You’ll be a Man, my son! (Rudyard Kipling)

« If… » avait changé le cours de ma vie. Car une poignée de vers peut engager une existence. »

 Cette existence est celle de Louis Lambert, professeur de lettres, passionné de Mallarmé, de Kipling et surtout du célèbre poème « If… » de ce dernier, poème dont il veut réaliser l’exacte traduction française.

Appelé à côtoyer l’auteur de Kim, Capitaines courageux, Le Livre de la Jungle…, prix Nobel de littérature en 1907, et son fils John, disparu en 1915 lors de la bataille de Loos, le narrateur nous offre une incursion originale et partant captivante dans la vie de Rudyard Kipling (1865-1936), son travail d’écriture, « génie créateur », l’intimité de sa propriété de Bateman’s (East Sussex).

Il nous dévoile aussi les drames qui ont endeuillé sa vie : le décès par pneumonie de Joséphine, sa fillette de six ans, la disparition de John, 18 ans, et d’un corps sur lequel il ne peut se recueillir. Drames qui ont influencé l’évolution de son écriture.

« Il était écrit que la mort de son fils le tuerait »

Une approche apéritive, qui suscite l’envie de relire Kipling, décédé voici tout juste 84 ans, le 18 janvier 1936.

APOLLINIA E

Tu seras un homme, mon fils par Pierre Assouline de l’Académie Goncourt, Éditions Gallimard, collection « Blanche », janvier 2020, 295 pp. en noir et blanc au format 14 x 20,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 20 € (prix France)

BILLET DE FAVEUR

AE : Rudyard Kipling était un prolixe épistolier ; il a cependant brûlé une partie de ses lettres. Que subsiste-t-il aujourd’hui de sa correspondance ?

Pierre Assouline : Une majeure partie. Il faut dire qu’il avait beau brûler brouillons, lettres et manuscrits, il écrivait tellement tous les jours, et l’épistolier en lui était si abondant et digressif, que sa correspondance générale éditée couvre 6 gros volumes. C’est un outil indispensable.

AE : Le titre de ce roman revêt une double signification. Il renvoie, bien sûr, au poème « If », mais également au « suicide accidentel » de son fils John, envoyé sur le front, malgré une vue déficiente…

Pierre Assouline : Ce titre s’est imposé à moi par son évidence. Il signifie tellement pour tellement de gens. Il a les deux sens que vous lui prêtez plus, j’espère, celui que le lecteur lui prêtera personnellement après la lecture de ce roman. Car connaître les dessous du poème, et surtout des rapports entre le père et le fils, la culpabilité du premier dans la responsabilité de la mort du second, ajoute à l’émotion suscitée par ce poème et par la vibration qu’il provoque encore par-delà-les générations.

Date de publication
lundi 20 janvier 2020
Entrez un mot clef :