Tempus fugit…

Dans Échec au temps (un roman rédigé à la fin des années trente et publié en 1945) qui vient de reparaître aux Impressions nouvelles dans la collection « Espace Nord », le grand écrivain belge Marcel Thiry (1897-1977) imagine que la bataille de Waterloo fut une victoire napoléonienne et qu’en 1935 un trio de compères – dans lequel on peut reconnaître l’auteur – regarde inlassablement les images de la bataille au moyen d’une machine de « rétrovision » avec l’espoir de « faire échec au temps en faussant l’engrenage des causes ». Un scénario a priori alléchant, qui naquit en marge des réunions du Groupe du Lundi (1936-1939) animé par Franz Hellens et Robert Poulet à la suite de conversations avec ce dernier (le fait nous a été confirmé jadis par plusieurs membres du groupe), traité dans une langue magnifique et développé avec un sens du récit bien maîtrisé, mais qui a pris un terrible coup de vieux… Car c’est le lot habituel de la science-fiction, certes, mais aussi parce que l’auteur s’y livre à une démonstration pesante selon laquelle la répétition des causes peut entraîner le déraillement de celles-ci et en modifier les conséquences… L’ouvrage nous est tombé des mains, marquant par là la victoire écrasante du temps qui passe…

PÉTRONE

Échec au temps par Marcel Thiry, préface de Roger Caillois, postface de Pascal Durand, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, février 2014, 287 pp. en noir et blanc au format 12 x 18,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 9 €

Date de publication
samedi 1 mars 2014
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