Les racines d’Hergé et de Jacques Brel

Les Éditions Soliflor à Bruxelles ont eu l’excellente idée de rééditer Le petit brusseleir illustré de Curtio alias George Garnir (1868-1939), un solide militant wallon qui fut élu le 13 mars 1926 à l’Académie royale de langue et de littérature françaises en raison de ses talents de journaliste, de poète, de conteur, de romancier et de dramaturge. Bruxellois d’adoption, il fonda en 1910 le célèbre hebdomadaire Pourquoi Pas ? avec Léon Souguenet et Louis Dumont-Wilden et il composa Le Semeur, un chant estudiantin demeuré fameux jusqu’à nos jours auprès des potaches de l’Université libre de Bruxelles. Il est aussi à l’origine du choix de la date des fêtes de Wallonie.

Dans le recueil artistement illustré qui vient de reparaître 110 ans après sa publication initiale, aujourd’hui préfacé par le bourgmestre de Bruxelles Freddy Thielemans et glosé par l’excellent docteur ès-bruxellismes Georges Lebouc, les personnages typiques et les caractères sociaux de la vie quotidienne haute en couleurs des quartiers populaires de notre capitale métissée tiennent leur rang : les ketjes façon Quick et Flupke, l’architek que l’on déteste, le babeleer qui fatigue son monde, le bedeleer qui vous tient la jambe, le broubeleer qui n’en sort pas, le zievereer qui vous fatigue, la krotje qui vous fait fondre, le frucheleer méticuleux, le tatchelul qui tergiverse, le pennelekker qui fonctionne, le pachacroute qui dysfonctionne, le façadeklacher qui fait des taches, le stoeffer qui se la pète, le zwanzeur qui fait rigoler, le zat qui titube, le zonneklopper qui se la coule douce, le Vanderveken pudibond, le snobneus qui se croit à Paris, le krotter qui ne se prend pas pour de la crotte, la vischwijf au langage fleuri, le mie klapette qui cause bien en mal, l’ondoyant et perfide labbekak, le spring no’-t-vet à faire peur, le wageleer en surpoids, le poeffer qui siffle à l’œil, la pisswijf qui le tient à l’œil, le créoltje qui surveille ses arrières, le leubbe si gentil, le krabber aux doigts crochus, le pèke vénérable mais pas très vénéré…

Un petit monde d’antan, de toujours, de Bruxelles et, finalement, de partout…

Terminons sur un conseil d’ami : si d’aventure vous n’avez rien compris ou pas grand-chose à cet article, précipitez-vous chez votre libraire pour éclairer votre lanterne, une bonne occasion de rigoler, ça ne se rate pas !

PÉTRONE

Le petit brusseleir illustré par Curtio, préface de Freddy Thielemans, lexique de Georges Lebouc, illustrations de Gustave Flasschoen & Amédée Lynen, Bruxelles, Éditions Soliflor, novembre 2010, 168 pp. en quadrichromie au format 15 x 15 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 15 €

Date de publication
mercredi 1 décembre 2010
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