« Ma liberté, devant tes volontés, mon âme était soumise. » (Georges Moustaki)

Avec plus de 150 acquittements à son actif, Éric Dupond-Moretti (°1961 à Maubeuge) est l’avocat-pénaliste le plus célèbre de France.

Né Éric Dupond, il est le fils unique de Jean-Pierre Dupond, ouvrier métallurgiste originaire de l’Avesnois, et d’Elena Moretti, femme de ménage d’origine italienne. Ses grands-parents paternels, Achille et Louise, sont également ouvriers. Il perd son père à l’âge de quatre ans, sa mère l’élève alors seule. Il fait ses études secondaires au lycée catholique Notre-Dame, à Valenciennes, où il obtient son baccalauréat.

Sa vocation d’avocat puise ses origines dans une histoire familiale : son grand-père maternel, immigré italien, est retrouvé mort en 1957 dans des conditions suspectes, le long d’une voie ferrée. Son oncle porte plainte afin qu’une enquête soit ouverte.

Cela le décidera à choisir la voie du droit. Comme plusieurs grands pénalistes orphelins de père (Robert Badinter, Georges Kiejman, Hervé Temime), son enfance est marquée par ce sentiment d’injustice.

Alors que sa mère est devenue femme de ménage, il effectue plusieurs petits boulots pour financer ses études : fossoyeur, maçon, ouvrier à la chaîne, déchargeur de sacs de sable, serveur dans des boîtes de nuit ou serveur de restaurant, pion.

À l’issue de ses études de droit, il est reçu à l’examen d’entrée à l’école d’avocats. Il est lauréat ex æquo de la Conférence du stage, le concours d’éloquence des avocats du barreau de Lille.

Après avoir prêté serment comme avocat le 11 décembre 1984 à Douai, il s’inscrit au barreau de Lille où il commence sa carrière dans les prud’hommes, puis dans les commissions d’office avec pour mentors l’avocat lillois Jean Descamps et l’avocat toulousain Alain Furbury dont il porte aujourd’hui la robe.

Il obtient son premier acquittement le 27 mars 1987.

Pour ses résultats, il est surnommé « Acquittator » dans les prétoires, en référence à Terminator. Ses victoires lui valent aussi le surnom d’« Ogre du Nord ». Son aversion contre une certaine magistrature, « institution de faux-culs, petit monde de l’entre-soi et de l’irresponsabilité » et le rapport de force qu’il engage avec les magistrats lors des procès font que certains d’entre eux voient en lui un « terroriste des prétoires ».

En 2016, il s’inscrit au barreau de Paris.

Amoureux des grandes chansons françaises, notamment Ma Liberté de Georges Moustaki magnifiquement interprétée par Serge Reggiani, il a fait paraître sous ce titre un ouvrage remarquable, un dialogue avec le journaliste Denis Lafay, illustré par Pascal Lemaître et paru aux Éditions de l’Aube à La Tour-d’Aigues, constituant une sélection de confessions, de révélations, d’analyses, qui exposent grandement ce combattant du libre-arbitre.

Il y traite en profondeur de toutes les libertés, la sienne bien sûr, mais aussi celle des autres, de chaque autre et de tous les autres, cette liberté que les diktats de l’hygiénisme de l’uniformité, de la transparence, de la sécurité, de la moralisation mettent aujourd’hui en péril.

Il a déjà publié, chez le même éditeur, Le droit d’être libre (2018).

PÉTRONE

Ma Liberté par Éric Dupond-Moretti, introduction et édition par Denis Lafay, illustrations de Pascal Lemaître, La Tour-d’Aigues, Éditions de l’Aube, collection « Les Illustrés », novembre 2019, 208 pp. en noir et blanc au format 20 x 20 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 19,90 € (Prix France)

Quelques plaidoiries d’Éric Dupond-Moretti

– En 1990, il a permis l’acquittement de Jean-Pierre Deulin, accusé en 1987 du meurtre de sa femme, qui s’était en réalité suicidée.

– En 1991, il est avec François La Phuong avocat de la défense de quatre militaires lors du procès des paras de Francazal pour le meurtre d’une jeune femme, de deux adolescentes et d’un garde-chasse. Les quatre accusés sont tous condamnés à la prison à perpétuité avec une peine de sureté de trente ans pour Philippe Siauve et Thierry El Borgi (les deux chefs), quinze ans pour Thierry Jaouen, et treize ans pour Franck Feuerstein.

– En 1993, lors de l’affaire VA-OM, il défend Jacques Glassmann.

– En octobre 2001, il défend Omar Zemmiri lors du procès des membres du gang de Roubaix. Zemmiri est condamné à 28 ans de prison ferme.

– En juillet 2004, parmi ses acquittements figure celui de la « boulangère » Roselyne Godard, lors du premier procès d’Outreau, devant la cour d’assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais), cette affaire le faisant accéder à une notoriété nationale.

– En février 2006, il obtient l’acquittement de Jean Castela, considéré comme le commanditaire de l’assassinat du préfet Claude Érignac, condamné à trente ans de réclusion criminelle en première instance.

