Quand les coupes débordaient de vin empoisonné…

Dans Courir pour Hitler paru aux Éditions Luc Pire à Liège, un remarquable essai très documenté et riche de nombreux similis peu connus, le journaliste spécialisé Alain van den Abeele décrit avec un beau brio les tenants et les aboutissants des compétitions qui virent s’affronter les marques d’automobiles et les pilotes de course du IIIe Reich et de l’Italie fasciste entre 1925 et 1940.

Si l’histoire qu’il narre, celle de l’« ère des Titans » et des « Flèches d’argent », prend parfois des allures d’épopée – on y croise à chaque page des as du volant comme Tazio Nuvolari, Achille Varzi, Luigi Fagioli, Rudi Caracciola, Herman Lang, Hans Stuck ou Berndt Rosemeyer, des ingénieurs qui s’appellent Ferdinand Porsche ou Enzo Ferrari et des marques prestigieuses comme Alfa Romeo, Maserati, Bugatti, BMW, Auto Union ou Mercedes, ces deux dernières ayant produit des bolides plus rapides que les F1 actuelles sur certains circuits –, elle ne s’inscrit pas moins dans un contexte aux remugles nauséabonds : la montée des totalitarismes de droite et leur volonté d’abattre le système parlementaire, l’instauration de leurs dictatures, leurs prétentions ridicules à créer un homme nouveau voire un surhomme, leur propagande omniprésente et mensongère, leurs préparatifs sournois de la guerre, de l’univers concentrationnaire et de la shoah, un contexte qu’Alain van den Abeele ressuscite très habilement dans le cours de son récit.

On y découvre aussi les compromissions, les palinodies et la veulerie de grandes entreprises « démocratiques » à l’instar de Ford ou de General Motors, pour qui et quoi qu’il puisse arriver, le profit n’avait pas d’odeur…

Nihil novi sub sole, pourrait s’en féliciter le Goering latiniste de Flandre…

PÉTRONE

Courir pour Hitler par Alain van den Abeele, Liège, Éditions Luc Pire, mai 2011, 221 pp. en noir et blanc au format 14 x 21,5 cm sous couverture brochée en quadrichromie, 24 €

Date de publication
mercredi 3 août 2011
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