Il était un prince en poésie…

Nonante-neuf poèms de Maurice Carême

Mondialement connu – et à juste titre – comme poète pour les enfants, l’instituteur et écrivain belge Maurice Carême (1899-1978) n’était pourtant pas que cela.

Car si quarante-cinq recueils de ses poèmes ont été publiés, parmi lesquels le célébrissime Mère (1935, Prix triennal de poésie 1937), on lui doit aussi deux ouvrages de traduction de poètes néerlandais et flamands, dix romans et compilations de contes, deux essais et un récit de voyage.

Parmi ces quarante-cinq recueils, épinglons Nonante-neuf poèmes, une anthologie parue tout récemment aux Impressions nouvelles à Bruxelles dans la collection « Espace Nord », dont le choix éclectique rend parfaitement compte des diverses facettes de son talent caractérisé par une grande simplicité de ton.

Florilège :

LE DIAMANT ET LA LUMIÈRE

– Je ne pesais pourtant

Que mon poids de lumière,

Disait le diamant.

– Bien sûr, dit la lumière,

Mais on devient pesant,

Plus pesant que l’argent

Dans la main des marchands.

(Poèmes pour petits enfants, 1976)

 

DEPUIS LE JOUR…

Depuis le jour où tu es morte,

Nous ne nous sommes plus quittés.

Qui se doute que je te porte,

Mère, comme tu m’as porté ?

Tu rajeunis de chaque instant

Que je vieillis pour te rejoindre ;

Si je fus ton premier tourment,

Tu seras ma dernière plainte.

Déjà, c’est ton pâle sourire

Qui transparaît sous mon visage,

Et lorsque je saurai souffrir

Longtemps, comme toi, sans rien dire,

C’est que nous aurons le même âge.

(La Voix du silence, 1951)

 

SOLDATS

Un soldat de bois

Ne mange que du chocolat

Un soldat d’étain

Ne mange que du massepain

Un soldat de plomb

Ne mange que des macarons

Un soldat de fer

Que des biscuits à la cuiller

Mais le vrai soldat

Ne mange, quand la guerre est là,

Que des vers de terre

Et des fleurs de cimetière.

(Le Moulin à papier, 1973)

Et si trois écoles en Belgique et seize écoles en France portent son nom ainsi qu’une promenade sur l’île de la Cité à Paris, plus de deux mille huit cents textes de Maurice Carême qui avait été élu « Prince en poésie » au Café Procope à Paris en 1972 ont été mis en musique par Darius Milhaud, Francis Poulenc, Henri Sauguet, Jacques Chailley, Florent Schmitt ou encore Carl Orff…

Du lourd, pour un auteur aux vers aériens, non ?

PÉTRONE

Nonante-neuf poèmes par Maurice Carême, choix anthologique et postface de Rony Demaeseneer, Christian Libens et Rossano Rosi, Bruxelles, Éditions Les Impressions nouvelles, collection « Espace Nord », décembre 2017, 155 pp. en noir et blanc au format 12 x 18,5 cm sous couverture brochée en couleurs, 8 €

Date de publication
mercredi 10 janvier 2018
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