« La science consiste à passer d’un étonnement à un autre. » (Aristote)

Puisant leur inspiration dans la liste des ig-Nobel – jeu de mots désignant une sorte d’anti-Nobel – établie depuis un quart de siècle par les Annales de l’improbable recherche qui décernent une dizaine de prix chaque année pour récompenser des impostures, des travaux délirants, des trouvailles aberrantes, des petites contributions honnêtes et même parfois des avancées scientifiques majeures, Aleksandra Kroh et Madeleine Veyssié, les auteures du Best of des découvertes scientifiques les plus loufoques paru chez Flammarion se penchent sur dix cas de figure.

Certains sont insanes, comme celui des Américains John Mack et David Jacobs qui croient dur comme fer qu’ils ont été kidnappés par des extraterrestres soucieux de fabriquer des enfants ou bien comme celui de leur compatriote Dolorès Krieger, une charlatane inventrice du toucher thérapeutique manipulant des champs énergétiques imaginaires pour soulager la douleur sans contact physique, ou encore comme celui de l’Indien Depak Chopra prétendant guérir les gens en restaurant leur harmonie intérieure par le recours à l’Ayurveda et à la physique quantique.

D’autres sont tout bonnement rigolos, comme, en France, celui de Jacques Benvenite assurant que l’eau est un liquide intelligent, capable de se souvenir des événements dont toute trace a disparu ou comme celui de Basile Audoly et Sébastien Neukirch qui ont expliqué pourquoi les spaghettis secs, lorsqu’on les courbe, se cassent en plus de deux morceaux.

D’autres encore sont surprenants, comme celui du Russe André Geim qui fit léviter une grenouille dans un aimant, ce qui l’amena par la suite à découvrir le graphème et à se voir décerner le prix Nobel de physique en 2010 ou comme celui de l’économiste américain Dan Ariely qui a prouvé que plus un placebo coûte cher, plus il est efficace ou encore comme celui des physiciens théoriciens italiens Alessandro Pluchino, Andrea Rapisarda et Cesare Garofalo qui ont démontré mathématiquement que les institutions et les entreprises deviendraient plus performantes si les promotions étaient faites au hasard ou encore comme celui d.

D’autres enfin ouvrent sur des perspectives inattendues comme l’ont montré les économistes américains Joel Slemrod et Wojciech Kopczuch, à savoir que les gens sont capables de retarder leur décès si cela permet de réduire les droits de succession, et la neurologue italienne Marina De Tommaso qui a mesuré au moyen d’un rayon laser la douleur ressentie par des personnes regardant une vilaine peinture, en comparaison avec celles admirant une belle toile, ce qui déboucha par la suite au recours à certaines couleurs plutôt qu’à d’autres sur les murs des établissements de soin.

« Étonnant, non ? », comme disait Pierre Desproges…

PÉTRONE

Le Best of des découvertes scientifiques les plus loufoques par Aleksandra Kroh et Madeleine Veyssié, Paris, Éditions Flammarion, collection « Librio », septembre 2022, 107 pp. en noir et blanc au format 13 x 20,3 cm sous couverture brochée en couleurs, 5 € (prix France)

Date de publication
vendredi 30 décembre 2022
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