Kriegsspiel…

Djihad 1914-1918 – La France face au panislamisme

Docteur en histoire [1] et grand spécialiste de la Première Guerre mondiale, Jean-Yves Le Naour (°1972) lui a consacré de nombreux ouvrages, qui font aujourd’hui autorité, dont Les Soldats de la honte (Grand Prix du livre d’histoire Ouest-France-Société générale, 2011) et une série en 5 volumes (1914. La grande illusion, 1915. L’enlisement, 1916. L’enfer, 1917. La paix impossible et 1918. L’étrange victoire) publié chez Perrin à Paris entre 2011 et 2016.

Chez le même éditeur, il a fait paraître Djihad 1914-1918 – La France face au panislamisme, un essai particulièrement documenté sur un pan largement méconnu de l’histoire de la Grande Guerre.

En voici le pitch :

« Entre 1914 et 1918, l’Allemagne de Guillaume II cherche par bien des moyens à allumer dans les Empires français et anglais une rébellion massive des musulmans. Pour ce faire, quoi de mieux que de pousser le sultan de Constantinople à proclamer la guerre sainte contre les chrétiens ? Tout est pensé, mûri, réfléchi par les stratèges allemands : le panislamisme et le djihad assureront la victoire du Reich.

Ce projet, pris très au sérieux dans les ministères de Berlin, Londres et Paris, fut un échec, au sein d’un Empire ottoman en décomposition comme au Maghreb : Marocains, Tunisiens et Algériens servirent massivement dans l’armée française, et tous payèrent leur fidélité au prix du sang. Si les peuples musulmans exigèrent, durant et après la guerre, des droits nouveaux, ce fut le panarabisme, non le panislamisme, qui servit d’étendard commun. »

Ce brillant ouvrage qui restitue les plans allemands et qui ressuscite les questions ayant alors traversé le monde musulman sous domination européenne fournit aussi par la bande un éclairage nouveau sur l’histoire des rapports entre l’Occident et le Moyen-Orient à l’époque de la Déclaration Balfour (2 novembre 1917). [2]

PÉTRONE

Djihad 1914-1918 – La France face au panislamisme par Jean-Yves Le Naour, Paris, Éditions Perrin, novembre 2017, 301 pp. en noir et blanc au format 14 x 21 cm sous couverture brochée en couleurs, 20 € (prix France)

 

[1] Sa thèse, intitulée Régénération ou dépravation ? Moralisation, angoisse sexuelle et anomie dans la France de la Première Guerre mondiale, a été défendue à l’Université de Picardie (Amiens) en 2000.

[2] La déclaration Balfour de 1917 est une lettre ouverte datée du 2 novembre 1917 et signée par Arthur Balfour, le Foreign Secretary britannique. Elle est adressée à Lord Lionel Walter Rothschild (1868-1937), éminence de la communauté juive britannique et financier du mouvement sioniste, aux fins de retransmission. Par cette lettre, le Royaume-Uni se déclare en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national juif. Cette déclaration est considérée comme une des premières étapes dans la création de l’État d’Israël. En effet, la promesse qu’elle contient sera mise en œuvre durant la conférence de Paris (1919), préalable au traité de Sèvres (1920), confirmé par la conférence de San Remo (1920). À propos des motivations de cette déclaration, Jacob Yeredor, a écrit qu’une Palestine en partie juive permettrait d’assurer une présence d’origine européenne au Moyen-Orient, région arabe et principalement musulmane (in « La Palestine et la politique des grandes puissances », Politique étrangère, n°3, 1948, pp. 235-244, consultable sur http://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1948_num_13_3_2854 ).

Date de publication
mercredi 17 janvier 2018
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