Matraquage poétique

Parue chez Cadastre8Zéro Éditeur, une petite maison  dynamique sise en Picardie, la traduction française de divers textes en arabe du poète marocain Mohammed Bennis (né à Fès en 1948), rassemblés sous le titre de Feuille de la splendeur, s’avère remarquable à bien des égards.

D’abord parce que l’objet livresque est beau : une couverture joliment ornée, du papier de qualité et une typographie impeccable relevant de la gageure : la moitié du livre est en arabe, la traduction française figure en vis-à-vis et elle respecte scrupuleusement la présentation du texte d’origine.

Ensuite parce que son contenu est somptueux : un chant d’amour de la terre natale, une évocation multiple de la vie qui va, avec ses bonheurs épars dans l’océan du temps qui passe et de la modernité qui efface la mémoire, les racines et la culture, mais pas l’espérance des lendemains ensoleillés.

Enfin parce que sa réalisation est splendide, elle aussi : elle a réuni, autour du traducteur Bernard Noël, des élèves français issus de l’immigration arabophone qui l’ont épaulé dans son travail de version, ce qui leur a permis de valoriser un savoir bien souvent ignoré ou malmené en Europe, tout en découvrant les ressorts de la poésie et en acquérant la fierté nécessaire à leur intégration dans la société française.

La poésie plutôt que les CRS, en quelque sorte… Une bonne idée, non ?[1]

PÉTRONE

Feuille de la splendeur par Mohammed Bennis, Abbeville, Cadastre8Zéro Éditeur, collection « Donc », octobre 2010, 199 pp. en noir et blanc au format 14 x 18 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 12 € (prix France)


[1] Un ouvrage hispanophone a également paru dans les mêmes conditions, avec le même projet et chez le même éditeur : il réunit, sous le titre Racines d’ombres, des textes élégants de la poétesse espagnole Olvido Garcia Valdes née à Santianes de Pravia en 1950.

Date de publication
dimanche 20 février 2011
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