Émilie Lanez est grand reporter au magazine L’Express après être passée par les rédactions de Paris Match et du Point. Elle est l’autrice de plusieurs ouvrages, seule ou en collaboration : Même les politiques ont un père (2015), Addict (avec Marie de Noailles, 2016), La Garçonnière de la République (2017), Souviens-toi de nos enfants (avec Samuel Sandler, 2018), Noël à Chambord (2019).
Elle publie chez Grasset une enquête-choc, Folcoche, dans laquelle elle démasque un « meurtrier littéraire » à la carrière prestigieuse (lauréat du grand prix de littérature de Monaco en 1950, membre de l’académie Goncourt en 1960, académie dont il deviendra président en 1973 et pendant plus de vingt ans, prix Lénine pour la paix en 1980, Grand-officier de la Légion d’honneur en 1994), un « grand seigneur des lettres parisiennes » coupable de l’un des pires crimes à nos yeux, à savoir un matricide, commis de surcroît par « un mystificateur amputé de sentiments » dont les exactions de plume ont fait le succès et la fortune.
Il s’agit de Jean Hervé-Bazin, alias Hervé Bazin, né le 17 avril 1911 à Angers où il est mort le 17 février 1996, un écrivain français connu en particulier pour son premier roman, Vipère au poing (1948), qu’il présenta comme autobiographique et dont Émilie Lanez, preuves à l’appui, démontre qu’il ne l’était pas, un ouvrage qui figure au programme des classes du collège en France.
Quatrième de couverture :
« Tout le monde a lu Vipère au Poing, premier roman d’Hervé Bazin. Chacun se souvient du récit poignant de son enfance martyre sous la férule de sa mère, la méchante Folcoche[1].
Depuis 1948, le livre est conseillé par les enseignants, lu par des générations de collégiens : il s’est vendu à plus de cinq millions d’exemplaires, a été adapté deux fois au cinéma et vendu dans le monde entier. Roman d’apprentissage, cri de douleur d’un adolescent mal aimé, il a trouvé sa place dans notre patrimoine littéraire et dans notre imaginaire collectif. On lit Vipère au poing pour aller vers l’âge adulte. Et c’est ainsi qu’il a permis à son auteur, Hervé Bazin, de briller sur le monde des lettres jusqu’à devenir le président de l’académie Goncourt.
Voici pour la légende.
Car tout est faux. Tout. Intriguée par cette mère haïe de tous et comme un contre-modèle à l’adolescence en crise, Emilie Lanez a enquêté : exhumant les archives policières et les correspondances familiales, retrouvant des témoins de l’époque, elle nous livre une autre histoire, un contre-récit vertigineux qui est l’histoire d’un féminicide littéraire.
Avant d’être un écrivain célèbre, l’auteur de Vipère au Poing fut un adolescent, puis un jeune adulte menteur, qui fugue, vole sans discontinuer, escroque, menace… Poursuivi par la police, condamné par les tribunaux, privé de ses droits, il est interné en psychiatrie plusieurs fois et condamné à des années de prison.
Sa famille, notables de province, panique. Surtout sa mère, Paule Hervé-Bazin. Avec maladresse, et rudesse, elle tente tout pour sauver son fils. Qui va la condamner au silence en faisant d’elle un monstre de papier : Folcoche.
À travers l’exploration des archives, Emilie Lanez révèle une famille dévastée par la littérature et comme figée pour l’éternité. Avec ses secrets, ses mensonges, son talent, ses hivers à la centrale de Clairvaux, puis sa gloire éclatante, Hervé Bazin est un personnage de roman fascinant. »
Et un pur salaud, selon la terminologie sartrienne[2]…
PÉTRONE
Folcoche par Émilie Lanez, Paris, Éditions Grasset octobre 2025, 187 pp. en noir et blanc au format 12 x 18,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 19 € (prix France)
[1] « Folle » et « cochonne ».
[2] Chez le philosophe Jean-Paul Sartre (1905-1980), le « salaud » représente une personne qui se ment à elle-même pour échapper à la responsabilité de sa liberté et de ses choix en se cachant derrière des excuses et des justifications. (https://www.bing.com/search?pglt=931&q=Sartre+salauds&cvid=0fd01877559f4540af582afde40342a3&gs_lcrp=EgRlZGdlKgYIABBFGDkyBggAEEUYOdIBCDQ3ODNqMGoxqAIIsAIB&FORM=ANNTA1&PC=ASTS