– En mai 2006, il parvient à obtenir en appel, l’acquittement de Michel Pinneteau. Celui-ci avait été préalablement condamné en 2004 à 30 ans de prison dans l’affaire dite « des corps sans têtes de l’Estéron ». Il est en revanche condamné à trois ans de prison dans la même affaire pour « vols avec armes ».

– En 2009, il fait partie de l’équipe de cinq avocats chargés d’assurer la défense de Jérôme Kerviel. C’est également lui qui devait assurer la défense de Jean-Pierre Treiber lors de son procès (prévu en avril 2010) avant le suicide de ce dernier le 20 février 2010.

– En 2010, il plaide pour Jacques Viguier : il obtient la confirmation de son acquittement lors du procès en appel devant la cour d’assises du Tarn, le 20 mars 2010.

– Le 24 juin 2011, il obtient l’acquittement de Loïc Sécher qui a déjà passé neuf années en prison, à la suite d’une condamnation pour viol à seize ans de prison. Dupond-Moretti plaide lors du procès en appel et affirme que cette affaire Sécher était un « fiasco dû à la dictature de l’émotion ».

– En juin 2012, il assure la défense d’Abdelkader Merah. Celui-ci est accusé de complicité dans les attentats perpétrés par son frère Mohamed ayant abouti à la mort de trois militaires, trois enfants et un professeur en mars 2012 dans la région de Toulouse. Toutefois son client est condamné, en appel, à trente ans de réclusion criminelle le 18 avril 2019 pour « association de malfaiteurs » et « complicité d’assassinats ».

– En octobre 2012, il assure la défense de Nikola Karabatic reconnu coupable d’escroquerie en juillet 2015 et condamné à 10 000 euros d’amende par le tribunal de Montpellier où il était jugé pour escroquerie dans l’affaire des paris suspects liés au match truqué de mai 2012 entre Cesson et Montpellier.

– En juin 2013, il assure la défense de Bernard Tapie et plus précisément « juridiquement et médiatiquement » les sociétés de son groupe des « attaques et mensonges » dans le cadre de l’enquête sur l’arbitrage dans son conflit avec le Crédit lyonnais.

– Lors du troisième procès du docteur Jean-Louis Muller, devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle, il obtient son acquittement, le 31 octobre 2013. Le docteur Muller, qui a toujours clamé que son épouse s’était suicidée à leur domicile d’Ingwiller, en 1999, avait précédemment été condamné à deux reprises pour « meurtre » à vingt ans de réclusion criminelle, d’abord en 2008, par la cour d’assises du Bas-Rhin, puis en 2010, en appel, par la cour d’assises du Haut-Rhin, l’arrêt de la cour d’appel ayant été annulé en 2011 par la Cour de cassation.

– En 2016, il est l’avocat de Karim Benzema mis en examen le 20 juillet 2010 pour « sollicitation de prostituée mineure ». Celui-ci est relaxé.

– Le 10 mai 2016, il assure également la défense de l’opposant congolais, ex-gouverneur du Katanga et candidat à l’élection présidentielle, Moïse Katumbi Chapwe, dans le cadre de l’enquête concernant le recrutement de mercenaires étrangers. Il sera ensuite mandaté par le même Moïse Katumbi Chapwe pour déposer une plainte devant le Comité des Droits de l’Homme des Nations unies afin d’y obtenir la reconnaissance des droits civils et politiques de l’ex-gouverneur de la province du Katanga dans un contentieux l’opposant au gouvernement de son pays.

– Le 19 octobre 2016, il assure la défense en appel de Jo Baron, accusé de la destruction du portique écotaxe de Lanrodec, lors de la révolte des bonnets rouges.

– En 2017, il défend une nouvelle fois le footballeur Karim Benzema lors de l’affaire de la « sextape ».

– En février 2018, il est l’avocat en appel de Jérôme Cahuzac, ancien ministre délégué chargé du Budget auprès du ministre de l’Économie et des Finances de François Hollande, épinglé par le Parquet national financier et accusé de fraude fiscale. Suggérant d’aggraver sa peine en alourdissant la partie de sursis, il lui permet d’écoper de quatre ans de prison dont deux ferme, contre trois ans ferme à son premier procès, ouvrant la voie à un aménagement possible qui lui permettra de ne pas aller derrière les barreaux, mais de porter un bracelet électronique.

– Le 15 novembre 2018, il obtient l’acquittement de Georges Tron dans le cadre d’une affaire de viols en réunion sur plusieurs de ses collaboratrices.

– En 2019, il est l’avocat de Patrick Balkany, maire de Levallois-Perret et de son épouse et première adjointe Isabelle, jugés dans l’« affaire Balkany » pour blanchiment de fraude fiscale au titre des impôts sur le revenu et la fortune et pour avoir constitué frauduleusement et dissimulé un important patrimoine immobilier en recourant à des sociétés étrangères, notamment sur l’île de Saint-Martin et au Maroc.

– En 2019, il est recruté par l’État français pour défendre les policiers dans le procès visant Jean-Luc Mélenchon. [1]


[1] Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ric_Dupond-Moretti

Date de publication
vendredi 22 novembre 2019
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