Vie et mort d’un sclélé… rat

Le scénariste et dessinateur belge Bernard Swysen (°1964, Bruxelles) est notamment l’auteur de la série Rouletabille avec André-Paul Duchâteau (8 titres publiés), d’une série d’albums avec Claude Lelouch et des biographies de Victor Hugo et de Leonardo da Vinci en bande dessinée.

Depuis 2018, il dirige et scénarise aux Éditions Dupuis à Marcinelle la collection « La véritable histoire vraie » dont le concept consiste à retracer la vie de « méchants » de l’histoire (titres parus : Caligula, Dracula et Attila, titres à paraître en 2019 : Robespierre et Torquemada). Chaque album, illustré par un dessinateur différent, est préfacé par un historien.

Le dessinateur belge Luc Lefèbvre (°1956, Mons) alias Ptiluc a quant à lui illustré jadis pour le compte des Éditions Didier Hatier à Bruxelles une méthode d’apprentissage du néerlandais intitulée Steek van Wal ! avec des dessins jugés parfois impertinents par des enseignants surpris qu’on y voie des élèves aller boire une bière au bistrot du coin.

Le Breton Maurice Trévinal, qui dirigeait alors la filiale belge du groupe français éditeur du Bescherelle, convaincu du talent de Ptiluc, fonda dans son bureau de la capitale belge les Éditions Vents d’Ouest qui accueillirent les premières bandes dessinées du Montois, celles de la série des Pacush Blues (Premières mesures, 1983, Second souffle – Jefferson ou le mal de vivre, 1983, Troisième zone – L’importance majeure des accords mineurs, 1984, Quatrième dimension – Destin farceur crescendo, 1985, Bidon cinq – Destin farceur decrescendo, 1986) avant de connaître le triomphe avec Faces de rat en 1987.

Ptiluc a depuis lors parcouru bien du chemin et sort ces jours-ci, sur un scénario de Bernard Swysen dans la collection qu’il dirige, avec une préface de Johann Chapoutot [1] et une postface d’Élie Barnavi [2], un gros album intitulé Hitler, une très intéressante biographie du monstre nazi opportunément représenté sous la forme d’un rat évoluant dans un monde de rats.

En voici le résumé :

« Si la Seconde Guerre mondiale et la Shoah sont bien le point d’orgue du règne d’horreur d’Hitler, l’histoire a commencé bien avant cela. Pour comprendre comment et pourquoi l’indicible a pu se produire, il faut remonter un peu avant la naissance d’Hitler lui-même, au moment où son père adopte ce patronyme. Toute l’enfance d’Adolf Hitler, ses choix, ses échecs vont former un homme complexe et vont le mener à son “combat”, comme il le raconte lui-même.

Convaincu comme beaucoup d’hommes de son temps de la culpabilité des Juifs après la Première Guerre mondiale, il va développer un antisémitisme violent. Il est recruté par un parti politique en 1919, qui va servir de terreau à ses aspirations. Il se découvre alors un talent d’orateur qui lui permettra d’électriser les foules et, malgré les approximations qu’il raconte, de les rallier à son parti. Il en prendra le contrôle quelques mois après… La machine est alors lancée.

Les deux auteurs reviennent sur ce parcours surréaliste et sur cet enchaînement de circonstances atroces qui ont permis à Hitler d’accéder au pouvoir. Au fil des pages, des histoires plus petites se dessinent en creux, comme celle de Kurt Gerstein, officier nazi qui aura tout fait pour prévenir les forces libres des camps d’extermination, ou celle de Rudolf-Christoph von Gersdorff, qui a fait partie de la résistance au sein même du parti nazi. »

Une œuvre avec laquelle « on se divertit, on s’instruit et on réfléchit » (Johann Chapoutot).

PÉTRONE

Hitler – La véritable histoire vraie par Bernard Swysen et Ptiluc, Marcinelle, Éditions Dupuis, collection « La véritable histoire vraie », préface de Johann Chapoutot, postface d’Élie Barnavi, mars 2019, 117 pp. en quadrichromie au format 22 x 30 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 20,95 €

 

[1] Professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne.

[2] Professeur d’histoire de l’Occident moderne à l’université de Tel-Aviv, conseiller scientifique auprès du Musée de l’Europe à Bruxelles et ancien ambassadeur d’Israël en France. Il a écrit que « cette BD devrait figurer comme lecture obligatoire dans tous les programmes scolaires », et il a, selon nous, cent fois raison.

Date de publication
mercredi 17 avril 2019
Entrez un mot clef :