Née à Lens en 1979, Samira El Ayachi est une romancière française d’origine marocaine.
Les Éditions de l’Aube publient son cinquième roman[1], Madame Bovary, ma mère et moi,qui traite à la fois des conséquences de l’exil sur la santé physique et mentale d’une Maghrébine déracinée, des difficultés de la transmission mère-fille et du pouvoir curatif de la littérature, le tout dans un texte d’une originalité formelle savamment construite et brillamment persuasive.
Fille peu ou pas désirée d’Imma, une villageoise du sud-marocain épousée « au bled » à 16 ans et arrivée en France dans la foulée, Salwa, l’autrice-narratrice, une femme moderne née dans l’Hexagone, montre l’abîme silencieux qui la sépare de cette mère berbère à l’ancienne enfermée dans sa cuisine et dans un mariage décevant, étouffée par des coutumes astreignantes et secrètement en quête de reconnaissance.
La lecture à la fois analytique et intime de Madame Bovary (1857), le chef-d’œuvre de Gustave Flaubert (1821-1880), amène l’autrice à comparer subtilement le destin d’Emma, l’héroïne du roman, à celui d’Imma, fait de rêves évanouis, d’une vie domestique pesante et d’aspirations contrariées dans un cadre social étriqué, mais aussi à se pencher sur son propre sort, en quête d’une vie amoureuse intense, d’une liberté absolue, mais aussi d’une identité redéfinie, de racines retrouvées, la littérature devenant ainsi un outil de compréhension du réel.
Et de vibrant hommage à la mère…
PÉTRONE
Madame Bovary, ma mère et moi par Samira El Ayachi, La Tour-d’Aigues, Éditions de l’Aube, collection « Regards croisés », janvier 2026, 266 pp. en noir et blanc au format 14 x 22 cm sous couverture brochée en couleurs, 19,90 € (prix France)
[1] Après La vie rêvée de Mademoiselle S. (2008), puis Quarante jours après ma mort (2013, rééd. 2022), Les femmes sont occupées (2019, rééd. 2020), Le ventre des hommes (2021, rééd. 2023).