Guerres et Lettres…

Histoire, Forme et Sens en Littérature – La Belgique francophone – Tome 2 – L'Ébranlement (1914-1944)

Véritable Pic de la Mirandole des littératures belge et congolaise de langue française, l’universitaire [1], poète, écrivain, essayiste et critique Marc Quaghebeur (°1947) dirige les Archives & Musée de la Littérature à Bruxelles tout en présidant l’Association européenne des Études francophones.

Poursuivant les recherches qu’il avait entreprises dans Histoire, Forme et Sens en Littérature. La Belgique francophone. Tome 1 : L’engendrement (1815/1914) publié en 2015 chez PIE Peter Lang et aux Archives & Musée de la Littérature à Bruxelles, il vient de faire paraître, chez les mêmes éditeurs, Histoire, Forme et Sens en Littérature. La Belgique francophone. Tome 2 : L’Ébranlement (1914-1944), un brillantissime essai remarquablement documenté sur les transformations opérées chez les grands auteurs de l’époque léopoldienne par le viol de la neutralité belge et l’invasion allemande d’août 1914 ainsi que par la résistance imprévue de l’armée belge et les violences de la soldatesque du Reich, puis, à l’issue du conflit mondial, par l’adoption du suffrage universel.

Ensuite, il s’attache, à travers le prisme de la nouvelle génération d’écrivains, à l’affirmation du fantastique réel chez Franz Hellens (1881-1972), Marcel Thiry (1897-1977) ou Robert Poulet (1893-1989), ainsi qu’aux novations langagières et formelles des Henri Michaux (1899-1984), Paul Nougé (1895-1967), Charles Plisnier (1896-1952) et autres Fernand Crommelynck (1886-1970) ainsi qu’aux rapports pour le moins complexes entretenus par les écrivains belges avec la langue française et la France, à travers le prisme du « Manifeste du Groupe du Lundi » [2] publié à Bruxelles le 1er mars 1937 à l’initiative de Robert Poulet et, dans une moindre mesure selon nous [3], de Franz Hellens. Il rend également compte de la mise en place d’une historiographie littéraire bien plus complexe que les simplifications de ce « Manifeste ».

La seconde invasion allemande, la défaite de mai 1940 et l’Occupation qui s’ensuivit entraînèrent la reviviscence du mythique chez Maurice Maeterlinck (1862-1949), Michel de Ghelderode (1898-1962), Hergé (1907-1983) ou Pierre Nothomb (1887-1966) [4], qui surgit alors comme une réponse très belge à la faillite du réel, ce que les contrepoints de Victor Serge (1890-1947) à l’égard des deux conflits mondiaux ont confirmé à leur manière [5].

Une formidable synthèse !

PÉTRONE

Histoire, Forme et Sens en Littérature. La Belgique francophone. Tome 2 : L’Ébranlement (1914-1944) par Marc Quaghebeur, Bruxelles, coédition PIE Peter Lang et Archives & Musée de la Littérature, collection « Documents pour l’Histoire des Francophonies/Théorie », janvier 2018, 414 pp. en noir et blanc au format 15 x 22 cm sous couverture brochée en couleurs, 44 €

[1] Sa thèse de doctorat en Philosophie et Lettres, intitulée L’œuvre nommée Arthur Rimbaud, défendue à l’Université catholique de Louvain en 1975, avait fait grande sensation.

[2] Signé par Charles Bernard, Hermann Closson, Hubert Dubois, Paul Fierens, Marie Gevers, Michel de Ghelderode, Éric de Haulleville, Franz Hellens, Pierre Hubermont, Arnold de Kerchove, Grégoire le Roy, Georges Marlow, Charles Plisnier, Robert Poulet, Camille Poupeye, Gaston Pulings, Marcel Thiry, Henri Vandeputte, Horace van Offel, René Verboom et Robert Vivier.

[3] Cf. Bernard Delcord, « À propos de quelques “chapelles” politico-littéraires en Belgique (1919-1945) », Bruxelles, Cahiers du Centre de Recherches et d’Études historiques de la Seconde Guette mondiale, n° 10, novembre 1986, pp 153-205.

[4] Et, d’une certaine façon, Paul Willems (1912-1997) dans Tout est réel ici (1941) et L’herbe qui tremble (1942).

[5] Sources : dossier de presse.

Date de publication
samedi 20 janvier 2018
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