« Un bout de lumière qui finit dans la nuit »

La nouvelle édition, complétée et mise à jour, de Louis-Ferdinand Céline en verve, un recueil de bons mots, de propos tranchants et d’aphorismes dérangeants de l’auteur du Voyage au bout de la nuit, détone joyeusement avec notre époque si politiquement correcte et, partant, si casse-burnes.

Ce joyeux petit ouvrage, composé par David Alliot et paru aux Éditions Horay à Paris, enfile de véritables perles de sagesse, formulées à l’emporte-pièce certes, mais qui n’en méritent pas moins d’être méditées dans bien des cénacles artistiques, littéraires et journalistiques, tant leur actualité est criante et transférable à nos contemporains.

Des exemples ?

« Faire dans sa culotte, voyez-vous, c’est le commencement du génie » conviendrait parfaitement pour Madonna ou Johnny Halliday, non ?

« Il y a deux personnages bien ridicules, c’est le jeune homme pudibond et le vieillard libertin » parle d’or de Nicolas Hulot et de Silvio Berlusconi.

« La gloire militaire, c’est le maquerotage des morts » s’adresse à l’évidence au ministre belge de la Défense, Pieter De Crem.

« Retenez que la politique est une immonde charognerie et que seules les charognes peuvent en prospérer » est une mise en garde pour les électeurs.

« Merci ! Je pense des miens [les Français] ce qu’en ont pensé au supplice Vercingétorix et Jeanne d’Arc ! De belles saloperies ! » est un petit rappel pour Marine Le Pen.

« Les femmes, c’est toujours pressé. Ça pousse sur n’importe quoi… (…) C’est tout à fait comme les fleurs… Aux plus belles le plus puant fumier… » évoque la carrière et la vie de Brigitte Bardot. (Vous savez bien : la mémère/mégère dont le cœur saigne pour les chiens-chiens et les chats-chats mais qui prône sans sourciller l’euthanasie des enfants handicapés : « À chaque vertu sa littérature immonde », pas vrai ?)

« L’amour, c’est l’infini mis à la portée des caniches », et voilà les prêtres catholiques et déviants rhabillés pour l’hiver, tout comme au passage les stylistes littéraires : « Proust explique beaucoup pour mon goût – 300 pages pour nous faire comprendre que Tutur encule Tatave c’est trop »…

Quant à « Rien à faire avec les éditeurs. Ce sont des commerçants. C’est tout dire. Leur devoir est de nous tondre à rien. Les journalistes de nous couvrir de merde », ce sont deux pierres noires dans notre petit jardin à nous…

Allons, allons, Ferdinand, qu’allez-vous penser là !

PÉTRONE

Louis-Ferdinand Céline en verve par David Alliot, Paris, Éditions Horay, mars 2011, 120 pp. en noir et blanc au format 10,5 x 18 cm sous couverture brochée en couleurs, 7,50 € (prix France)

Date de publication
samedi 26 mars 2011
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