« Les champignons poussent dans les endroits humides, c’est pourquoi ils ont la forme d’un parapluie. » (Alphonse Allais)

Ingénieur forestier et mycologue, Hubert Voiry s’intéresse très tôt au lien entre la forêt et les champignons. Après une carrière à l’Office national des forêts où, entre autres fonctions, il participe pendant près de vingt-cinq ans à la formation des forestiers sur le thème des champignons dans l’écosystème forestier, il est nommé en 2017 attaché au Muséum national d’histoire naturelle.

Guillaume Reynard est illustrateur à Paris. Pour des maisons d’édition, il réalise des albums jeunesse et des romans graphiques. Pour la presse quotidienne et des magazines, il illustre des reportages ou des articles thématiques. Ses images sont aussi utilisées par des institutions, des agences de communication et même des vignerons.

À Arles, aux Éditions Actes Sud, ils publient un petit ouvrage fort original, bien documenté et particulièrement intéressant, intitulé 10 champignons qui ont changé la vie des hommes dans lequel est démontré le grand rôle, joué depuis des temps immémoriaux, de ces « êtres vivants aux tissus peu différenciés, sans chlorophylle, formés de réseaux de filaments, et qui se reproduisent à l’aide de spores, portées en général par un carpophore », ainsi que les décrit le dictionnaire Larousse.

Il y est question :

• de l’amadouvier qui permettait aux humains d’allumer du feu durant la préhistoire (et aujourd’hui encore au moyen des briquets à silex), qu’à la suite d’Hippocrate les médecins grecs utilisèrent pour lutter contre la sciatique, et dont on fait de nos jours, dans le village roumain de Corund en Transylvanie, des tissus, des sacs à main, des chapeaux et des casquettes, mais aussi des sex-toys ;

• du polypore du bouleau, aux propriétés antiseptiques et antiparasitaires, que l’on prisait comme du tabac en Sibérie, en Autriche et en Amérique du Nord ;

• de l’amanite tue-mouches au joli chapeau rouge et blanc, qui ne tue pas les mouches, mais fait halluciner les humains ;

• du sclérote de l’ergot de seigle, qui provoqua jadis le « mal des ardents » et à partir duquel est produit le LSD, mais aussi des médicaments antimigraineux, limitateurs d’hémorrhagies lors des accouchements et dans le traitement des tumeurs de l’hypophyse et de la maladie de Parkinson ;

• de la mérule, qui coula 550 navires de la flotte anglaise au XIXsiècle, et qui est aujourd’hui un fléau de nos bâtiments et de nos maisons ;

• du chaga, qui prévient du cancer et de ses conséquences, et qui produit des effets immunitaires, anti-inflammatoires et antidiabétiques ;

• du champignon-chenille, qu’en Chine et au Tibet on croit tonique et aphrodisiaque et où il est vendu à des prix exorbitants ;

• du Baudoinia compniacensis, qui engendre la « part des anges » du cognac et du whisky ;

• de la fausse truffe, naguère employée dans le Nord de la France pour accroître la fertilité des vaches et des truies et qui rend aussi les sangliers radioactifs ;

• et du matsutaké qui a survécu à l’explosion nucléaire d’Hiroshima et dont l’odeur vanillée et épicée est très appréciée des Japonais qui y voient un marqueur de l’automne.

Mais pas des maisons des Schtroumpfs…

PÉTRONE

10 champignons qui ont changé la vie des hommes par Hubert Voiry, dessins de Guillaume Reynard, Arles, Éditions Actes Sud, octobre 2025, 144 pp. en noir et blanc au format 11,5 x 16 cm sous couverture brochée monochrome à rabats, 14,90 € (prix France)

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Date de publication
lundi 6 octobre 2025
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