Au pays de l’horreur quotidienne

Le texte ci-dessous a paru dans la livraison du 14 septembre 2013 de l’édition belge du magazine MARIANNE :

Le premier roman du Britannique Andrew D. Miller, Perce-neige, dont la traduction française a paru en version de poche chez 10-18 à Paris, constitue à sa façon un événement considérable dans le petit monde des portraits de mœurs contemporains mâtinés de suspense inquiétant.

Il faut dire que l’auteur a travaillé comme correspondant à Moscou pour The Economist, expérience qu’il met en musique dans son ouvrage en tout point magistral.

C’est que la description qu’il donne de la Russie de Poutine, parce qu’elle sent le vécu, donne au lecteur un froid dans le dos irrépressible au fur et à mesure que deux pièges se referment sur le narrateur, un jeune avocat anglais qui travaille dans un grand cabinet d’affaires moscovite.

Non pas tant en raison du scénario, pourtant habilement ficelé, que de la description de la société russe actuelle, où la déréliction, l’absence de scrupules et la corruption sont tels que Kinshasa, en comparaison, apparaît comme la capitale de toutes les vertus…

Et, sur ce dernier point, nous savons de quoi nous parlons !

« Grattez le Russe et vous trouverez le Tartare », assurait Joseph de Maistre à qui l’auteur donne raison.

Ah, au fait : un perce-neige, à Moscou, c’est un cadavre que l’on retrouve dans les rues au dégel…

PÉTRONE

Perce-neige par Andrew D. Miller, traduit française par Florence Bellot Paris, Éditions 10-18, février 2013, 239 pp. en noir et blanc au format 10,9 x 17,7 cm sous couverture brochée en couleurs, 7,50 € (prix France)

Date de publication
samedi 14 septembre 2013
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