Peinture à points…

À l’occasion de l’exposition « Signac » qui sera présentée au musée Jacquemart-André à Paris du 5 mars au 19 juillet 2021, les Éditions Gallimard ressortent, dans leur remarquable collection « Découvertes », l’essai d’Anne Distel intitulé Signac au temps d’harmonie paru initialement en 2001.

Spécialiste de la peinture impressionniste, Anne Distel (°1947) est conservatrice générale honoraire du patrimoine au musée d’Orsay et auteure de nombreux ouvrages sur la peinture du XIXsiècle. De 2004 à 2009, a été cheffe du département des collections à la direction des Musées de France. Elle est aussi professeure d’histoire de l’art à l’université Paris Sorbonne-Paris IV.

Paul Signac (1863-1935) est un peintre paysagiste français, proche du mouvement libertaire, qui donna naissance au pointillisme, avec le peintre Georges Seurat (1859-1891). Il a aussi mis au point la technique du divisionnisme[1].

Impressionniste à vingt ans, avec Claude Monet (1840-1926) pour modèle, Signac, convaincu de l’efficacité de la méthode de son ami Seurat, devient en 1886 néo-impressionniste, et le théoricien du mouvement.

Il sympathise alors avec le symbolisme littéraire, surtout en Belgique. Il en retient plusieurs éléments, notamment l’idée d’une harmonie à mi-chemin du paradis perdu de l’âge d’or ainsi que celle de l’utopie sociale jointe à l’ambition d’un art total.

En 1892, il découvre Saint-Tropez, où il achètera cinq ans plus tard la villa La Hune, et il organise les expositions posthumes de Seurat à Bruxelles et à Paris. En 1894, il s’essaye à la grande peinture décorative, surtout pour un immense tableau – depuis 1938, propriété de la mairie de Montreuil –, Au temps d’harmonie dont le thème est celui d’un âge d’or du XXsiècle.

Au temps d’harmonie, Paul Signac, 1893-1895

Huile sur toile, 410 × 310 cm, collection mairie de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

© Wikimedia Commons

La plupart des peintres importants de l’époque firent une sorte de pèlerinage chez Signac à Saint-Tropez, parmi lesquels des personnalités aussi différentes que Matisse et Maurice Denis.

Signac est passionné par la mer et il possède un petit yacht avec lequel il navigue le long des différentes côtes françaises. Dès 1888, il est attiré par les idées anarchistes. En 1891, lors du salon des indépendants, il présente un portrait de son ami Félix Fénéon avec qui il partage son engagement politique ; le portrait fait sensation.

Portrait de Félix Fénéon

Huile sur toile (1890)

Museum of Modern Art (New York).

Photographed by de Benutzer Hans Bug. See MoMA, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=489515

La Calanque (1906)

Musées royaux des Beaux-arts de Belgique (Bruxelles).

Photographed by Szilas, edited by Thegreenj, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2689473.

Peintre, écrivain, marin, anarchiste, Signac n’a cessé d’affirmer avec force ses convictions, soucieux, avant tout, d’offrir par sa peinture, comme le montre Anne Distel, « de belles lignes, de belles couleurs, sans souci de mode, d’anecdote ou de littérature ».

PÉTRONE

Signac au temps d’harmonie par Anne Distel, Paris, Éditions Gallimard, collection « Découvertes », février 2021, 128 pp. en quadrichromie au format 12,5 x 17,8 cm sous couverture brochée en couleurs, 16,10 € (prix France)


[1] Le pointillisme est un mouvement artistique de la peinture et une technique picturale qui utilise de petites zones de couleur juxtaposées plutôt que des mélanges de pâtes colorées. La peinture par touches était connue depuis le XVIe siècle au moins ; Georges Seurat en a fait dans les années 1880 un système, que la critique a désigné, de façon plutôt péjorative, comme « pointillisme ». Paul Signac l’a théorisé sous le nom de « divisionnisme ». Le procédé et le discours théorique de Signac ont séduit pendant quelques années, essentiellement en France et en Belgique, des peintres comme Camille Pissarro, Maximilien Luce, Théo van Rysselberghe, classés dans un courant artistique, dit « néo-impressionniste », issu de l’impressionnisme d’une part, et de ce que Seurat a tiré des recherches optiques de Michel-Eugène Chevreul et des écrits de Charles Blanc, tandis qu’il s’attirait les sarcasmes de Paul Gauguin. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pointillisme). Le divisionnisme est préoccupé par la théorie des couleurs tandis que le pointillisme est davantage axé sur le style spécifique de pinceau utilisé pour appliquer la peinture. (https://www.guide-artistique.com/histoire-art/pointillisme).

Date de publication
samedi 6 février 2021
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