Éloge des beautés de l’Ancien Régime…

Connu d’un large public en raison du prix littéraire prestigieux créé par le testament de l’aîné en 1892, le nom des frères Edmond (1822-1896) et Jules (1830-1870) Huot de Goncourt l’est nettement moins en raison de leurs œuvres, écrites parfois ensemble, à l’exception de leur interminable Journal, fréquemment cité, mais rarement lu…

Sans doute est-ce parce qu’ils sentent le soufre, réactionnaires patentés, antisémites purulents et misogynes virulents qu’ils étaient dans le privé.

Pourtant – et paradoxalement –, ils ont placé la femme au cœur de leurs romans naturalistes (Sœur Philomène, 1861, Renée Mauperin, 1864, Germinie Lacerteux, 1865, Manette Salomon, 1867, Madame Gervaisais, 1869) et dénoncé avec vigueur le sort auquel elle était réduite dans la société bourgeoise française du XIXe siècle.

Il est vrai que leur passion commune allait au siècle précédent, auquel ils consacrèrent des essais d’envergure comme Histoire de la société française pendant la Révolution (1854), Portraits intimes du XVIIIe siècle (1857), Histoire de Marie-Antoinette (1858), L’art du dix-huitième siècle (1859-1870), La Duchesse de Châteauroux et ses sœurs (1879) et Madame de Pompadour (1888).

Mais aussi La femme au XVIIIe siècle (1887) dont les Éditions Flammarion ressortent en version de poche dans la collection « Champs classiques » la version qu’elles avaient fait paraître en 1982 avec une passionnante préface d’Élisabeth Badinter qui rend hommage à leur travail de recherche.

C’est « qu’ils ont consacré une grande partie de leur vie à enquêter sur les mœurs d’alors. De la mode à la politique, en passant par les couvents et les salons, ils célèbrent dans cet essai la toute-puissance de la femme à l’époque des Lumières, et en particulier l’aristocrate parisienne, qui se distingue par son élégance, son intelligence et sa liberté affective et sexuelle. Décriés et négligés en leur temps, les frères Goncourt figurent parmi les précurseurs de la Nouvelle Histoire[1] ».

Le tout dans un style éblouissant !

PÉTRONE

La femme au XVIIIe siècle par Edmond & Jules de Goncourt, préface d’Élisabeth Badinter, Paris, Éditions Flammarion, collection « Champs classiques », novembre 2021 [1982], 503 pp. en noir et blanc au format 10,8 x 17,7 cm sous couverture brochée en couleurs, 12 € (prix France)

TABLE

Préface

Préface de la première édition

1. La naissance – le couvent – le mariage

2. La société – les salons

3. La dissipation du monde

4. L’amour

5. La vie dans le mariage

6. La femme de la bourgeoisie

7. Femme du peuple – la fille galante

8. La beauté et la mode

9. La domination et l’intelligence de la femme

10. L’âme de la femme

11. La vieillesse de la femme

12. La philosophie et la mort de la femme


[1] Quatrième de couverture.

Date de publication
mardi 7 décembre 2021
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