« Cela porte malheur d’être superstitieux. » (Proverbe)

Docteure en littérature française et comparée, Alexandra W. Albertini est maître de conférences des Universités et directrice des études de lettres à l’Université de Corse. Administratrice de l’Institut Napoléon, elle est également l’autrice de La superstition, des origines à la critique rationaliste au XVIIsiècle.

On doit à Marie-Paule Raffaelli, docteure ès lettres de l’Université de Corse, un ouvrage intitulé Napoléon et Jésus, l’avènement d’un messie (prix Georges-Mauguin[1] de l’Académie des Sciences morales et politiques) paru en 2021 aux Éditions du Cerf à Paris.

C’est dans la même maison qu’elles publient Le chat noir de Napoléon – L’empereur et la superstition, un essai qui met en lumière le balancement, dans le chef de l’Empereur tout au long de sa vie, entre le rationalisme parisien dont on sait comment et combien il était nourri, et les croyances populaires, surtout corses, relevant de la crédulité, du surnaturel et de la pensée magique, qui ont imprégné ses jeunes années.

Elles expliquent ce flottement entre attirance et rejet par sa biographie (l’influence de sa mère persuadée qu’elle mettrait au monde le « sauveur de la Corse », la naissance de ce fils un 15 août, jour de fête de l’Assomption, un fils qui, craignant le « mauvais œil », se plaça bientôt « sous la protection de talismans, amulettes et autres scapulaires » – comme un scarabée d’or reçu en Égypte –, un homme qui croyait dur comme fer à sa bonne étoile et à son grand destin voulu par la Providence divine), par ses lectures de jeunesse et par sa foi religieuse marquée du sceau particulier des moines franciscains et des frères mineurs capucins de son île natale.

Sans omettre pour autant de rappeler son recours simultané aux lumières de la raison triomphante pour mener ses troupes, gouverner son empire, régenter l’Église et faire progresser la science.

Analysant les écrits et les paroles de Napoléon, ses œuvres de jeunesse, le vocabulaire dont il usa dans son immense correspondance, ses propos rapportés par Las Cases dans Le Mémorial de Sainte-Hélène, l’influence de son entourage maçonnique, son instrumentalisation politique et militaire de la musique durant son règne, mais aussi les flèches de ses adversaires, Alexandra Albertini et Marie-Paule Raffaelli brossent un portrait original et remarquable de l’Ajaccien qui se lança à la conquête de la France puis de l’Europe.

PÉTRONE

Le chat noir de Napoléon – L’empereur et la superstition par Alexandra Albertini & Marie-Paule Raffaelli, préface de Jacques-Olivier Boudon, Paris, Éditions du Cerf, septembre 2025, 328 pp. en noir et blanc au format 15,5 x 24 cm sous couverture brochée en couleurs, 22,90 € (prix France)


[1] « En 1946 paraissait à Rodez chez l’éditeur Carrère un ouvrage de Georges Mauguin, Napoléon et la superstition, sous-titré Anecdotes et curiosités. Georges Mauguin a depuis donné son nom à un prix décerné par l’Académie des Sciences morales et politiques à un ouvrage relevant de l’histoire napoléonienne. » (Jacques-Olivier Boudon, professeur à Sorbonne-Université, Président de l’Institut Napoléon, dans sa préface de Le chat noir de Napoléon.

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Date de publication
mercredi 17 septembre 2025
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