Une figure majeure de la Renaissance…

Yann Kerlau, déjà auteur aux Éditions Albin Michel à Paris de L’Insoumise (2017), un roman historique mettant en scène la reine Jeanne de Castille, et d’une biographie consacrée à une figure phare de l’univers de la mode, Pierre Bergé sous toutes les coutures (2018), revient dans la même maison avec un formidable essai scientifico-biographique intitulé Leon Battista Alberti – Le magicien de la Renaissance dans lequel il se penche sur la vie et l’œuvre d’un personnage hors norme comparable à Michel-Ange et à Léonard de Vinci.

Leon Battista Alberti, né en 1404 à Gênes et mort en 1472 à Rome, fut l’un des grands humanistes polymathes du Quattrocento[1].

Il était à la fois écrivain et philosophe – en latin comme en langue vulgaire –, peintre, mathématicien, architecte, ingénieur, physicien, ainsi que premier théoricien de la perspective et plus généralement penseur des arts, de la cryptographie et de la linguistique.

En géométrie, il a donné une méthode de construction de la décroissance de la profondeur apparente des carreaux lorsque l’on s’éloigne de la ligne de terre en perspective, révolutionnant ainsi la représentation picturale et, plus tard, la balistique, la géographie et l’astronomie.

Dans le De Statua, traité de la sculpture (vers 1450), Alberti posa les bases de la représentation « scientifique » du corps humain, un des thèmes sous-jacents à toute la culture figurative européenne de la Renaissance.

On lui doit à Florence le palais Rucellai (1455), le petit Temple du Saint Sépulcre (1467) dans l’église San Pancrazio, la tribune de l’église de la SS. Annunziata (1467) et il compléta la façade de la basilique Santa Maria Novella (1470) ; à Rimini, il construisit le temple Malatesta (1447-1468), véritable manifeste du classicisme de la Renaissance ; à Mantoue, il conçut dès février 1460 des projets pour l’église San Sebastiano, pour la réfection de la rotonde San Lorenzo et, ultérieurement pour l’église Sant’Andrea (1471 et années suivantes).

Alberti imagina le premier anémomètre en 1450. Il utilisa une plaque mobile tournant autour d’un axe horizontal pour estimer la force du vent, l’angle formé entre la palette et la verticale (position repos) permettant d’évaluer cette force.

Il rédigea un essai dans lequel il analysait la fréquence des lettres dans les textes en latin et en italien, démontrant ainsi son impact dans le déchiffrement. Il inventa le cadran chiffrant, réunion de deux disques marqués de chiffres et des lettres de l’alphabet, dont le plus grand est fixe et le petit mobile. En modifiant leur alignement, on produit de nouvelles équivalences, ce qui inaugure la méthode de la substitution polyalphabétique. Puis il améliora sa découverte pour proposer le surchiffrement codique, une révolution qui ne sera comprise qu’au XIXsiècle.

Il rédigea une grammaire de la langue toscane, le traité Villa sur l’architecture des villas à la campagne et il proposa de nouvelles méthodes de fortification des villes qui devinrent classiques, à l’époque de l’artillerie et des sièges, pendant plusieurs dizaines d’années.

Il s’est employé aussi restaurer le langage formel de l’architecture classique dans son traité L’Art d’édifier composé entre 1443 environ et 1472.

En musique, il était réputé pour être l’un des meilleurs organistes de l’époque.

Bref, un génie…

PÉTRONE

Leon Battista Alberti – Le magicien de la Renaissance par Yann Kerlau, Paris, Éditions Albin Michel, janvier 2023, 248 pp. en noir et blanc + 16 pp. en quadrichromie au format 14,5 x 22,7 cm sous couverture brochée en couleurs, 22,90 € (prix France)


[1] Le Quattrocento est le XVe siècle italien, succédant au Moyen Âge. C’est le siècle de la Première Renaissance, mouvement qui amorce le début de la Renaissance en Europe.

Date de publication
lundi 9 janvier 2023
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