Les feux de l’amour…

Historien, écrivain et essayiste français, maître de conférences à Sciences Po, avec à son actif une trentaine de livres sur l’histoire politique et policière de la France, coauteur d’une série de documentaires sur les députés d’autrefois, Les Aventuriers de la République, et auteur de deux pièces de théâtre, La Valise de Jaurès et Quelle République voulons-nous ? ainsi que de deux téléfilms, La Séparation et La Française doit voter, Bruno Fuligni (°1968) est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (section Service public, promotion 1991).

Après avoir participé à la rédaction du compte rendu analytique des séances de l’Assemblée nationale (1996-2005), il a dirigé la Mission éditoriale de l’Assemblée nationale (2005-2012).

Régent du Collège de Pataphysique, c’est un grand amateur d’histoire, d’utopies et d’aventures humaines insolites.

Il dirige la collection « Archives du crime » aux éditions de l’Iconoclaste et, depuis 2014, la revue Folle Histoire aux Éditions Prisma.

Il publie ses jours-ci aux Éditions du Rocher à Monaco Landru – L’élégance assassine, le récit, enlevé comme à son habitude, narré par l’inspecteur de police Jean dit Jules Belin [1], de l’enquête sur les crimes du « sire de Gambais », alias « le Barbe-Bleue de Seine-et-Oise » ou encore « l’homme aux 283 femmes », Henri Désiré Landru, né le 12 avril 1869 à Paris et mort sous la guillotine le 25 février 1922 à Versailles, condamné pour le meurtre de onze personnes dont dix femmes, un serial killer qui n’avoua jamais et fit en sorte qu’on ne retrouva de cadavres ni chez lui ni nulle part.

Père de quatre enfants et escroc de bas-étage caché sous de faux noms, Landru accumula les condamnations à des peines d’amende puis de prison (deux ans en 1904, treize mois en 1906, trois ans en 1909) jusqu’en 1914, année où il enclencha la vitesse supérieure en se faisant passer pour un homme veuf, célibataire et disposant d’une certaine aisance, et où il entreprit de séduire des femmes seules possédant des économies et menant une vie isolée de leur entourage.

Il leur faisait miroiter le mariage et les invitait à séjourner quelques jours dans une villa isolée qu’il louait, d’abord à Chantilly, puis à Vernouillet, et enfin à Gambais, pour les tuer et faire disparaître leurs corps dans la nature après en avoir brûlé les têtes, les mains et les pieds dans la cuisinière à charbon [2].

Les investigations commencèrent le 6 avril 1919, à propos de la disparition mystérieuse de deux veuves, Mmes Collomb et Buisson, et le jour même, la sœur de cette dernière reconnut Landru dans la rue de Rivoli.

Bientôt arrêté, celui-ci joua au chat et à la souris avec la Justice tout au long de l’enquête et du procès qui s’ensuivit, accumulant les bons mots, les sentences cyniques et suscitant une admiration malsaine [3], jusqu’à son exécution par Anatole Deibler, bourreau de la République.

L’ouvrage, agrémenté d’un cahier de photographies en couleur, se conclut par divers documents d’époque (des chansons, des textes de Jules Romains, de Colette, d’Henri Béraud et d’André Salmon) et une bibliographie très complète.

Un livre brûlant de vérité !

PÉTRONE

Landru – L’élégance assassine par Bruno Fuligni, Monaco, Éditions du Rocher, septembre 2020, 211 pp. en noir et blanc + 1 cahier de 16 pp. de photographies en quadrichromie au format 13,5 x 21,6 cm sous couverture brochée en couleurs, 18,90 € (prix France)


[1] Jeune inspecteur à cette époque (35 ans), il décroche un bac de sciences et lettres – une rareté à l’époque –, puis devient secrétaire de commissariat, mais il s’ennuie dans un commissariat de quartier de Paris. Il intègre les Brigades du Tigre en 1907, participe à l’arrestation de la Bande à Bonnot puis à celle de Landru, ce qui lui vaut d’être l’un des modèles de Georges Simenon pour son commissaire Maigret (Source : Roald Billebault, « Le flic oublié » dans La Gazette de Côte d’Or no 143, 20 mai 2009.) Il est décédé en mai 1971. Bruno Fuligni s’est basé sur son livre de souvenirs, Trente ans de Sûreté nationale (Bibliothèque France-Soir, 1950).

[2] La maison de Gambais fut, après l’exécution de Landru, pillée par la foule, puis vendue à un restaurateur qui la rebaptisa Au Grillon du Foyer et aménagea une partie de la bâtisse en musée jusqu’en 1940.

[3] De son incarcération en 1919 jusqu’à son exécution en 1922, il aurait reçu plus de 4 000 lettres d’admiratrices dont 800 demandes en mariage.

Date de publication
lundi 24 août 2020
Entrez un mot clef :