L’historien suisse Fritz Stœckli (°1942) a été professeur à l’Université de Neuchâtel et commandant d’une brigade frontière de son pays. Membre étranger du centre d’études soviétiques de la Royal Military Academy Sandhurst (1984-1993) et conférencier au Staff College Camberley, il est l’auteur de travaux sur les opérations de l’armée soviétique depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’à la fin de la Guerre froide.

Il a été membre du comité de la Commission suisse d’histoire et de sciences militaires/ASHSM (1991-2007), puis membre du bureau de la Commission internationale d’histoire militaire de 2005 à 2015.

En 2010, l’École royale militaire de Belgique lui a décerné le titre de docteur honoris causa pour la qualité de ses travaux.

Auteur en 2020 chez Slatkine à Genève de L’Affaire des colonels, 1915-1916, Révélations des archives, il revient dans la même maison avec un nouvel essai fouillé – et bien illustré de cartes, photographies et documents –, Espionnage russe depuis la Suisse 1914-1917 – Les dépêches du général Golovan, dans lequel il décrit d’abord le contexte général et largement méconnu de l’espionnage russe en Europe durant la Grande Guerre, très cloisonné et coûteux, avant de présenter plus en détail celui opéré depuis la Suisse pour des raisons politiques (sa neutralité) et géographiques (sa situation au milieu des pays belligérants) très évidentes.

On apprend qu’en 1916-1917, on y trouve 15 organisations et sous-organisations, contre 5 aux Pays-Bas et au Danemark. Elles dépendent du colonel Pavel Ignatiev, arrivé à Paris en décembre 1915, où il bénéficie d’un appui important des Français.

Simultanément, l’arraché militaire russe à Berne, le général Golovan, dirige de manière autonome des agents actifs en Autriche-Hongrie et sur ses fronts principaux (Russie, Italie et Balkans).

L’examen par Fritz Stoeckli d’un dossier de 78 dépêches transmises à Petrograd entre septembre 1915 et juillet 1916, conservées dans les archives russes et qu’il a pu consulter, révèle que la moitié des informations qu’elles transmettent sont correctes, mais d’un intérêt très limité, tandis que le reste est erroné ou ne peut pas être vérifié.

Cette faiblesse, dit l’auteur, de l’espionnage russe sur le terrain, assez générale et reconnue par le commandement de l’armée impériale, n’a été corrigée que quelques mois avant l’armistice germano-russe de décembre 1917, si bien que son bilan durant la Première Guerre mondiale s’avère plutôt mitigé.

Une étude magistrale !

PÉTRONE

Espionnage russe depuis la Suisse 1914-1917 – Les dépêches du général Golovan par Fritz Stoeckli, Genève, Éditions Slatkine, collection « Études historiques », septembre 2023, 187 pp. en quadrichromie au format 16 x 24 cm sous couverture brochée en couleurs, 29 € (prix France)

TABLE DES MATIÈRES

Quelques remarques d’ordre typographique, linguistique et de dates

Copies de documents

Avant-propos

Préface

Introduction

1. L’État-major russe et l’organisation de son service de renseignement (Généralités)

1.1. L’État-major général et le quartier-général du commandant en chef

1.2. Les différents types d’organisations et de réseaux d’espionnage dès 1914

1.3. Les attachés militaires russes, leurs missions, leurs succès et leurs problèmes

1.4. Le colonel et comte Pavel Alexeievich Ignatiev, maître espion russe à Paris

1.5. Recherche de renseignements et formation des agents

1.6. La restructuration tardive et la fin de l’espionnage russe à l’Ouest

1.7 Aperçu des moyens pour l’espionnage russe depuis la Suisse (1914-1917)

2. La situation en Suisse

2.1. Situation sur le plan militaire

2.2. La section des renseignements

2.3. Le décryptage de dépêches russes et allemandes par André Langie

2.4. Le bureau du contre-espionnage suisse

2.5. Les attachés militaires russes à Berne, Dmitrii Romeiko-Gurko et Sergueï Golovan

3. Rapports de renseignements obtenus par le général Golovan entre septembre 1915 et juillet 1916

3.1. Introduction

3.2. Vue d’ensemble des 78 dépêches de Golovan (Tableau avec résumés)

3.3. Comparaison détaillée du contenu de 18 dépêches typiques avec celui des archives

3.4. Évaluation des dépêches de Golovan (septembre 1915 à juillet 1916)

3.5. Évaluation de dépêches de Pavel Ignatiev à Paris et à Petrograd (1917)

3.6. Conclusions

4. Annexes

Annexe n° 1. Chronologie 1914-1917 (Événements liés au contexte de l’ouvrage)

Annexe n° 2. Corrélation entre les séries de dépêches A et B de Golovan

Annexe n° 3. Courtes biographies de quelques acteurs importants

– Major-général Sergueï Alexandrovich Golovan

– Colonel Dmitrii Iosifovich Romeiko-Gurko

– Colonel et comte Alexeï Alexeievich Ignatiev

– Colonel et comte Pavel Akxeievich Ignatiev

– Colonel Mikhaïl Friedrikhovich von Kothen

– André Langie, docteur ès lettres et cryptologue

Bibliographie

1. Travaux

2. Ouvrages collectifs

Index des noms de personnes

Index de noms de lieux les plus cités

Index des formations et des états-majors les plus cités