Sentiments confus…

Issu d’une une famille juive originaire de la Moravie, Stefan Zweig est né à Vienne le 28 novembre 1881. Bachelier en 1900 alors que paraît sa nouvelle Rêves oubliés, C’est encore adolescent qu’il avait traduit et publié ses premiers textes. Docteur en philosophie en 1904, ami de Sigmund Freud, Arthur Schnitzler, Romain Rolland, Richard Strauss, et Émile Verhaeren, il parcourt plusieurs pays pendant ses années de jeunesse (il effectue de longs séjours à Berlin, Paris, Bruxelles et Londres, et en 1910, se rend en Inde, puis aux États-Unis et au Canada en 1911), tout en faisant éditer de nombreux écrits en vers et en prose dont L’amour d’Erika Ewald (1904), Les couronnes précoces (1907) ou encore Thersite (1907).

Observateur inquiet de la montée des nationalismes, il est affecté aux archives de Vienne au début de la Grande Guerre avant d’être envoyé sur le front de Galicie ; il compose en 1915 la pièce pacifiste Jérémie. L’armistice signé, il s’installe à Salzbourg avec sa première femme et fait paraître – au cours d’une décennie 1920 particulièrement féconde – parmi ses nouvelles les plus lues, Lettre d’une inconnue et Amok en 1922, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme en 1925, Confusion des sentiments en 1927.

L’écrivain, également traducteur (de Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, Émile Verhaeren, John Keats…), compose aussi des essais (sur Nietzsche, Dostoïevski ou encore Freud) et des biographies (dont celles de Marceline Desbordes-Valmore en 1920, de Joseph Fouché en 1929, de Marie-Antoinette en 1932, d’Érasme en 1934, de Marie Stuart en 1935, de Magellan en 1938, de Montaigne, Balzac et Verlaine – ces trois dernières étant posthumes).

Après l’arrivée de Hitler au pouvoir en Allemagne, il gagne Londres, puis part pour les États-Unis. Alors qu’il achève son roman Impatience du cœur, il est déchu en 1938 de sa nationalité dans une Autriche annexée par les nazis et ne peut rejoindre Salzbourg.

Après un séjour à Londres (où paraît La Pitié dangereuse en 1938) et à New York, il s’exile au Brésil où il continue à écrire, composant notamment pendant ses dernières années Nouvelle du jeu d’échecs (texte rédigé de novembre 1941 à février 1942, publié en 1943) ainsi qu’une autobiographie, Le monde d’hier (rédigée en 1942 et publiée en 1944), dans laquelle il relate ses « souvenirs d’un Européen ». Le 23 février 1942, anéanti par les événements, hanté par la crainte d’une victoire du nazisme, Stefan Zweig se donne la mort avec sa seconde femme, à Petrópolis.

Dans la collection « Folio 2 € », les éditions Gallimard publient Les deux sœurs [1] et Une histoire au crépuscule [2], deux nouvelles au récit enchâssé, la première traitant de la rivalité entre deux sœurs jumelles, l’une se faisant chaste et religieuse et l’autre courtisane, et la seconde des premiers émois d’un adolescent de 15 ans passant, à la suite d’une étreinte dans un parc, du monde des enfants à celui des adultes.

De la dentelle littéraire…

PÉTRONE

Les deux sœurs précédé d’Une histoire au crépuscule par Stefan Zweig, nouvelles traduites de l’allemand par Nicole Taubes et Claudine Layre, Paris, Éditions Gallimard, collection « Folio 2 € », septembre 2019, 119 pp. en noir et blanc au format 11 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 2 €


[1] [1] Parue en 1936 dans le recueil Kaleidoscop.

[2] Parue en 1911 dans le recueil Première épreuve de vie. Quatre histoires du pays des enfants (Erstes Erlebnis. Vier Geschichten aus Kinderland).

Date de publication
vendredi 15 mai 2020
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