Dieu est humour

Joyeusement illustrés par le grand Cabu du Canard enchaîné, les Troubles de chaire détaillés par Dominique Jacob dans un petit ouvrage décapant publié ces jours-ci aux Éditions Horay à Paris, enfilent des « perles de curés » de derrière les chaires de vérité dont l’auteur assure qu’elles sont toutes vraies, datées et localisées.

On y voit transparaître, mais pas seulement, certaines problématiques aujourd’hui débattues en public et qui ne semblent guère nouvelles. La preuve ? Un célébrant, commentant l’Évangile du jour, évoqua naguère avec un grand naturel : « Jésus et ses dix slips… », un autre ne manquant pas d’assurer que « Comme l’a dit très justement Henri IV, Paris vaut bien une fesse » et un troisième, logisticien dans l’âme : « Pour le bon ordre de la procession, je regrouperai les jeunes gens près des fonts baptismaux tandis que M. l’Abbé massera les jeunes filles sous la tribune »…

Comme tous les bavards professionnels et à l’instar de Rachida Dati, les prêtres ne sont pas à l’abri des lapsus : « Une procession se déroulera avec la verge du Vieux » (au lieu de la Vierge du Vœu, une statue dans la chapelle Sainte-Marguerite à Rouen) ; « Nous prenons maintenant le cantique : ‘J’ai reçu le vieux divan’ » (au lieu de « J’ai reçu le Dieu vivant »…) ; « Et je voudrais pouvoir m’écrier comme Jésus : ‘Lézard, lave-toi !’ »…

Mieux encore : un témoin étant en retard à un mariage, le célébrant fit savoir qu’on l’attendrait « car vous connaissez la formule juridique : Testis unus, testiculus » (au lieu de « testis nullus », bien entendu…)

En plus des célébrations familiales, il y a les fêtes carillonnées. Un jour de 15 août, un jeune abbé se laissa aller : « Je voudrais m’adresser à ceux qui prennent Lourdes à la légère », un autre affirmant qu’« En ce jour de Pentecôte, nous aimons à nous rappeler que les disciples étaient réunis dans une maison close… »

En 1993, lors de la visite canonique qu’il rendit à Champlon, notre grand Saint-Olibrius, Mgr Léonard himself, fut reçu avec ces mots : « Cher Père Évêque, l’accueil de notre paroisse rurale avait songé vous offrir une bêche ou un râteau, mais vous voilà déjà encombré d’une crosse… ».

Et on sait l’usage que le gugusse machiste fait de sa crosse envers ceux qui ne prient pas comme lui… Or, « Quand je veux prier, assurait un de ses collègues, je prends du papier et je m’en vais dans l’endroit le plus retiré de la maison où je m’enferme, au calme » alors que, durant une messe, un curé assura : « La Sainte Vierge, mes frères, c’était une femme comme vous et moi ! »

Rappelons enfin, en ces jours de Toussaint, que le célèbre chanoine Kir, l’inventeur dijonnais de l’apéritif éponyme, fit graver sur sa tombe les mots « Kir y est »…

Et laissons le dernier mot à un prêtre esthète : « Mes chers frères, à la Toussaint, il y a les grands saints et les petits saints. Vous avouerai-je que je préfère ces derniers ? »

PÉTRONE

Troubles de chaire, perles de curés par Dominique Jacob, illustrations de Cabu, Paris, Éditions Horay, collection « Cabinet de curiosités », octobre 2010, 84 pp. en quadrichromie au format 16 x 16 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 12 € (prix France)

Date de publication
mercredi 3 novembre 2010
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