« Il fut un moment de la conscience humaine. » (Anatole France)

Au moment où la polémique agite le landernau à propos d’un film de Roman Polanski sur le même sujet, saluons la publication, aux Éditions Glénat à Grenoble, de L’affaire Zola par Jean-Charles Chapuzet, Christophe Girard et Vincent Grave, un album de bandes dessinées en tout point remarquable (le scénario est bien ficelé et le graphisme est des plus réussis) retraçant, raconté par son épouse Alexandrine, le parcours de vie et le combat dans l’affaire Dreyfus mené par Émile Zola, l’un des plus grands écrivains de son époque qui signa le 13 janvier 1898 en une de L’Aurore l’article le plus célèbre de l’histoire du journalisme, « J’accuse… ! » qui lui a valu un procès pour diffamation et un exil à Londres la même année.

Né à Paris le 2 avril 1840 et mort assassiné dans cette ville le 29 septembre 1902, Émile Zola, orphelin de père en 1847, passa son enfance à Aix-en-Provence où il se lia d’amitié avec Paul Cézanne avant de rentrer à la capitale française et de se faire embaucher par Louis Hachette comme commis dans sa librairie le 1er mars 1862.

C’est le point de départ d’une carrière littéraire principalement connue pour Thérèse Raquin (1867) et surtout Les Rougon-Macquart [1], fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations et dont chacun des représentants d’une époque et d’une génération particulière fait l’objet d’un roman.

Ses premiers succès littéraires le placent d’emblée comme le chef de file des naturalistes : Zola raconte le monde tel qu’il est, prend la défense des faibles, des peintres et des poètes, pourfend Napoléon III, l’ordre moral et la corruption des politiques.

Quand il découvre, horrifié, l’injuste calvaire que subit le capitaine Dreyfus, au lieu de se maintenir dans le confort, celui d’un auteur reconnu, il se lance au péril de sa vie dans la bataille qui s’achèvera en 1906, par un arrêt de la Cour de cassation qui innocente et réhabilite définitivement Dreyfus.

Quatre ans après la mort de l’écrivain, asphyxié par la combustion lente d’un feu couvert produite par la cheminée de sa chambre à coucher qui avait été bouchée par un ramoneur membre de la Ligue des patriotes…

Lors des obsèques, Anatole France déclara : « Il fut un moment de la conscience humaine. »

Une délégation de mineurs de Denain accompagna le cortège, scandant « Germinal ! Germinal ! ».

Les cendres d’Émile Zola ont été transférées au Panthéon le 4 juin 1908 [2].

PÉTRONE

L’affaire Zola par Jean-Charles Chapuzet, Christophe Girard et Vincent Grave, Grenoble, Éditions Glénat, collection « 1000 Feuilles », octobre 2019, 124 pp. en quadrichromie au format 20,5 x 27,4 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 22 € (prix France)


[1] La Fortune des Rougon (1871), La Curée (1872), Le Ventre de Paris (1873), La Conquête de Plassans (1874), La Faute de l’abbé Mouret (1875), Son Excellence Eugène Rougon (1876), L’Assommoir (1878), Une page d’amour (1878), Nana (1880), Pot-Bouille (1882), Au Bonheur des Dames (1883), La Joie de vivre (1883), Germinal (1885), L’Œuvre (1886), La Terre (1887), Le Rêve (1888), La Bête humaine (1890), L’Argent (1891), La Débâcle (1892) et Le Docteur Pascal (1893).

[2] Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Zola

Date de publication
dimanche 24 novembre 2019
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