Plus intelligent, tu meurs !

Les Éditions Gallimard viennent de rééditer en un fort volume les textes essentiels de Maurice Merleau-Ponty (1908-1961).

Il s’agit de Humanisme et terreur, essai sur le problème communiste (1947), Les Aventures de la dialectique (1955), Phénoménologie de la perception (sa thèse de doctorat, défendue en 1945), La Prose du monde (1969, inachevé et posthume), L’Œil et l’esprit (1960), Le Visible et l’invisible (1964, posthume) mais aussi de divers articles ainsi que d’extraits de Sens et non-sens (1948) et de Signes (1960, inachevé), dans une présentation établie par Claude Lefort, professeur de philosophie politique à l’EHESS de Paris, qui fut l’élève et l’ami du grand philosophe.

Condisciple de Sartre (et… de Henri Guillemin) à l’École normale supérieure, Maurice Merleau-Ponty fut un véritable homme-orchestre de la pensée, professeur de philosophie à l’université de Lyon (de 1945 à 1948), puis professeur de psychologie de l’enfant et de pédagogie à l’université de la Sorbonne (de 1949 à 1952) mais aussi membre du comité directeur et éditorialiste politique de la revue Les Temps modernes, d’octobre 1945 à décembre 1952, époque de la fin de son amitié avec Sartre (la rupture fut effective en juillet 1953).

Spécialiste de Descartes et de Husserl, Merleau-Ponty (qui enseigna au Collège de France à partir de 1952) développa avec une belle clarté sa réflexion phénoménologique dans des champs innombrables : l’art (sa compréhension de l’œuvre de Cézanne reste fondamentale), le langage (il fut l’un des premiers à se pencher sur les travaux du linguiste Ferdinand de Saussure), l’organisation des choses (il travailla en précurseur sur la notion de structure en confrontant des textes de psychologie, de linguistique et d’anthropologie sociale), la sociologie et l’anthropologie (notamment dans un texte retentissant, De Mauss à Claude Lévi-Strauss [1959], reproduit dans l’ouvrage), la philosophie engagée (il ferrailla par exemple contre les chrétiens et contre les marxistes dans La querelle de l’existentialisme [1945]), la politique (notamment dans une passionnante Note sur Machiavel [1949]) et la métaphysique (préface à Signes).

Du phosphore à l’état pur !

PÉTRONE

Œuvres de Maurice Merleau-Ponty, Paris, Éditions Gallimard, collection « Quarto », septembre 2010, édition (contenant 70 documents iconographiques) établie et préfacée par Claude Lefort, 1848 pp. en noir et blanc au format 14 x 20,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 35 € (prix France)

Date de publication
mercredi 17 novembre 2010
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