Le capitaine Haddock est octogénaire…

C’est le 2 janvier 1941 qu’est apparu pour la première fois le Capitaine Haddock dans Le Soir Jeunesse

Et sa première rencontre avec Tintin a eu lieu le 9 janvier 1941 dans Le Crabe aux Pinces d’Or qui paraissait en feuilleton dans ce journal, qui sortit en album à la fin de la même année et dont les Éditions Casterman remettent en avant une version anastatique pour commémorer les 80 ans du personnage.

En voici le communiqué de presse :

« Rien ne prédestinait Archibald Haddock, capitaine de la marine marchande, à devenir le personnage préféré des lecteurs de Tintin. Au moment de sa première apparition dans Le Crabe aux Pinces d’Or, son caractère et son visage restent encore imprécis.

Aucun trait ne le distingue a priori des nombreux personnages secondaires que Tintin a déjà croisés sans qu’ils prennent pour autant une place déterminante à ses côtés. Qualifié de “vieil ivrogne” par son second Alan, Haddock porte déjà un pull à col roulé bleu, mais il ne sait pas encore que son équipage trafique l’opium.

Hirsute et barbu, le nez allongé et pointu, les yeux cernés par deux pattes d’oie, c’est un adulte pathétique qui fond en larmes à la simple évocation de sa “vieille mère”. Bientôt, il met le feu à un canot de sauvetage et assomme Tintin alors que celui-ci est aux commandes d’un hydravion. Un peu plus tard, en proie au délirium, il tente même d’étrangler le reporter au cours d’une scène particulièrement inquiétante.

Dans la même aventure, sa légendaire propension aux insultes est révélée par une attaque de pillards dans le désert : ils ont eu le malheur de faire voler en éclats sa bouteille, déclenchant ainsi sa colère…

Sa logorrhée vengeresse puise sa source dans un vocabulaire aussi riche qu’inattendu : “C’est surtout la sonorité qui me guide, confiait Hergé à Numa Sadoul. Il y a des termes qui ne sont pas des injures mais qui, lancés avec une certaine véhémence, ont l’air d’épouvantables insultes”.

On dénombre 221 jurons tels que “Mille sabords !” (166 fois), “Tonnerre de Brest !” (144 fois), “bachi-bouzouk” (21 fois), “ectoplasme” (19 fois), “moule à gaufres” (16 fois), “zouave” (16 fois), “cornichon” (14 fois), “iconoclaste” (9 fois), et, plus rarement, “anthropopithèque”, “apophtegme”, “bayadère de carnaval”, “boit-sans-soif”, “catachrèse”, “coloquinte à la graisse de hérisson”, “emplâtre”, “Frère de la côte”, “marchand de guano”, “marin d’eau douce”, “oryctérope”, “sapajou” ou même “tchouk-tchouk nougat”…

Descendant du Chevalier François de Hadoque et propriétaire du château de Moulinsart, le capitaine Haddock est, selon Hergé, un “homme d’humeurs, bonnes ou mauvaises”.

Ses réactions excessives, ses maladresses, sa naïveté, son courage et sa générosité en font un personnage beaucoup plus humain que Tintin dont il partage 15 aventures, entraîné bon gré mal gré du Pérou au Tibet et de la Syldavie à la Lune.

Hergé a donné au capitaine Haddock un rôle si important que le marin bourru au cœur tendre s’impose, dans la galerie de ses personnages, comme le plus attachant et le plus mémorable. »

Bachi-bouzouk qui s’en dédit !

PÉTRONE

Le Crabe aux Pinces d’Or par Hergé, Bruxelles, Éditions Casterman, novembre 1989 [fac-similé de l’édition de 1941], 105 pp. en noir et blanc au format 24,5 x 32 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 20 €

Date de publication
mercredi 6 janvier 2021
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