Graine d’ananar…

Anarchiste d’envergure[1], à l’instar de Georges Brassens et, à sa façon, de Jacques Brel, Léo Ferré, né le 24 août 1916 à Monaco et mort le 14 juillet 1993[2] à Castellina in Chianti (Toscane, Italie), était un auteur-compositeur-interprète, pianiste, chef d’orchestre et poète français naturalisé monégasque[3] en 1953.

Il a enregistré plus d’une quarantaine d’albums originaux couvrant une période d’activité allant de 1943 à 1992.

De culture musicale classique, il a également dirigé à plusieurs reprises des orchestres symphoniques[4], en public ou à l’occasion d’enregistrements discographiques.

Il a transposé en chansons de nombreux poèmes de Charles Baudelaire, de Paul Verlaine, d’Arthur Rimbaud, de Guillaume Apollinaire, de Louis Aragon et de Jean-Roger Caussimon

Parmi ses succès pérennes et ses productions remarquables, pointons La Chanson du scaphandrier (1950), Monsieur William (1954), Le Piano du pauvre (1954), Pauvre Rutebeuf (1956), Le Temps du tango (1958), Dieu est nègre (1958), L’Âge d’or (1959), Jolie môme (1960), Comme à Ostende (1960), L’Affiche rouge (1961), Ni Dieu ni maître (1965), La Mort (1966), Le Pont Mirabeau (1968), Pépée (1969), C’est extra (1969), Les Anarchistes (1969), La Mémoire et la mer (1970), Avec le temps (1971), Allende (1977), Il est six heures ici et midi à New York (1979), On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans (1986), La Poisse (1990)…

Il a en outre publié plusieurs livres, dont Benoît Misère (1970), un récit autofictionnel dans lequel il met en scène son enfance vécue et fantasmée à Monaco ainsi que dans un pensionnat italien, au collège Saint-Charles de Bordighera tenu par les Frères des Écoles chrétiennes, tout en narrant son douloureux passage à « l’âge d’homme » en tant que victime de pratiques pédophiles du surveillant général.

Pour rendre hommage à l’artiste hors du commun décédé il y a trente ans, les Éditions Gallimard et La Mémoire et la mer ont remis en vente Léo Ferré – Les chants de la fureur (2013), une compilation posthume de l’intégralité de ses écrits, forte de 1623 pages.

L’occasion de (re)découvrir l’immense talent d’un poète du niveau de ceux qu’il a mis en musique !

PÉTRONE

Léo Ferré – Les chants de la fureur, anthologie, préface de Mathieu Ferré, Paris, Éditions Gallimard & La Mémoire et la mer, juin 2023 [2013], 1622 pp. en noir et blanc au format 14 x 22 cm sous couverture brochée en couleurs, 34 € (prix France)


[1] Dès 1948, Léo Ferré fréquenta le milieu libertaire parisien et participa à tous les galas de soutien organisés par le journal Le Libertaire (auquel collaborait Georges Brassens) et la Fédération anarchiste. Il resta fidèle jusqu’au bout à l’anarchie, qu’il décrivait comme une forme de solitude et d’amour, et comme la « formulation politique du désespoir », aidant à la création de Radio Libertaire et ne se produisant à Paris, les dernières années de sa vie, qu’au Théâtre libertaire de Paris.

[2] Le jour de la fête nationale française, une disparition en forme de pied-de-nez, donc…

[3] Issu de Marie Scotto, couturière de nationalité monégasque, et d’un père français — Joseph Ferré, directeur du personnel du casino de Monte-Carlo —, Léo Ferré est né français, et le fait d’avoir vu le jour à Monaco ne donnait pas droit automatiquement à la nationalité monégasque.

[4] Dont l’Orchestre Symphonique de Liège en 1975.

Date de publication
mardi 1 août 2023
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