Noms d’oiseaux (de proie)

Pour avoir rassemblé, dans le délicieux Petit dictionnaire des injures politiques paru sous sa direction chez L’Éditeur à Paris, la fine fleur des vacheries proférées depuis la naissance de la République jusqu’à nos jours par un grand nombre de membres – plus ou moins – éminents de la gent politique française à l’encontre de leurs adversaires, Bruno Fuligni et son équipe [1] ont bien mérité de la patrie des droits de l’homme, dans laquelle celui de l’ouvrir n’a jamais été le moindre.

On rencontre donc, dans cette joyeuse compilation de traits sauvages et de flèches du Parthe, des insulteurs pas toujours célèbres et des insultés bien connus de tous qui en font voir de toutes les couleurs : tribuns de la Révolution française, anarchistes, francs-maçons, radicaux, gaullistes, centristes, communistes, socialistes, nationalistes, cagoulards, collaborateurs, résistants ou humoristes engagés… tout un peuple innombrable de crocodiles s’affrontant dans le marigot parlementaire et ses relais de la presse d’opinion à coups de phrases assassines et de bons mots ravageurs, pour le plus grand plaisir du lecteur ébaubi.

Florilège :

« Monsieur de Mirabeau est l’homme du monde qui ressemble le plus à sa réputation : il est affreux » (Rivarol) ; « Quand on cesse de parler de lui, monsieur de Chateaubriand croit qu’il devient sourd » (Talleyrand) ; « Pour cet ancien évêque (Talleyrand), les vases les plus sacrés étaient les pots-de-vin » (Dalberg) ; « Jack Lang, la Cicciolina de la culture et de la communication… » (Le Figaro) ; « La présidentielle, Hollande y pense en nous rasant » (Guillaume Bachelay) ; « Bernard Kouchner, un tiers-mondiste deux tiers mondain » (Xavier Emmanuelli) ; « Cela pourrait faire un film dont le titre serait Mamère Noël est une ordure » (Michel Charasse) ; « François Fillon, c’est un pitbull avec une tête de Snoopy » (Yves Jégo) ; « Rachida Dati va participer à l’émission de Michel Drucker “Vivement dimanche”… Vivement lundi ! » (Bruno Roger-Petit) ; « Je préfère dire : “Voici mon projet” que “mon projet, c’est Voici” (Laurent Fabius, à propos de Ségolène Royal) ; « Borloo, ça s’écrit B-O-R-L et double zéro » (François Bayrou) ; « Que Dominique Strauss-Kahn demeure au FMI pour nuire à tout le monde, et pas seulement à nous ! » (Jean-Luc Mélenchon) ; « Si Bush et Thatcher avaient eu un enfant, ils l’auraient appelé Sarkozy… » (Robert Hue)…

Un vrai casse-pipe à la Louis-Ferdinand Céline !

PÉTRONE

Petit dictionnaire des injures politiques sous la direction de Bruno Fuligni, Paris, L’Éditeur, novembre 2011, 511 pp. en noir et blanc au format 11 x 19 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 19 € (prix France)


[1] Elle se compose d’Éric Anceau,  Christophe Bellon, Gilles Candar, Jean Garrigues, Gilles Heuré, Sabine Jansen, Jacqueline Lalouette, Bernard Le Drezen, Yves Marek, Jean-Jacques Marie, Frédéric Pagès, Jean Ruhlmann, Mohamed Sadoun, Éric Schell, Nathalie Segaunes, Rémi Soulié, Marieke Stein et Samuël Tomei.

Date de publication
vendredi 16 décembre 2011
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