On pendit ma mère…

Auteure majeure de la littérature française contemporaine, Maryse Condé est née le 11 février 1937 à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe.

De 1960 à 1968, elle a enseigné en Guinée, au Ghana et au Sénégal. En 1975, elle quitta l’Afrique et passa un doctorat de lettres à la Sorbonne, avec pour sujet le stéréotype du Noir dans la littérature.

Ses voyages ont servi de toile de fond à son premier roman, Heremakhonon (1976), dont l’héroïne est une jeune femme antillaise en quête de ses racines. Une saison à Rihata (1981) a pour cadre une ville africaine à la fin du XXe siècle. La grande saga africaine Ségou, qui compte deux tomes (Ségou : Les Murailles de terre, 1984 : Ségou : La Terre en miettes, 1985), est son best-seller. Maryse Condé y retrace le destin d’une famille de nobles bambaras de 1797 à 1860, au sein du royaume historique de Ségou, dans l’actuel Mali, déchiré par la traite des esclaves, l’islam, le christianisme et la colonisation.

À partir de 1986, Maryse Condé vit entre New York (elle enseigne à Columbia de 1985 à 2002) et la Guadeloupe, où se situe l’action de La Vie scélérate (1987). Parmi ses derniers romans, citons La Colonie du Nouveau Monde (1993), La Migration des cœurs (1995) et Desirada (1997), La Belle Créole (2001), Histoire de la femme cannibale (2003), ou encore Le Fabuleux et Triste Destin d’Ivan et d’Ivana (2017). Elle écrit également des pièces de théâtre, des livres pour enfants et des essais sur la littérature (La Vie sans fards, 2012) et la politique.

Le 9 décembre 2018, elle a reçu à Stockholm le prix Nobel alternatif de littérature, décerné par la Nouvelle Académie.

Elle a aussi fait paraître en 1986, aux Éditions du Mercure de France à Paris, le puissant roman intitulé Moi, Tituba, sorcière… Noire de Salem qui obtint cette année-là le Grand prix littéraire de la Femme, puis qui sortit en version de poche aux Éditions Gallimard dans la collection « Folio » en 1988 et tout récemment chez le même éditeur sous la forme d’un CD mp3 dans la collection « écoutez lire »

En voici le pitch :

« Fille de l’esclave Abena violée par un marin anglais à bord d’un vaisseau négrier, Tituba, née à la Barbade, est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Son mariage avec John Indien l’entraîne à Boston, puis au village de Salem au service du pasteur Parris. C’est dans l’atmosphère hystérique de cette petite communauté puritaine qu’a lieu le célèbre procès des sorcières de Salem en 1692.

Tituba est arrêtée, oubliée dans sa prison jusqu’à l’amnistie générale qui survient deux ans plus tard. Là s’arrête l’histoire. Maryse Condé la réhabilite, l’arrache à cet oubli auquel elle avait été condamnée et, pour finir, la ramène à son pays natal, la Barbade au temps des Nègres marrons et des premières révoltes d’esclaves. »

D’une voix profonde, Audrey Fleuret nous entraîne sur les pas de Tituba et retrace avec force ce récit douloureux et envoûtant.

Précisons en outre que l’écoute en classe de ce CD est autorisée par l’éditeur et que le livre est disponible dans la collection « Folio ».

Incipit :

« On pendit ma mère.

Je vis son corps tournoyer aux branches basses d’un fromager. Elle avait commis le crime pour lequel il n’est pas de pardon. Elle avait frappé un Blanc. Elle ne l’avait pas tué cependant. Dans sa fureur maladroite, elle n’était parvenue qu’à lui entailler l’épaule.

On pendit ma mère.

Tous les esclaves avaient été conviés à son exécution. Quand, la nuque brisée, elle rendit l’âme, un chant de révolte et de colère s’éleva de toutes les poitrines que les chefs d’équipe firent taire à grands coups de nerf de bœuf. Moi, réfugiée entre les jupes d’une femme, je sentis se solidifier en moi comme une lave, un sentiment qui ne devait plus me quitter, mélange de terreur et de deuil.

On pendit ma mère. »

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PÉTRONE

Moi, Tituba sorcière… par Maryse Condé, texte lu par Audrey Fleurot, Paris, Éditions Gallimard, collection « écoutez lire », août 2019, 1 CD mp3 d’une durée de 6 heures 30 minutes sous boîtier au format 13,8 x 18,7 cm avec couverture en couleurs, 21,90 € (prix France)

Moi, Tituba sorcière… par Maryse Condé, Paris, Éditions Gallimard, collection « Folio », août 1988, 288 pp. au format 10,8 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 8,40 € (prix France)

Date de publication
mercredi 28 août 2019
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