Halte aux faux prophètes de la diététique !

Nutritionniste réputé sur le plan international, le docteur Jean-Michel Cohen a déjà publié de nombreux best-sellers chez Flammarion à Paris, dont Savoir maigrir, Le Bonheur de maigrir, Maigrir, le grand mensonge et, avec le docteur Patrick Sérog, Savoir manger.

Chez le même éditeur, dans Les nouvelles religions alimentaires, il se penche cette fois sur les peurs relayées par les médias, sur les craintes quant à la qualité des plats et sur les messages de prévention inapplicables qui nous viennent de partout et qui font que plus personne ne s’y retrouve.

L’un des résultats de cet imbroglio a été l’émergence de nouvelles « religions alimentaires » dont les zélateurs (végétariens, végétaliens, partisans du sans gluten et du bio, ennemis des aliments cuits, du lait ou des produits de synthèse…) assènent leurs certitudes avec autant de passion que, souvent, d’ignorance, si bien que leurs pratiques, loin de nos traditions, en sont venues à susciter débats, polémiques et interrogations.

Car les modifications alimentaires qu’ils préconisent sont-elles bonnes pour la santé, efficaces même ?

Pour aider le lecteur à y voir clair, à balayer les mensonges et les idées reçues, l’auteur décrit dans son ouvrage les raisons de l’apparition de ces modes de vie, dévoile leurs répercussions sur nos organismes, indique leurs conséquences sur nos manières d’être, tout en livrant des recommandations pratiques à la fois scientifiquement étayées et de bon sens.

« Bien manger, vivre plus vieux, aimer plus fort est possible », assure-t-il.

Et il le prouve !

PÉTRONE

Les nouvelles religions alimentaires par Jean-Michel Cohen, Paris, Éditions Flammarion, mars 2014, 301 pp. en noir et blanc au format 15,4 x 24 cm sous couverture brochée en couleurs, 19,90 € (prix France)

Pour vous, nous avons recopié ces quelques lignes, à propos des aliments « magiques » :

Les fruits et légumes, la panacée actuelle

La mode du moment a jeté son dévolu sur les fruits et légumes. Il faut en manger cinq par jour, on l’a vu, parce qu’ils soignent tout, évitent de grossir, diffusent des minéraux, offrent des oligo-éléments, ne dispensent aucune graisse, sont peu caloriques, apportent des fibres et sont rassasiants, donc empêchent de ressentir la faim (ou la fin, diraient les psychanalystes…), etc., etc.)

Mieux : ils contiennent des anti-oxy-dants. Ah, quel mot magique, quel terme formidable ! Quelle association efficace et limpide que ce préfixe « anti » accolé à « oxy­ dant », formule digne de l’alchimie donc du miracle puisqu’on l’associe à l’oxydation d’un métal, phénomène dont tout le monde comprend le sens. Les fruits et légumes ? En un mot, l’aliment parfait.

Cependant, même si nous les connaissons de mieux en mieux, nous sommes encore loin de tout savoir d’eux. Si nous comprenons que consommer du chou, grâce aux indols, aiderait à prévenir des cancers aussi variés que ceux du poumon, de la vessie ou de l’œsophage ; que la consommation de produits contenant les précurseurs de la vitamine A pourrait agir sur le cancer de l’utérus ; que déguster des tomates prémunirait du cancer de la prostate… quid des interactions entre les uns et les autres ? Un homme mange une quinzaine d’aliments quotidiennement, contenant chacun a minima une centaine de constituants, lesquels vont parfois s’associer, parfois se combattre, devoir composer aussi avec son niveau de stress, son goût ou pas pour l’alcool, le tabac, l’influence de l’environnement… Eh bien, comment ce cocktail va-t-il se comporter ? Nous l’ignorons. Ce qui prouve bien que la notion même d’« aliment magique » est erronée !

Dès lors, pourquoi avons-nous adopté aussi aisément cette nouvelle religion alimentaire ? Parce que les produits évoqués sont à la base sains, évidemment, mais aussi parce qu’ils correspondent idéalement à l’air du temps. Écolos, comme ils viennent de la terre, donc de la nature, on ne les pense pas ou peu souillés par la main de l’homme (malgré les pesticides, mais c’est un autre débat) ; comme ils sont pauvres en calories, ils sont vertueux ; et comme ils ont des saveurs agréables (mais modestes), ils n’effraient ni ne divisent. Quand on ajoute à ces « qualités » la bénédiction des pouvoirs publics et la grande satisfaction des producteurs de cette branche, le succès n’est pas surprenant.

Date de publication
samedi 30 mai 2015
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