Sombres étoiles…

Formée à l’École normale supérieure de Lyon et à la Humboldt-Universität à Berlin, Isabelle Mity est agrégée d’allemand et docteure en études germaniques, et elle enseigne la langue et la civilisation allemandes à l’université Paris-Dauphine. Chroniqueuse régulière magazine Historia, elle préside également le Prix Historia du roman policier historique.

Elle a fait paraître chez Perrin un essai aussi original que passionnant et formidablement documenté, Les actrices du IIIReich – Splendeurs et misères des icônes du Hollywood nazi, dans lequel, à travers le parcours de stars et de starlettes du cinéma de divertissement (comédies, mélodrames, films d’amour, policiers, historiques…) promues par Goebbels qui en aimait certaines sur canapé – notamment les Suédoises Zarah Leander[1] et Kristina Söderbaum[2], la Norvégienne Kirsten Heiberg[3], l’Anglaise Lilian Harvey[4], la Hongroise Marika Rökk[5], la Tchèque Lida Baarova[6], la Russe Olga Tchekhova[7], la Néerlandaise Ilse Werner[8], les Autrichiennes Jenny Jugo[9], Paula Wessely[10] et Hilde Krahl[11], les Allemandes Sybille Schmitz[12], Camilla Horn[13], Brigitte Horney[14], Renate Müller[15], Lil Dagover,[16], Magda[17] et Romy[18] Schneider, Marianne Hope[19], Hannelore Schroth[20] –, elle retrace l’histoire, entre 1933 et 1945, des studios de la UFA et celle de la propagande nazie avec ses thèmes et ses anathèmes, ses modèles idéologiques et sociaux, ses gloires et ses vanités, ses pompes et ses pitreries, et pour tout dire son abjection, patente ou dissimulée, en tant que moyen de galvaniser le peuple et les troupes dans la tourmente de la guerre menée contre le monde civilisé.

Isabelle Mity, et c’est une première, explore et analyse ici le star-system nazi : le statut particulier et ambigu des comédiennes, leurs carrières, leurs vies personnelles, leurs rapports avec les hauts dignitaires, les rôles qui leur ont été dévolus à l’écran…

Une mine d’informations originales !

PÉTRONE

Les actrices du IIIReich – Splendeurs et misères des icônes du Hollywood nazi par Isabelle Mity, Paris, Éditions Perrin, mars 2022, 358 pp. en noir et blanc + 1 cahier de 8 pp. en quadrichromie au format 14 x 21 cm sous couverture brochée en couleurs, 22 € (prix France)


[1] Zarah Leander, née Sara Stina Hedberg le 15 mars 1907 à Karlstad (Suède) et morte le 23 juin 1981 à Stockholm (Suède), était une actrice et chanteuse suédoise. Elle a incarné dans l’Allemagne nazie le personnage qu’avait refusé Marlène Dietrich, celui de la femme sensuelle et fatale, contrepartie artistique de la « femme aryenne ». Prétendant tout ignorer de la politique, elle fit une carrière lucrative au service de la UFA.

[2] Kristina Söderbaum (5 septembre 1912, Stockholm – 12 février 2001, Hitzacker) était une actrice allemande d’origine suédoise. Elle était l’épouse de Veit Harlan (1899-1964), le réalisateur allemand de Le Juif Süss (Jud Süß en 1940), film de propagande antisémite en noir et blanc, qui fut projeté dans tous les pays occupés par l’Allemagne nazie.

[3] Kirsten Heiberg (25 avril 1907 – 2 mars 1976) était une actrice et chanteuse norvégienne et allemande qui a eu une carrière cinématographique majeure en Allemagne entre 1938 et 1954. Elle a atteint le sommet de sa carrière en jouant dans la version nazie de Titanic (1943).

[4] Lilian Harvey, de son vrai nom Lilian Helen Muriel Pape, née le 19 janvier 1906 à Hornsey (nord de Londres), et morte le 27 juillet 1968 à Antibes en France, était une actrice et une chanteuse anglo-allemande. Elle a tourné dans des chefs-d’œuvre comme Le chemin du paradis (1930), Le Congrès s’amuse (1931), puis dans des nanars comme Glückskinder (1936) et Les Sept Gifles (1937) avant de tomber en disgrâce et de s’exiler à Hollywood en 1941.

[5] Marika Karolina Rökk, née le 9 novembre 1913 au Caire (Égypte) et morte le 16 mai 2004 à Baden (Autriche) était une actrice germano-autrichienne d’origine hongroise. Devenue une vedette en 1934 avec son rôle dans La Cavalerie légère (Die leichte Kavallerie), elle a joué dans le premier film allemand en couleur, Les femmes sont les meilleurs diplomates (Frauen sind doch bessere Diplomaten) en 1941, et a obtenu un énorme succès avec La Femme de mes rêves (Die Frau meiner Träume) en 1944.

[6] Ludmila Babková, dite Lída Baarová, était une actrice tchèque, née le 7 septembre 1914 à Prague en Autriche-Hongrie et morte le 27 octobre 2000 à Salzbourg en Autriche. Elle est également connue pour avoir été la maîtresse de Joseph Goebbels entre 1936 et 1938. En 1936, elle fut la vedette féminine du film de propagande nazie Verräter de Karl Ritter (1888-1977).

[7] Olga Tchekhova née Olga Konstantinovna Knipper le 14 (26) avril 1897 à Alexandropol (aujourd’hui Gyumri en Arménie), dans l’Empire russe, et morte le 9 mars 1980 à Munich en Bavière, était une actrice russe qui prit la nationalité allemande en 1930 et qui fut célèbre en Allemagne entre les deux guerres. Elle a notamment tourné dans Le Renard de Glenarvon (Der Fuchs von Glenarvon), un film allemand de propagande nazie antibritannique réalisé par Max W. Kimmich (1893-1980) et sorti en 1940.

