Polars de grande classe…

Les Éditions Omnibus à Paris ont fait paraître simultanément six classiques du roman policier anglo-saxon dans une collection de poche (« Bibliomnibus ») particulièrement séduisante, y compris par son prix de vente.

– Le premier d’entre eux, rédigé par l’Américaine Vera Caspary (1899-1987), intitulé Laura et paru en 1942, a inspiré au cinéma en 1944 le chef-d’œuvre éponyme d’Otto Preminger avec Gene Tierney dans le rôle-titre.

En voici la trame, fournie par l’éditeur (comme les suivantes, d’ailleurs) :

Qui a tué Laura ? Et qui était-elle ? Intrigué, puis bientôt fasciné par l’obsédante image de la jeune femme, l’inspecteur MacPherson tombe sous le charme de l’absente. Absente, vraiment ? Les coups de théâtre et les rebondissements s’enchaînent dans cette impeccable intrigue policière doublée d’un troublant chant d’amour.

– Sous le nom d’Ellery Queen se cachent deux Américains, Frederic Dannay (1905-1982) et son cousin Manfred Lee (1905-1971). Leur personnage fétiche, Ellery Queen, apparaît dès 1929 dans leur premier roman, Le Mystère du chapeau de soie, et il sera le héros de trente-trois romans et de nombreuses nouvelles jusqu’en 1971. Leur œuvre a suivi l’évolution du roman policier : du roman d’énigme dans la grande tradition anglaise de leurs débuts, ils passent dès 1940 à des récits où la psychologie prend une plus grande part.

Dans Le Cas de l’inspecteur Queen, Richard Queen, jeune retraité de la police en villégiature chez un ancien collègue, s’ennuie ferme, quand, un beau jour, dans le voisinage, le bébé tout juste adopté par un couple de milliardaires meurt soudainement. Accident, concluent les enquêteurs. Alerté par la nurse qui avait la garde de l’enfant, Richard Queen, pour une fois sans l’aide de son fils Ellery, soupçonne un meurtre. Mais qui peut vouloir la mort d’un nourrisson ?

– Mickey Spillane (1918-2006) fit une entrée remarquée dans le monde du roman policier en 1947 avec J’aurai ta peau (“I, the jury”) qui rencontra un succès exceptionnel dans le monde entier et dans lequel apparaissait Mike Hammer, héros de treize romans jusqu’en 1996.

Ses qualités de narrateur, de dialoguiste et le rythme impeccable de ses romans ont valu à Mickey Spillane le titre de « Grand Maître » décerné par les Mystery Writers of America en 1995.

Détective privé brutal, cynique – et un brin romantique –, Mike Hammer mène en solitaire et sans états d’âmes les enquêtes trépidantes qui ont fait de lui une des figures légendaires de la littérature policière. Pour parvenir à ses fins, il ne s’embarrasse guère de scrupules. Coups fourrés et trahisons se succèdent dans J’aurai ta peau, l’histoire d’une vengeance, qui allait propulser Mickey Spillane et son dur à cuire de héros au premier plan de la scène, position qu’ils n’allaient plus quitter. Le texte est suivi d’une nouvelle, Rich Thurber, l’histoire d’une prise d’otage, qui n’a pas rééditée depuis le début des années 1970.

– Dashiell Hammett (1894-1961) est le père du roman noir américain. Fort de son expérience de détective à l’agence Pinkerton, il a révolutionné le récit policier en créant la figure du privé dans un style épuré, sec, visuel et très novateur. Ses romans Le Faucon maltais, La Clé de verre ou L’Introuvable sont des classiques de la littérature et Sam Spade, immortalisé à l’écran par Humphrey Bogart, reste l’archétype du détective privé affrontant la grande ville et ses corruptions.

Les trois longues nouvelles rassemblées dans Jungle urbaine en montrent chacune une facette différente : une cité fantôme fondée par la pègre dans « Cauchemar ville » (1924), une petite bourgade du Sud profond sous la coupe d’une bande de malfrats dans « Un petit coin tranquille » (1925), le Chinatown de San Francisco et ses mystères dans « Crime en jaune » (1925).

Une plongée dans l’Amérique des années 1920, alors que règne la Prohibition et que le crime organisé accentue sa mainmise.

