthétiques du film trouvent davantage d’écho, marquant la réhabilitation de Leni Riefenstahl en tant que cinéaste. La revue Les Cahiers du cinéma lui accorde une interview dès septembre 1965. Plusieurs auteurs soutiennent cette évolution, notamment Jonas Mekas, qui écrit en 1974 : « Et voici ma dernière déclaration à propos des films de Riefenstahl : si vous êtes un idéaliste, vous y verrez de l’idéalisme ; si vous êtes un classique, vous verrez dans ses films une ode au classicisme ; si vous êtes un nazi, vous y verrez du nazisme ». Les droits du film ont été rachetés en 2003 par le Comité international olympique et en 2005 Time.com a classé Olympia parmi les 100 meilleurs films de tous les temps. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Dieux_du_stade_(film)

Date de publication
mercredi 17 août 2016
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