Guerres et steppes…

Nicolas II et Alexandra de Russie – Une tragédie impériale

Nicolas II : coupable ou martyr ? Coupable et martyr ? Longtemps, l’histoire officielle, d’inspiration marxiste, l’a accablé, chargé de tous les crimes, accusé de toutes les erreurs. Depuis 1998, la spectaculaire révision de son rôle, de son attitude, de son influence, les drames personnels qu’il a subis, l’engrenage de la Première Guerre mondiale, nous montrent un autre souverain et un homme différent de celui qu’on présentait, dépassé par les événements, miné par la fatalité et finalement broyé par une histoire particulièrement tragique.

Dans une passionnante biographie illustrée intitulée Nicolas II et Alexandra de Russie – Une tragédie impériale (Paris, Éditions Perrin), l’historiographe français Jean des Cars, spécialiste averti et faisant autorité de la noblesse européenne et des familles régnantes [1], dresse le portrait du couple formé par Nicolas II et Alexandra Fedorovna et celui de leurs enfants : les grandes duchesses Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et le tsarévitch Alexis, qui naîtra hémophile, un calvaire pour son entourage, une menace sur la dynastie.

Écoutons-le :

« Il y a près d’un siècle, le massacre de la famille impériale de Russie, dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, a horrifié le monde. Aujourd’hui, le dernier tsar, Nicolas II, son épouse Alexandra, leurs filles, les quatre grandes-duchesses Olga, Tatiana, Maria, Anastasia, et leur fils le tsarévitch Alexis, que l’Église orthodoxe a canonisés en 2003 en raison de leur “comportement chrétien”, font l’objet d’un culte et d’une vénération populaires.

On oublie souvent que les membres du couple impérial, très amoureux, avaient vécu, dans leur jeunesse respective, des traumatismes familiaux les ayant marqués à vie. Même leur mariage, maladroitement célébré en plein deuil de la Cour après le décès prématuré d’Alexandre II, fait coïncider leur bonheur avec la lourde charge de l’Empire russe. Dans leur intimité, la tsarine vit dans la terreur des crises menaçant la vie de son petit garçon hémophile et la culpabilité d’être la responsable de sa maladie.

Dès son avènement, le nouveau tsar déçoit. Après l’autoritarisme affirmé de son père, on espérait de cet homme de 26 ans un certain libéralisme, un intérêt envers les souffrances du peuple. La déception sera grande. Nicolas II est un autocrate, fidèle à la rigueur politique d’Alexandre III, pour le meilleur et pour le pire. Le pire arrive bientôt : en 1904, la catastrophique guerre contre le Japon est suivie de la “première Révolution” de 1905 qui l’oblige à des concessionsNicolas II et Alexandra de Russie – Une tragédie impériale (photo du bal costumé)

Le 13 février 1903, au palais d’Hiver de Saint-Pétersbourg, un grandiose bal costumé commémore le bicentenaire de la fondation de la ville par Pierre le Grand. Dans leurs costumes de Cour du XVIIe siècle, le tsar et la tsarine sont méconnaissables.

Le meilleur est sa vie personnelle et familiale, n’était la santé du tsarévitch qui permettra à Raspoutine de gagner la confiance des souverains jusqu’à exercer une influence désastreuse. Au même moment, la Russie se modernise et hisse l’Empire au rang des grandes puissances mondiales. Malheureusement, le déclenchement de la guerre à l’été 1914 conduit l’Europe dans une hécatombe dont personne n’avait mesuré l’ampleur ni la durée et qui pousse le tsar à abdiquer.

Pour la famille impériale, le calvaire commence : de la résidence surveillée de Tsarskoïe Selo jusqu’au transfert en Sibérie, de Tobolsk à Ekaterinbourg, la fin des Romanov est programmée. Leur exécution sonne le glas définitif de l’Empire. Mais nul, alors, ne pouvait supposer que cette fin elle-même serait la condition de leur future réhabilitation. »

Une histoire palpitante, d’amour, de guerre, de révolution, d’injustice et de mort, comparable à celle du magnifique Docteur Jivago de Boris Pasternak et tout aussi formidablement racontée, mais bien réelle, hélas !

PÉTRONE

Nicolas II et Alexandra de Russie – Une tragédie impériale par Jean des Cars, Paris, Éditions Perrin, octobre 2015, 462 pp. en quadrichromie au format 16 x 21 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 28,40 € (prix Belgique)

[1] Journaliste et écrivain, Jean Marie de Pérusse des Cars, dit Jean des Cars, né en 1943, est l’historien des grandes dynasties européennes et de leurs plus illustres représentants. Parmi ses grands succès : Louis II de Bavière ou le Roi foudroyé, Sissi ou la Fatalité, La Saga des Romanov, La Saga des Habsbourg, La Saga des Windsor, La Saga des reines, La Saga des favorites et Le Sceptre et le sang. Ses ouvrages font l’objet de traductions, notamment en Europe centrale.

Date de publication
dimanche 3 janvier 2016
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