« Associé avec une femme, le démon lui-même perd la partie. » (Proverbe polonais)

Prouvant à sa manière que les femmes sont bien les égales des hommes, l’ouvrage collectif [1] rédigé sous la direction du conteur brillantissime Bruno Fuligni et publié chez First à Paris sous le titre Les Furies de l’Histoire dresse 15 portraits de femmes qui ont marqué l’histoire, par leur cruauté, leur sadisme et leur violence.

Il s’agit de :

Clytemnestre (ca XIIsiècle avant Jésus-Christ), l’épouse « perfide » d’Agamemnon. Selon la légende, Agamemnon, ainsi que Cassandre, la captive et concubine qu’il avait ramenée avec lui, furent tués à leur retour de Troie. Par Clytemnestre elle-même selon Eschyle. Pour Homère, Égisthe, l’amant de Clytemnestre, tua Agamemnon, mais ce fut Clytemnestre qui égorgea Cassandre…

Agrippine la Jeune (15-59), épouse et meurtrière de son oncle Claude (empereur de 41 à 54) qu’elle fit empoisonner avant d’être elle-même assassinée sur ordre de son fils Néron (empereur de 54 à 68).

Frédégonde (ca 545-597), la serial-killeuse du Regnum Francorum qui mourut « entourée de l’affection de ceux des siens qu’elle n’avait pas eu le temps d’estourbir »[2].

Irène de Byzance (752-803) qui fit crever les yeux de son fils afin de régner à sa place.

– la « comtesse sanglante » hongroise Erzsébet Báthory (1560-1614) qui se baignait dans du sang de jeune fille pour entretenir son teint.

– la comtesse russe Daria Nikolaïevna Saltykowa (1730-1801) reconnue coupable de 38 meurtres, dont 35 de femmes.

– l’impératrice douairière Tseu-Hi (1835-1908), qui exerça d’une main de fer la réalité du pouvoir en Chine pendant 47 ans, de 1861 à sa mort.

– la Créole francophone de La Nouvelle-Orléans Delphine Lalaurie (1787- ca 1849), esclavagiste sadique et tortionnaire par hobby.

Louise Bessarabo (1868-1931), « le Landru féminin », féministe militante célèbre pour l’assassinat de son mari dont le cadavre avait été expédié dans une « malle sanglante » de Paris à Nancy, par chemin de fer.

Irma Grese (1923-1945) dite « la Chienne d’Auschwitz » à cause de son comportement particulièrement cruel et pervers à l’égard des prisonniers dans les camps de concentration nazis de Ravensbrück, d’Auschwitz et de Bergen-Belsen et qui pendue le 13 décembre 1945 à la prison de Hamelin.

Ilse Koch (1906-1967), « la Sorcière de Buchenwald », épouse de Karl Koch, le premier commandant de ce camp de concentration. Elle avait une collection personnelle de préparations anatomiques, notamment des abat-jour en peau humaine tatouée. Sa deuxième passion était l’équitation et elle chevauchait à travers le camp en interdisant aux détenus de la regarder. Les fautifs étaient vouéés à la schlague et au cachot. Elle fut condamnée par les Américains à la prison à perpétuité lors du procès de Buchenwald en 1947, et par les Allemands lors du procès d’Augsbourg en 1951.

Savitri Devi (1905-1982), une Française d’origine grecque convertie au paganisme aryen dans les années 1920, épouse du brahmane Asit Krishna Mukherji, partisane de l’indépendance de l’Inde, puis finalement propagandiste après-guerre d’un néonazisme mêlé d’hindouisme. Elle est également l’une des pionnières de l’écologie profonde[3], notamment avec son livre Impeachment of Man.

– La Sudiste américaine Georgia Tann (1891-1950), une trafiquante d’enfants volés, orphelins adultérins ou issus de familles misérables, opérant dès 1920 à Memphis (Tennessee) à travers la Children’s Home Society, son agence d’adoption.

Domenica Walter (1898-1977), une riche collectionneuse d’art française dont les deux époux successifs sont morts dans des circonstances suspectes et qui tenta de faire occire son fils unique adoptif par un de ses nombreux amants, puis de le faire accuser faussement de proxénétisme afin qu’il n’héritât pas de la collection de son père.

– et l’androphobe Valerie Solanas (1936-1988), une intellectuelle féministe radicale américaine qui dans un manifeste proposait aux femmes « de renverser le gouvernement, d’éliminer le système d’argent, d’instituer l’automatisation totale et d’éliminer le sexe masculin ». Le 13 juin 1968, parce qu’un contrat d’édition de ses écrits qui lui avait été proposé ne lui plaisait pas, elle tira trois coups de feu sur l’artiste Andy Warhol (1928-1987), un autre dans la hanche du critique d’art Mario Amaya et elle tenta d’abattre à bout portant l’imprésario de Warhol, mais son pistolet s’enraya.

Laissons la conclusion à Bruno Fuligni :

« Furies, harpies, gorgones, démones, vipères, mégères, sorcières, teignes, dragons, tigresses… Elles se sont donné rendez-vous dans les pages de ce livre. »

PÉTRONE

Les Furies de l’Histoire, ouvrage collectif sous la direction de Bruno Fuligni, illustrations de Loïc Sécheresse, Paris, Éditions First, collection « Historissimo », mai 2021, 270 pp. en noir et blanc au format 14 x 22,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 18,95 € (prix France)


[1] Avec des textes de David Alliot, Hélios Azoulay, Jean-Yves Boriaud, Christophe Bourseiller, Nicolas Carreau, Philippe Delorme, Philippe Di Folco, Matthieu Frachon, Bruno Fuligni, Bruno Léandri, Stéphane Mahieu, Nicolas Mietton, Clémentine Portier-Kaltenbach, Claude Quétel, et Pascal Varejka.

[2] Page 50.

[3] L’écologie profonde ou radicale est une philosophie écologiste contemporaine qui se caractérise par la défense de la valeur intrinsèque des êtres vivants et de la nature, c’est-à-dire une valeur indépendante de leur utilité pour les êtres humains.

Date de publication
samedi 12 juin 2021
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