Après le succès retentissant de son essai magistral intitulé Les Téméraires – Quand la Bourgogne défiait l’Europe paru chez Flammarion en 2020 et consacré à la saga des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, Bart Van Loo (°1973), un brillant romaniste belge d’expression flamande formé à l’Université d’Anvers, revient chez le même éditeur avec Le Tour de la Grande Bourgogne – Sur les traces des Téméraires, un ouvrage imposant dans lequel il entreprend de faire découvrir in situ les lieux emblématiques de « cette épopée médiévale faite d’exploits, de passions, d’alliances trahies, mais aussi d’immenses chefs-d’œuvre artistiques ».

Initiée par Philippe de France, dit Philippe le Hardi, né en 1342 à Pontoise et mort en 1404 à Hal (Hainaut[1]), la maison des ducs de Valois-Bourgogne vit se succéder à sa tête Jean I^er de Bourgogne, dit Jean sans Peur, né en 1371 à Dijon et mort assassiné en 1419 à Montereau, Philippe III de Bourgogne, dit Philippe le Bon, né en 1396 à Dijon et mort en 1467 à Bruges, Charles de Bourgogne, dit Charles le Hardi, plus connu sous son surnom posthume de Charles le Téméraire, né en1433 à Dijon et mort en 1477 près de Nancy, et enfin Marie de Bourgogne, née à Bruxelles en 1457 et morte au Prinsenhof de Bruges en 1482.

Le règne flamboyant de cette dynastie constitua, selon Bart Van Loo, « un défi européen avant la lettre »[2], et son deuxième opus s’en veut l’illustration complète, à la manière d’un « Grand Tour » si cher aux Britanniques[3], qui mène le lecteur sur le terrain – de Gand à Malines en passant par Bruges, Anvers, Lierre, Bruxelles, Hal, Malines, le comté de Hainaut, le comté de Namur, la principauté de Liège, Bréda, Bois-le-Duc, Utrecht, Douai, Lille, Paris, Cambrai, Troyes, Bar-sur-Seine, Dijon, Beaune, Autun, Nevers, la Franche-Comté, Nancy ou encore Berne – à la découverte des vestiges de l’éphémère État bourguignon (1364-1482) qui défia les deux grandes puissances de son temps, à savoir le royaume de France et le Saint Empire romain germanique.

Un passionnant récit de pérégrinations culturelles enluminé par 500 images en couleurs (de villes, palais, châteaux, tours, tourelles, beffrois, hôtels de ville, oratoires, chapelles, couvents, églises, abbayes, collégiales, basiliques, cathédrales, monuments, maisons de corporations, autels, chœurs, jubés, piliers, hauts-reliefs, bas-reliefs, cours intérieures, façades, portes, voûtes, cheminées, plafonds et murs ornés, caves, sites, cartes, plans, ruines…).

Mais aussi illustrant la richesse artistique de l’âge d’or bourguignon (tableaux, portraits, statues, statuettes, tombeaux, gisants, pleurants, tapisseries, vêtements, miniatures, cimiers, gravures, armoiries, enluminures, dessins, vitraux, reliquaires, calices, autres objets religieux, bijoux, sceaux…)

Et la magnificence des chefs-d’œuvre que l’on doit à des artistes anonymes ou célèbres comme Claus Sluter (un Buste du Christ, les Pleurants de la tombe de Philippe le Hardi, 1404-1410…), Jean Malouel (Le Retable de Saint-Denis, 1396-1415, La Grande Pietà ronde, ca 1400, La Madone aux papillons, post 1410…), les Frères de Limbourg (Le Mois de mai, 1411-1416…), Jan van Eyck (L’Agneau mystique, 1432, La Vierge du chancelier Rolin, 1435…), Rogier van der Weyden (le Triptyque des Sept Sacrements, ca 1445, Le Jugement dernier, ca 1445-1451, le Retable de Bladelin, 1450, le Portrait de Charles le Téméraire, 1461-1462…), Jérôme Bosch (Saint Jean l’Évangéliste à Patmos, ca 1490, Le Jardin des Délices, fin du XV^e siècle…), Dieric Bouts (La Cène, 1464-1468…) et bien d’autres encore.

Un voyage inoubliable !

PÉTRONE

Le Tour de la Grande Bourgogne – Sur les traces des Téméraires par Bart Van Loo, ouvrage traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin et Emmanuelle Tardif, photographies de Geert Van de Velde, Paris, Éditions Flammarion, collection « Au fil de l’histoire », octobre 2025, 832 pp. en quadrichromie au format 15 x 23 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 35 € (prix France)

[1] Aujourd’hui dans le Brabant flamand, en Belgique.

[2] https://www.rtbf.be/article/l-histoire-des-ducs-de-bourgogne-un-defi-europeen-avant-la-lettre-selon-bart-van-loo-11614080

[3] Le Grand Tour, écrit de la même façon en anglais, était un long voyage en Europe effectué par les jeunes hommes et, plus rarement, par les jeunes femmes des plus hautes classes de la société britannique, mais aussi allemande, française, néerlandaise, polonaise, scandinave, et plus tardivement russe à partir des années 1760, et américaine depuis la seconde moitié du XVIII^e siècle. Ce voyage d’éducation aristocratique était destiné à parfaire la formation des jeunes gens et à élever leurs centres d’intérêt, juste après ou pendant leurs études, alors essentiellement fondées sur les humanités grecques et latines. Les destinations principales étaient avant tout l’Italie, mais aussi la France, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suisse. Plus tard, certains se hasardèrent jusqu’en Grèce et au Proche-Orient, parfois en Perse. (Source : Wikipédia.)