Algirdas Julien Greimas est né en 1917 à Toula, en Russie et il est mort en 1992 à Paris. C’ est un linguiste et un sémioticien d’origine lituanienne et d’expression française, fondateur de la sémiotique structurale d’inspiration saussuro-hjelmslévienne et animateur du « Groupe de recherche sémio-linguistique » (EHESS/CNRS) et de l’École sémiotique de Paris. Ses principaux ouvrages sont Sémantique structurale (1966), Du sens (1970) et Du sens II (1983)[1].
On lui doit aussi Le dictionnaire de l’ancien français (1979), un monument d’érudition que les Éditions Larousse à Paris ont eu l’excellente idée de faire reparaître en 2012 dans leur collection de prestige et qui est toujours disponible en librairie.
Il s’agit d’un ouvrage complet et documenté pour le plus grand bonheur médiévistes, certes, mais aussi des amoureux de l’histoire de la langue française, avec ses 14 000 notices documentées enrichies de 4 000 citations et exemples donnant 35 000 définitions, excusez du peu !
Et ce n’est pas tout : chaque article regroupe les dérivés sous les entrées principales et donne les différents sens des mots et des locutions ainsi que leur étymologie, la date de leur première apparition dans un texte écrit et les références de celui-ci.
Le domaine lexical recouvert, celui de l’ancien français proprement dit, va de la Chanson de Roland (fin du IXe siècle) jusqu’à 1350, à l’exclusion, par conséquent, des écrits de Jehan Froissart (ca 1337-après 1404), de Pierre Bersuire (ca 1300-1362) et de Nicole Oresme (ca 1320-1382), mais il inclut 80% des mots décrits précédemment par Frédéric Godefroy dans son Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle (10 volumes, 8 000 pages, 160 000 entrées) rédigé entre 1880 et 1895.
Deux œuvres colossales !
PÉTRONE
Le dictionnaire de l’ancien français par Algirdas Julien Greimas, Paris, Éditions Larousse, janvier 2012, collection « Les grands dictionnaires Larousse », 630 pp en noir et blanc au format 17 x 23,5 cm sous couverture Intégra en couleurs, 20,50 € (prix France)
Pour vous, nous avons recopié la définition suivante, d’un verbe souvent utilisé en cuisine :
Frire
Frire v. (1190, J. Bod.[2]. ; lat. frigere). -1. Frire. -2. Frissonner, trembler, tressaillir. -3. Pétiller (en parlant du vin). -4. Brûler de désir, frémir : S’amie qui tout le fet frire Quant il se tient de li plus pres. (Rose[3]). <> friture n.f. (déb. XIe s., Ps. Cambr.[4] ; lat. pop. *frictura). -1. Friture. -2. Terme d’injure : Tais mais, gars et friture. (Rom. d’Alex.[5]). <> fritel n.m. (1204, R. de Moil.[6]) . Pâte frite contenant du hachis.
[2] = Jean Bodel, Le Jeu de saint Nicolas, 1190.
[3] = Le Roman de la Rose, version de Jean de Meung, 1277.
[4] = Psautier de Cambridge, début du XIIe siècle.
[5] = Roman d’Alexandre, 1180.
[6] = Renclus de Moiliens, Roman de Carité, 1204.