Bonum vinum laetificat cor hominis…

Célébrant Le vin en cent poèmes, dans un fort joli ouvrage paru aux Éditions Omnibus à Paris, Julia Hung mêle les textes inspirés aux belles images en couleurs pour chanter les louanges du breuvage que les dieux, si on en croit les Anciens, ont réservé aux hommes et que le philosophe Gaston Bachelard a décrit comme « un corps vivant où se tiennent en équilibre les « esprits » les plus divers, les esprits volants et les esprits pondérés, conjonction d’un ciel et d’un terroir ».

Si pour beaucoup d’auteurs l’ivresse est un sortilège libérateur, ainsi que l’ont écrit Aristide Bruant, lord Byron, Gustave Flaubert, Horace, Victor Hugo, Omar Khayyâm, Tchang Kien, Jean de La Fontaine, Li Po, Thomas Moore, Abû Nuwâs, Jacques Prévert, Paul Valéry, Paul Verlaine, François Villon, William Butler Yeats et même l’Ancien Testament (dans L’Ecclésiaste II, 3-4), d’autres ont en outre loué les bienfaits du jus de la treille, comme Guillaume Apollinaire, François Coppée, Robert Desnos, saint Jean (hé oui, dans son évangile, XV, 1-7), Molière, Gérard de Nerval, Pablo Neruda, François Rabelais, Pierre de Ronsard et William Shakespeare, tandis que certains mettaient en exergue le rôle de la terre et le travail de l’homme, à l’instar d’Anacréon, de Gabrielle Colette, Gaston Couté, Alphonse Daudet, Joachim du Bellay, Alphonse de Lamartine et Jean Richepin.

Mais, rappelle Julia Hung, si le vin « est synonyme de gaieté et de convivialité, c’est un ami qui peut se révéler traître »… Et de citer la terrible phrase de Charles Baudelaire : « Le vin est semblable à l’homme : on ne saura jamais jusqu’à quel point on peut l’estimer et le mépriser, l’aimer et le haïr, ni de combien d’actions sublimes ou de forfaits monstrueux il est capable ».

Un livre à savourer, donc, avec sagesse !

PÉTRONE

Le vin en cent poèmes, textes réunis et présentés par Julia Hung, Paris, Éditions Omnibus, août 2012, 216 pp. en quadrichromie au format 19,5 x 25,5 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 29 € (prix France)

Pour vous, nous avons recopié dans cette anthologie bachique les quelques lignes suivantes :

À mes amis

(Casimir Delavigne)

Fugaces…

Labuntur anni

Horace

Ô mes amis, que ce banquet m’enchante !

J’aime ces jeux, ce désordre et ces cris,

Des vins fumants la pourpre étincelante,

Ces fruits épars et ces joyeux débris.

Dans soixante ans, quand l’âge impitoyable

Fera trembler les flacons dans ma main,

Puisse Bacchus nous rassembler à table,

Et nul de nous ne manquer au festin !

Nous chanterons d’une voix moins sonore ;

Mais que Bacchus dicte nos derniers vers :

Buvons à lui, qu’un jus brûlant colore

Nos fronts pâlis par quatre-vingts hivers !

Plongeons nos sens dans une heureuse ivresse :

Le lierre, mes amis, sied bien aux cheveux blancs ;

Ses rameaux verts couvrent de leur jeunesse

Les vieux ormeaux dépouillés par les ans.

Date de publication
mardi 25 décembre 2012
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