Une étoile filante de la photographie de guerre…

Capa – L'étoile filante

Robert Capa – pseudonyme d’Endre Ernő Friedmann –, né le 22 octobre 1913 à Budapest et mort le 25 mai 1954 en Indochine, est un photographe et correspondant de guerre juif hongrois, naturalisé américain.

Il a couvert les plus grands conflits de son époque et est, en 1947, l’un des fondateurs de la coopérative photographique Magnum, première de ce genre à voir le jour.

En 1933, il quitte l’Allemagne où il avait émigré en 1931 pour s’établir à Vienne puis en France à l’automne 1934. À Paris, il fait la rencontre de Gerta Pohorylle, dite Gerda Taro, née en 1910 à Stuttgart, une étudiante allemande antifasciste d’origine polonaise qui devient elle aussi photographe, et sa maîtresse en 1935.

Ses photos se vendent très mal et ils connaissent la misère jusqu’en 1936, quand Gerda échafaude un subterfuge en forgeant la légende d’un photographe américain., elle lui fait prendre un pseudonyme, celui de Robert Capa, qui sonne plus américain. Ils inventent tout un personnage autour de ce pseudonyme. Capa est américain, Capa est chic, Capa est riche, Capa est mondain.

C’est la célébrité. En août 1936, il part avec Gerda Taro comme envoyé spécial pour couvrir la Guerre civile espagnole aux côtés de troupes républicaines, pour les magazines Vu et Regard. Ses clichés font le tour du monde.

Alors que Robert Capa est de retour à Paris, Gerda Taro qui est restée en Espagne est écrasée accidentellement par un char républicain lors des combats de la bataille de Brunete. Elle meurt le 26 juin 1937, à l’âge de 26 ans, après une atroce agonie. Le jour de ses funérailles, les frères de Gerda s’en prirent violemment à Robert Capa, en lui reprochant de l’avoir entraînée vers la mort.

En 1938, il est envoyé par le magazine Life pour suivre la Seconde Guerre sino-japonaise (1937-1945). Le 3 décembre 1938, la revue de photographie anglaise Picture Post le proclame « le plus grand photographe de guerre du monde ».

Confronté aux lois françaises contre les « étrangers indésirables », il quitte Paris en octobre 1939 et émigre à New York où il est chargé par le magazine Colliers de couvrir le front d’Afrique du Nord en 1942, puis du débarquement des Alliés en Sicile. Le 6 juin 1944, toujours pour Life, il est le seul photographe présent lors du débarquement en Normandie, sur la plage d’Omaha Beach.

En décembre 1945, il suit l’actrice Ingrid Bergman à Hollywood, où il travaille comme photographe de mode et photographe de plateau. En 1948, il assiste à la naissance de l’État d’Israël. En 1954, le magazine Life a besoin d’un photographe pour couvrir la guerre d’Indochine. Se trouvant alors au Japon pour une exposition de Magnum, Robert Capa se porte volontaire. Ainsi, c’est aux côtés des troupes françaises qu’il parcourt le Viêt Nam, une partie de l’Indochine française de l’époque.

Le 25 mai 1954, au Tonkin, voulant prendre une photo d’ensemble d’un groupe de soldats français, il s’écarte du chemin où progresse la troupe et met le pied sur une mine antipersonnel. Il succombe rapidement à ses blessures [1]. Dans Capa – L’étoile filante paru chez Casterman à Bruxelles, le dessinateur français Florent Silloray dresse avec rectitude et talent le bilan d’une vie passée à couvrir les champs de bataille du monde entier.

Loin de l’image de tête brûlée qui a fait de lui une légende du photojournalisme, Robert Capa s’y raconte sans fard et dévoile la blessure – la mort de Gerda – qui a décidé de toute son existence.

De bien beaux dess(e)ins !

PÉTRONE

Capa – L’étoile filante par Florent Silloray, Bruxelles, Éditions Casterman, février 2016, 87 pp. en quadrichromie au format 24,4 x 32,2 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 17 €

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Capa

Date de publication
samedi 18 juin 2016
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