Rideau !

Le dixième (et dernier) tome de la monumentale Correspondance de Michel de Ghelderode établie et annotée par le professeur honoraire de la KUL Roland Beyen, par ailleurs membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, vient de paraître à Bruxelles, édité par les Archives & Musée de la Littérature dans la collection « Archives du Futur » dirigée par Marc Quaghebeur et diffusée par La Renaissance du Livre à Waterloo.

Voici ce qu’en dit Roland Beyen :

« L’ouvrage couvre la période entre 1961 et 1962, c’est-à-dire les quinze derniers mois de la vie du dramaturge, qui écrit sa dernière lettre le 5 mars 1962 et meurt le 1er avril.

Pendant cette période, entouré de troublants mannequins et de choses qui l’aident à vivre, Ghelderode ne quitte plus sa « chambre à songes ». Il n’est presque plus joué en Belgique, ce qui lui inspire une série de diatribes paranoïdes contre les théâtres de son pays.

En revanche, il commence à avoir quelque succès aux États-Unis depuis la fondation en 1960 de l’association The American Friends of Michel de Ghelderode, la publication à New York d’un volume de Seven Plays et la représentation contestée d’Escurial au Gate Theatre. En 1961 s’y ajoutent quelques représentations, dans de petits théâtres, des Femmes au Tombeau, de Christophe Colomb et de deux versions différentes de Barabbas.

Ces demi-succès causent au dramaturge plus de soucis que de satisfactions. Il perd beaucoup de temps à essayer de réconcilier son ami anglais Georges Hauger, désigné en 1959 comme son « unique traducteur en langue anglaise », avec son ami Samuel Draper, le président-fondateur des American Friends qui fait tout pour obtenir l’autorisation de publier et de représenter aux États-Unis ses propres traductions et celles de ses compatriotes.

Ces disputes sont d’autant plus pénibles que la santé de Ghelderode décline rapidement, malgré le dévouement de ses trois médecins et de sa femme, et malgré l’affection de l’Américaine Renée Claire Fox, dont « la rayonnante amitié éclaire [ses] dernières années ».

Le dramaturge rédige encore quelques articles et une vingtaine de chroniques destinées au Courrier du Littoral d’Ostende, la ville mythique où il fut « toujours heureux », mais ne trouve plus la force de s’occuper des tomes VI et VII de son Théâtre chez Gallimard.

Sa plus grande joie pendant cette dernière période est l’édition en janvier 1962, dans la collection « Marabout », de Sortilèges et autres contes crépusculaires, grâce à son ami Jean Ray, qu’il considère comme un des meilleurs conteurs du monde. »

Avec cet essai complété d’un bel Index illustré des tomes I à X paru chez le même éditeur et dans la même collection, s’achève l’une des entreprises les plus remarquables de l’historiographie des lettres françaises de Belgique du XXe siècle, un travail de bénédictin mené avec patience et intelligence dans lequel on croise, sous le regard illuminé de Ghelderode, l’œuvre et le nom de bien des artistes et écrivains ayant brillé sur la scène intellectuelle. [1]

Une contribution essentielle à l’histoire de la littérature contemporaine !

PÉTRONE

Correspondance de Michel de Ghelderode 1960-1962 établie et annotée par Roland Beyen, Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, décembre 2012, collection « Archives du futur », 623 pp. en noir et blanc au format 15 x 21,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 40 € (prix Belgique)

Index illustré des tomes I à X de la Correspondance de Michel de Ghelderode établi et annoté par Roland Beyen, Bruxelles, Archives & Musée de la Littérature, décembre 2012, collection « Archives du futur », 344 pp. dont 224 en noir et blanc et 120 en couleurs au format 15 x 21,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 45 € (prix Belgique)


[1] Parmi lesquels nous avons pioché ceux de Marcel Achard, Arthur Adamov, Pierre Alechinsky, Jean Anouilh, Louis Aragon, Antonin Artaud, Albert Ayguesparse, Jacques Audiberti, André Baillon, René Barjavel, Jean-Baptiste Baronian, Jean-Louis Barrault, Samuel Beckett, Maurice Béjart, Maurice Carême, Marc Chagall, Paul Claudel, Jean Cocteau, Jacques Copeau, Fernand Crommelynck, Paul Delvaux, Pierre-Louis Flouquet, Marie Gevers, Frans Hellens, José-André Lacour, Jean Le Poulain, René Magritte, Félicien Marceau, Paul Neuhuys, Robert Poulet, Marcel Thiry, Henri Vernes, Paul Willems… et même ceux de comiques plus ou moins volontaires comme Fernandel, le mime Marceau et Jean-Paul Sartre !

Date de publication
dimanche 30 décembre 2012
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