– Gilbert Keith Chesterton (1874-1936) est une figure majeure de la littérature anglaise, auteur d’une œuvre prolifique d’essayiste, de biographe et de romancier. Nul mieux que lui n’a su manier le paradoxe avec des ouvrages comme Le Nommé jeudi, et les enquêtes du Père Brown. Il fut en 1928 le premier président du Detective Club, association regroupant des auteurs de romans policiers (dont Agatha Christie, la baronne Orczy, Dorothy Sayers ou encore John Dickson Carr).

Prêtre catholique d’une petite paroisse de l’Essex, le Père Brown ne paie vraiment pas de mine. Son apparence banale, voire ridicule, abrite un cerveau exceptionnel aux procédés aussi déroutants que géniaux. En prenant le contre-pied des méthodes d’investigation classiques, il agit à rebours du sens commun : son comportement est incohérent, ses propos décousus, des digressions insensées. Et pourtant, sa logique déconcertante aura raison des énigmes criminelles les plus obscures.

La sagesse du Père Brown réunit douze enquêtes [1] particulièrement exemplaires du savoir-faire de l’auteur… et de son héros.

– Nicolas Freeling (1927-2003) se présente lui-même comme « le plus européen des écrivains anglais ». Chef cuisinier dans sa jeunesse, il sillonne le continent. C’est dans une prison néerlandaise où il est incarcéré à la suite d’une erreur judiciaire qu’il entreprend la rédaction de la première enquête de l’inspecteur Van der Valk, de la police d’Amsterdam, son personnage fétiche.

Dans Psychanalyse d’un crime, suite à une lettre à peine anonyme d’un respectable banquier, celui-ci enquête sur la mort suspecte d’un peintre minable et authentique maître chanteur. L’accusé ? Un non moins respectable neurologue, avec lequel il va entreprendre un étonnant dialogue…

Curieux, patient, obstiné, Van der Valk a pu être comparé à un Maigret hollandais, mais un Maigret mâtiné de Philip Marlowe pour sa décontraction et son humour parfois sarcastique.

Une collection d’ouvrages noirs riche d’une belle moisson de surprises !

PÉTRONE

Vera par Laura Caspary, traduction de Jacques Papy, Paris, Éditions Omnibus, collection « Bibliomnibus », avril 2014, 203 pp. en noir et blanc au format 13,3 x 19,8 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 9 € (prix France)

Le Cas de l’inspecteur Queen par Hellery Queen, traduction de Simone Lechevrel, Paris, Éditions Omnibus, collection « Bibliomnibus », avril 2014, 192 pp. en noir et blanc au format 13,3 x 19,8 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 9 € (prix France)

J’aurai ta peau suivi de Rich Thurber par Mickey Spillane, traduction de Gilles Maurice Dumoulin, Paris, Éditions Omnibus, collection « Bibliomnibus », avril 2014, 198 pp. en noir et blanc au format 13,3 x 19,8 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 9 € (prix France)

Jungle urbaine par Dashiell Hammett, Paris, Éditions Omnibus, collection « Bibliomnibus », avril 2014, 198 pp. en noir et blanc au format 13,3 x 19,8 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 9 € (prix France)

La sagesse du Père Brown par Gilbert-Keith Chesterton, traductions de Dominique Haas et Gabriel Repettati, Paris, Éditions Omnibus, collection « Bibliomnibus », avril 2014, 208 pp. en noir et blanc au format 13,3 x 19,8 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 9 € (prix France)

Psychanalyse d’un crime par Nicolas Freeling, traduction de Paul Verguin, Paris, Éditions Omnibus, collection « Bibliomnibus », avril 2014, 203 pp. en noir et blanc au format 13,3 x 19,8 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 9 € (prix France)


[1] L’absence de Mr Glass, Le Paradis des Voleurs, Le duel du docteur Hirsch, L’homme dans le passage, L’erreur de la machine, La tête de César, La perruque pourpre, La perdition des Pendragon, Le dieu des gongs, La salade du colonel Cray, L’étrange crime de John Boulnois, Le conte de fées du Père Brown.

Date de publication
vendredi 2 janvier 2015
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