[8] Ilse Werner, née Ilse Charlotte Still le 11 juillet 1921 à Batavia (Indes orientales néerlandaises), aujourd’hui Jakarta (Indonésie), et décédée le 7 août 2005 à Lübeck (Allemagne), était une actrice et une chanteuse néerlandaise naturalisée allemande en 1955. Elle a tourné dans le film de propagande nazie L’Épreuve du temps d’Eduard von Borsody (1898-1970) sorti en 1940.

[9] Jenny Jugo (née Eugénie Walter à Mürzzuschlag le 14 juin 1904, décédée à Königsdorf le 30 septembre 2001) était une actrice autrichienne. Elle travailla pour la UFA de 1924 à 1943.

[10] Paula Wessely, née le 20 janvier 1907 à Vienne et morte le 11 mai 2000 dans cette même ville, était une actrice autrichienne. Elle rencontra le succès en 1934 avec son premier film Mascarade de Willi Forst (1903-1980), Son rôle dans le film de propagande Heimkehr (1941) fut sévèrement critiqué après la guerre.

[11] Hilde Krahl, née Hildegard Kolačný le 10 janvier 1917 à Brod (Autriche-Hongrie, maintenant Slavonski Brod en Croatie) et morte le 28 juin 1999 à Vienne (Autriche), était une actrice autrichienne. En 1942, elle a tenu le rôle-titre d’Anuschka dans le film éponyme de Helmut Käutner (1908-1980).

[12] Sybille Schmitz (Düren, 2 décembre 1909 – Munich, 13 avril 1955) était une actrice allemande. Ses apparitions les plus notables comprennent les films Le Journal d’une fille perdue (1929), de Georg Wilhelm Pabst, Vampyr (1932) de Carl Theodor Dreyer et la superproduction Titanic tournée dans l’Allemagne de 1943. Les dernières années de sa vie ont inspiré le film de Rainer Werner Fassbinder (1945-1982) Le Secret de Veronika Voss.

[13] Camilla Horn (1903-1996) fut une danseuse allemande et une vedette du cinéma muet ainsi que du parlant. En 1937, elle a tourné dans un film de propagande nazie antisoviétique, Le Cuirassé Sébastopol, qui se voulait une réplique au Cuirassé Potemkine (1925) de Sergueï Eisenstein (1898-1948).

[14] Brigitte Horney, née le 29 mars 1911 à Berlin et morte le 27 juillet 1988 à Hambourg, a tourné dans de nombreuses bluettes, mais aussi dans Aufruhr in Damaskus (Tumulte à Damas), un film allemand réalisé par Gustav Ucicky, sorti en 1939. Ce film fut officiellement qualifié par les nazis de « valable artistiquement » (« künstlerisch Wertvoll ») qui lui ont trouvé une « valeur politique spéciale » (« staatspolitisch Wertvoll »).

[15] Renate Müller était une actrice et chanteuse allemande, née à Munich le 26 avril 1906 et morte à Berlin le 7 octobre 1937. Elle fut l’une des stars les plus en vue du cinéma allemand du début des années 1930, bien qu’elle refusât de tourner dans les films de propagande du parti nazi. Elle est morte à 31 ans, officiellement d’épilepsie, bien que les circonstances de sa mort restent floues.

[16] Lil Dagover était une actrice allemande, née Maria Antonia Seubert, le 30 septembre 1887 à Madiun, sur l’île de Java (Indonésie), et morte le 23 janvier 1980 à Grünwald, dans la banlieue de Munich. Elle a incarné l’impératrice Eugénie dans le film biographique allemand de propagande nazie Bismarck (1940) mis en scène par Wolfgang Liebeneiner (1905-1987). Interdit de diffusion en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, il peut aujourd’hui être visionné par les personnes majeures de plus de 18 ans.

[17] Magda Schneider (Augsbourg, 17 mai 1909 – Berchtesgaden, 30 juillet 1996), était une comédienne et chanteuse allemande, mère de l’actrice Romy Schneider. Elle fut découverte par le cinéma en 1930. Certaines des chansons qu’elle a interprétées dans ses films (La Chanson d’une nuit, 1932 ; Am abend auf der Heide, 1941 ; Liebeskomödie, 1943) sont devenues des classiques. C’était une proche du haut dignitaire nazi Martin Bormann (1900-1945), par ailleurs Obergruppenführer SS, conseiller d’Adolf Hitler et père de dix enfants.

[18] Romy Schneider était une actrice germano-française, née le 23 septembre 1938 à Vienne (aujourd’hui en Autriche, à l’époque dans le Reich allemand) et morte le 29 mai 1982 à Paris. Durant sa petite enfance, elle eut à connaître, en raison du comportement de sa mère, l’environnement proche d’Adolf Hitler, à Berchtesgaden notamment.

[19] Marianne Hoppe (née le 26 avril 1909 ou le 26 avril 1911 et morte le 23 octobre 2002) était une actrice allemande de théâtre et de cinéma. Elle a joué dans Crépuscule (Der Herrscher), un film allemand réalisé par Veit Harlan, sorti en 1937, qui fut interdit après la guerre et ne peut pas être montré en public.

[20] Hannelore Schroth, née à Berlin le 10 janvier 1922 et morte à Munich le 7 juillet 1987, était une actrice et chanteuse allemande. Elle a notamment joué dans Sous les ponts (Unter den Brücken, un film allemand réalisé par Helmut Käutner et sorti en 1946. Mélodrame tourné en octobre 1944, il s’agit d’un des tout derniers films produits par l’Allemagne nazie. (Sources : Wikipédia.)

Date de publication
mardi 9 août 2022
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