Stefan Hertmans, né le 31 mars 1951 à Gand, est un écrivain, poète et essayiste belge de langue flamande. Il a donné des conférences à la Sorbonne, aux universités de Vienne, Berlin et Mexico, à la Bibliothèque du Congrès (Washington) ainsi qu’à l’University College de Londres.
Il a connu un grand succès international avec Guerre et Térébenthine (2014, traduction française en 2015), nommé pour le Man-Booker International Prize (Londres) et traduit dans vingt-quatre langues.
On lui doit également Le cœur converti (2018), un roman historique qui a passionné de nombreux lecteurs en France.
Le point commun entre ces deux ouvrages est le fait que Stefan Hertmans a eu à connaître de près les sujets qu’il aborde, par le biais des carnets intimes de son grand-père pour le premier, et pour le deuxième après l’acquisition d’une résidence secondaire dans un petit village de l’Hexagone, Monieux, où il a découvert les vestiges d’une communauté juive du Moyen Âge sur laquelle il a enquêté.
Il en va de même pour le récit époustouflant intitulé Une ascension dont la traduction française est sortie chez Gallimard et dans lequel, après avoir découvert qu’il avait vécu, entre 1979 et 1999, dans une maison qui fut occupée de 1942 à 1944 par un ignoble collaborateur des nazis, Willem Verhulst (1898-1975), Stefan Hertmans s’est attaché à décrire la sinistre vie et les hauts méfaits de celui qui fut un officier SS V-Mann[1] et qui dressa des listes de Flamands, de Juifs et de communistes en vue de leur arrestation et de leur déportation dans les camps de concentration.
Membre du parti collaborationniste DeVlag dirigé par le flamingant Jef van de Wiele (1903-1979), Verhulst avait auparavant épousé Elza Meissner, une femme juive décédé au cours des années 1920, avant de se remarier en 1927 avec une Hollandaise, protestante de stricte obédience sans aucune sympathie pour le nazisme, qui lui donna trois enfants et resta à ses côtés en dépit de la découverte d’une liaison extraconjugale.
À la fin de la guerre, Verhulst s’enfuit à Hanovre, non sans avoir d’abord brûlé ses archives. Il fut ensuite arrêté et emprisonné de 1945 à 1947, année où il fut condamné à mort, une peine commuée en prison à vie par un décret en date du 22 mai 1950. Il a été libéré en 1953, ne s’est jamais repenti, et se considérait même comme un idéaliste injustement puni.
Il est mort en 1975 après avoir exprimé le souhait d’être enterré auprès de sa première femme Elza de confession juive…
En se fondant sur de nombreux documents, témoignages et photographies, Stefan Hertmans mène ici une enquête passionnante où se mêlent rigueur des faits et imagination propre à l’écrivain, dans la lignée des écrits de Joseph Kessel (1898-1979) et de Sorj Chalandon (°1952).
PÉTRONE
Une ascension par Stefan Hertmans, ouvrage traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin, Paris, Éditions Gallimard, collection « Du Monde entier », janvier 2022, 476 pp. en noir et blanc au format 14 x 20,5 cm sous couverture brochée en bichromie et bandeau en couleurs, 23 € (prix France)
[1] V-Mann ou V-Frau, pluriel V-Leute, était un terme utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale pour désigner les personnes qui chassaient les Juifs dans la clandestinité, ainsi que des pilotes et des membres de la résistance au nom de l’occupant allemand.