« Un fond de santé gauloise » (Robert Poulet)

La compilation intitulée D’un Céline l’autre, établie et présentée par le célinomane David Alliot et préfacée par François Gibault, avocat et homme de confiance de Mme Lucette Destouches, veuve de l’écrivain, auteur d’une monumentale biographie en trois volumes de l’auteur du Voyage au bout de la nuit, rassemble, outre une Vie de Louis-Ferdinand Céline par David Alliot, 200 témoignages divers (correspondances, journaux intimes, mémoires, coupures de presse, documents administratifs…) jalonnant la vie de l’écrivain Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), en provenance de sa famille, d’amis intimes, d’admirateurs ou d’adversaires, depuis sa jeunesse passage Choiseul dans le quartier de l’Opéra à Paris jusqu’à sa mort à Meudon dans les Hauts-de-Seine.

On y retrouve toutes les facettes de l’homme, écolier d’abord, cuirassier à Rambouillet ensuite, en 1912, puis médaillé militaire en 1914, au consulat français de Londres en 1915, au Cameroun en 1916, à la fondation Rockefeller en 1918, étudiant en médecine en 1920, docteur en 1924, en Afrique et en Amérique pour l’Institut d’hygiène de la SDN entre1924 et 1927, à Clichy de 1927 à 1937, à Prague en 1933, à Leningrad en 1936, au dispensaire de Bezons de 1940 à1944 en même temps que collaborationniste à Paris, à Baden-Baden et à Sigmaringen, détenu puis exilé au Danemark de1945 à 1951, amnistié cette année-là et de retour à Meudon jusqu’à sa mort.

Et de l’écrivain, bien entendu, auteur de La Vie et l’Œuvre de Philippe Ignace Semmelweis, du Voyage, d’un Hommage à Émile Zola, de Mort à crédit, de Guignol’s band, de Féerie pour une autre fois, de Casse-pipe, de trois pamphlets violemment antisémites (Bagatelles pour un massacre, L’École des cadavres, Les Beaux Draps), de D’un château l’autre, Le Pont de Londres et Rigodon

On y croise une multitude de témoins, célèbres ou pas, parmi lesquels Mme Pioche du passage Choiseul, le directeur pour l’Afrique équatoriale de la Compagnie forestière Shangha-Oubangui, les écrivains Marcel Aymé, René Barjavel, Emmanuel Berl, William Burroughs, Madeleine Chapsal, Lucien Descaves, Roland Dorgelès, André Gide, Jacques Izoard, Max Jacob, Marcel Jouhandeau, Paul Léautaud, Christian Millau, Marc-Édouard Nabe, Robert Poulet (dont il est dit qu’il fut « partisan de Léon Degrelle », ce qui est inexact), Lucien Rebatet, Tristan Tzara, Roger Vailland, les éditeurs Robert Denoël, Bernard Steele et Gaston Gallimard, le peintre Gen Paul, les actrices Arletty et Judith Magre, l’homme d’affaires Pierre Bergé ou le président de l’Association des amis de Céline, le Belge Marc Laudelout…

Chaque témoignage est introduit par une notice biographique du témoin, une description de l’origine du texte et un rappel du contexte dans lequel il a été écrit.

Si un tiers de ces témoignages était connu du grand public, un deuxième tiers ne lui était pas accessible jusqu’ici et le dernier tiers est totalement inédit. En effet, tantôt les témoignages ont été recueillis par l’auteur auprès des derniers témoins encore en vie, tantôt ils ont été découverts dans des archives encore inexplorées.

Enfin, différentes annexes (chronologie, bibliographie et deux cartes) viennent compléter cet ouvrage bienvenu pour commémorer les dix lustres de la mort de l’écrivain maudit le plus illustre du XXe siècle.

PÉTRONE

D’un Céline l’autre, édition établie et présentée par David Alliot, préface de François Gibault, Paris, Éditions Robert Laffont, collection « Bouquins », mars 2011, 1184 pp. en noir et blanc au format 13,5 x 19,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 30 € (prix France)

Date de publication
mercredi 27 avril 2011
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